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ParcourSup du combattant
Article publié le jeudi 3 juin 2021.
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ParcourSup et ses enjeux syndicaux : un vrai parcours du combattant, tant du cĂ´tĂ© Ă©lève, professeur principal que du cotĂ© recruteur. 

Le SE-Unsa vous livre 3 points de vue : celui d'un membre du comitĂ© de pilotage, d'une professeure principale de Terminale, et d'une enseignante de BTS recrutant les futur.e.s bachelier.e.s. 

 

Fabien Gorszczyk, conseiller en orientation et enseignement supĂ©rieur Ă  l’AEFE et responsable de Parcoursup pour les Ă©lèves français qui passent le bac Ă  l’étranger et participant au comitĂ© de pilotage national de ParcourSup, rĂ©pond Ă  nos questions.

 

Quelques chiffres-clés

 

ParcourSup, c'est la quadrature du cercle : il s'agit d'essayer de loger un maximum d’élèves chaque année. Sa nouveauté par rapport à APB ? Progresser dans le nombre de choix et de possibilités puisqu'il contient l'intégralité de l’offre de l’enseignement supérieur français (en dehors des hors contrats qui n’entrent pas dans la procédure), ce qui représente 17 0000 orientations possibles.

Ajoutez Ă  cela 1,3 millions de participants Ă  la procĂ©dure (bacheliers + internationaux, rĂ©orientations possibles jusqu’à 24 ans), et vous avez un dispositif qui se rĂ©vèle, pour tous, plus stressant encore que le bac. En effet, il reprĂ©sente 10 mois d’activitĂ© pour ceux qui gèrent ParcourSup. 

Un calendrier contraint

Les dates communes rythment l'année, certaines plus angoissantes que d'autres, par exemple le 8 avril, remise des fiches-avenir pour les recommandations et la finalisation des dossiers.

En principe, les Ă©lèves font leurs voeux entre janvier et mars. En rĂ©alitĂ©, ils se mobilisent plutĂ´t sur la fin du mois de mars. 

 

A partir du 27 mai, les rĂ©sultats tombent : les Ă©lèves doivent rĂ©agir de manière quotidienne pour interagir sur les voeux.Au dĂ©but, les candidats les mieux classĂ©s vont dĂ©tenir un nombre important de propositions qu’ils vont devoir lĂ©guer Ă  d’autres Ă©lèves pour n’en conserver qu’une seule Ă  la fin du processus. 

On assiste donc, cĂ´tĂ© enseignant, Ă  des moments de tension qui s’intercalent sur d’autres moments-clĂ©s de la scolaritĂ©, tels que les conseils de classe. Ce qui suppose un travail de suivi quasi quotidien de suivi depuis leur tableau de contrĂ´le.

 

Une offre pléthorique

Les élèves peuvent formuler 7 à 10 voeux par catégorie. Parmi les voeux, certains cachent des dizaines de sous-voeux. On peut alors arriver à 120 ou 130 propositions à gérer à partir du mois de mai.

 

Côté collègue : un portail de gestion permet d'accompagner les voeux avec les Psy-EN. Mais le travail débute bien en amont : sur la phase de sélection, depuis le 8 avril, se déroule l'opération de classement des demandes.

En plus de cette procédure lourde, il existe des listes d’appels.

L'objectif de ParcourSup

La loi ORE (orientation et réussite des élèves qui instaure ParcourSup dans un cadre légal) a pour but de diminuer l’échec en licence, massif à l'université et notamment en 1re année non sélective.

 

Pour remplir cet objectif, les UniversitĂ©s ont Ă©tĂ© dotĂ©es en direction des Ă©lèves fragiles qui obtiennent un « oui, si Â», c’est-Ă -dire une proposition de licence plus longue, ou un accompagnement en mĂ©thodologie. On observe pour l’instant une meilleure rĂ©ussite de L1 vers L2, Ă  voir si cette tendance s'inscrit dans la durĂ©e.

Et côté recruteur ?

