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SE-UNSA 43


 Par SE-UNSA 43
 Le  vendredi 2 octobre 2015

Collège : passage aux travaux pratiques

 

La réforme du collège est en marche.

Le recteur vient de banaliser 2 demi-journée pour que chaque enseignant puisse s'en emparer, poser les questions indispensables, lever les incompréhensions ou les contre vérités véhiculées par certains syndicats.

Nous apportons notre réflexion, notre analyse de cette réforme. Des marges sont laissées aux enseignants pour construire le collège de demain, à nous, à vous de les utiliser.

La refondation de l'école : une fusée à 3 étages

La réforme du collège s’inscrit dans la loi de refondation de l’école.

  • Le premier acte a été de remettre en place la formation des enseignants en créant les ESPE. Bon nombre de créations de postes ont été nécessaires pour cela.
  • Le deuxième acte a été la réforme de l’école primaire avec l’abrogation de la néfaste réforme Darcos de 2008 et le retour à 5 matinées de classe pour tous.
  • Le troisième acte concerne le collège et son inscription dans le socle commun de formation obligatoire pour tous les élèves. C’est en fait la mise en place du bloc de « l'école fondamentale » (école + collège) auquel fait suite le bloc « bac+3 bac-3 ».

Cette école fondamentale concerne bien tous les élèves de 6 à 16 ans (scolarité obligatoire).Il ne viendrait à l’idée de personne de mettre des options en primaire, la même logique doit s’appliquer en collège. Il y a là un retour sur les dérapages progressifs du collège depuis sa création il y a 40 ans (filières implicites, classes « MGEN »…).

Il est réaffirmé que le collège est la suite de l'école (le cycle 3 est d’ailleurs à cheval) et pas l'antichambre du lycée. Au lycée on diversifie, on spécialise, on trie. Pas au collège ni à l'école où l’on accueille tous les élèves.

Les horaires

Il y a trop d'heures au collège actuellement. 33h30 en 4ème ou 3ème avec les options (le SNES arrive même à 36h par endroit et s’en félicite !). Et c’est sans compter le travail à la maison. En évaluant à une heure le travail personnel chaque jour, les 40h hebdomadaires sont très largement dépassées. Rappelons que l'horaire de travail est de 35h pour les salariés ! Qui peut accepter que des élèves travaillent plus que des salariés ? Pas un syndicat, évidemment.

De plus, nous constatons trop d'injustice entre les collégiens : si un élève ne prend pas d'options, il n’y a rien à la place de ces