Ils ont dĂ©sormais obligation de dĂ©tailler les modalitĂ©s de recrutement des Ă©lèves. Chaque Ă©tablissement doit Ă©galement faire un procès verbal d’admission. Cela alourdit la procĂ©dure mais permet que chaque usager puisse porter un recours pour savoir pourquoi il n’a pas Ă©tĂ© classĂ© ou reconnu. 

Dans les starting blocks

ParcourSup est devenu un job qui mobilise 30% du temps de cerveau disponible pour les futurs bacheliers, poussĂ©s Ă  faire leur tri de manière très rapide pour libĂ©rer des places. 

D’un point de vue global, les très bons élèves vont truster toutes les offres de formation. Quand ils refusent, par principe de cascades, les offres vont rejaillir sur les autres.

Après une première phase qui s'achève en juin, les élèves peuvent recandidater.

Pour les plus malchanceux qui n'obtiendraient pas de proposition de ParcourSup est dĂ©clenchĂ©e la commission acadĂ©mique 

Parmi ceux qui Ă©prouvent des difficultĂ©s, on note les Ă©lèves de la voie pro ou techno qui subissent le système de quota. Par exemple, les IUT devraient recruter 50% des Ă©lèves de la voie techno....normalement. 

 

TĂ©moignage : moi, prof principale de Terminale

Christine Moine-Uiber nous offre son point de vue de PP de Terminale.

 

Il y a 4 temps du PP.

 

  • T1 (sept/janv) : elle accompagne les Ă©lèves dans leur rĂ©flexion. Le PsyEN  intervient dans la classe pour prĂ©senter filières et calendrier et invite les Ă©lèves Ă  ouvrir leur espace ParcourSup. 

 

  • 20 janvier/11 mars : saisie des voeux. Elle invite les Ă©lèves Ă  participer aux forums et portes-ouvertes. Cette annĂ©e s'est avĂ©rĂ©e compliquĂ©e car beaucoup se sont faits en visio. Habituellement, elle accompagne ses Terminales rencontrer les collègues qui sĂ©lectionnent les dossiers et accueille dans sa classe des Ă©tudiants de B.U.T (anciennement DUT) . S'ensuit un moment de tension très important au moment de la fin de saisie. En effet, la nuance entre saisie et validation peut donner lieu Ă  des confusions. Heureusement, elle peut suivre la procĂ©dure en direct grâce Ă  ses codes d’accès « gestion ParcourSup Â», une surveillance de tous les instants, stressante et chronophage.

 

  • 11 mars au 8 avril : elle engage ses Ă©lèves Ă  complĂ©ter le dossier de candidature. Les bulletins basculent automatiquement dans ParcourSup, mais il faut tout de mĂŞme  vĂ©rifier qu'ils y figurent. Les bulletins sont introuvables ? Mettre en relation l’élève avec le service de scolaritĂ© fait partie de ses missions, ce qui se rĂ©vèle ĂŞtre un travail de fourmi...qui ne s'arrĂŞte pas lĂ  ! En effet, c'est le moment de complĂ©ter les fiches-avenir. Le PP doit remplir un avis au nom du conseil de classe, cette apprĂ©ciation vient conforter le dossier. Il porte un avis sur 4 items : mĂ©thode, autonomie, investissement, engagement citoyen qui s'Ă©chelonnent de «  très satisfaisant Â»  Ă  « peu dĂ©montrĂ© Â».

 

  • Ensuite, le conseil de classe se met d'accord sur un avis concernant chaque voeu enregistrĂ© par l'Ă©lève, ce qui peut reprĂ©senter jusqueĂ  700 avis pour une classe (20 avis pour 35 Ă©lèves). Ces avis sont ensuite saisis par le PerDir.

 

  • Vient le moment pour les Ă©lèves de confirmer leurs voeux entre 11 mars et 8 avril en saisissant les lettres de motivation et les CV. Les PP peuvent corriger jusqu'Ă  4 ou 5 lettres par Ă©lève. C'est donc, une nouvelle fois, une pĂ©riode extrĂŞmement chargĂ©e, chronophage, et stressante. Si l’élève n’a pas confirmĂ©, on doit l'en avertir : il s'agit d'une grosse responsabilitĂ© sur les Ă©paules du PP qui est souvent contraint d'utliser son tĂ©lĂ©phone personnel pour le faire. 

 

  • Ă€ partir du 27 mai : les rĂ©sultats sont publiĂ©s. Il faut alors gĂ©rer le stress des Ă©lèves qui ont besoin d’être coachĂ©s, entre ceux dont les candidatures sont retenues partout, ceux qui sont retenus nulle part, et ceux qui sont sur liste d'attente. Malheureusement, tout cela tombe au moment des derniers prĂ©paratifs du Grand Oral, pĂ©riode compliquĂ©e pour tous.

En défintitive, il s'agit d'une mission très mal reconnue pour laquelle aucun temps n'est accordé puisque les 54h prévues au BO ne sont jamais données car non financées dans les DGH. Il en résulte que ces heures sont prises sur les cours. Il est par conséquent impossible de remplir ces missions correctement : finir son programme et accompagner l'élève dans son parcours d'orientation.

 

Son point de vue côté recrutement

L’arme fatale de la sélectivité : l'open data de l'enseignement supérieur qui fournit des données de recrutement de chacun des établissements.

https://data.enseignementsup-recherche.gouv.fr/pages/parcoursupdata/?disjunctive.fili

 

Ce site permet de rĂ©aliser qu’il y a 400 places pour 14 000 candidats Ă  Henry IV par exemple...

 

Le mode de recrutement peut se faire de plusieurs manières : 

  • Etude de tous les dossiers.
  • Extractions de dossiers avec critères.
  • Outil d’aide Ă  la dĂ©cision (il s'agit d’un outil complexe nĂ©cessitant un travail de paramĂ©trage prĂ©alable important en amont mais qui donne un profilage d’élève extrĂŞmement fin) 

 

Chaque établissement a ses critères de recrutement. Encore une fois, on invite les élèves à aller à la rencontre des équipes éducatives. Dans l'établissement de Christine, 70 places sont disponibles sur leur BTS NDRC (négo digitale relation client) avec plus de 2000 dossiers. Ils font le choix d’étudier tous les dossiers. Chaque enseignant met une note qualitative, une quantitative. 250 dossiers par collègue à noter en 10 jours, alors que ces mêmes enseignants font passer les CCF sur cette période. CCF le jour...ParcourSup le soir...et les week-ends !

 

Au-delĂ  de la liste principale de 100 dossiers, une liste complĂ©mentaire de 400 dossiers est montĂ©e pour doter les 70 places. En effet, entre ceux qu’ils aimeraient pouvoir recruter et ceux qui choisiront rĂ©ellement la filière, il y a un monde : les bons Ă©lèves sont pris partout. 

 

L’avis du SE-Unsa

 

Pour le SE-Unsa, la création du statut de professeur référent pourrait aboutir à une régression possible car à moyen constant, un PRE pourrait être amené à faire le travail complet de PP avec une Isoe moindre.

 

On est loin de la revalorisation attendue et demandée par les professeurs, portée par le SE-Unsa. C’est une pomme de discorde potentielle, alors que l’apaisement s’impose avec la mise en œuvre compliquée de la réforme du lycée. Le ministère tente de rassurer en précisant que rien n’oblige à adopter ce dispositif basé sur le volontariat et dont le principe devra faire l’objet d’un vote en Conseil d’administration.

 

Le SE-Unsa, avec d’autres organisations syndicales, s’est opposé à ce texte. Mais malgré un rejet massif de ce texte par le Conseil supérieur de l’Éducation, le ministère persiste et s’entête en appliquant le décret dès la rentrée 2021.

Par ailleurs, un nouveau dĂ©cret Isoe sera prĂ©sentĂ© prochainement aux organisations syndicales.

Le SE-Unsa, favorable à la création de cette nouvelle fonction, ne peut que déplorer une nouvelle occasion manquée de revaloriser l’engagement des professeurs dans le suivi individuel et collectif des élèves.

 

 
 
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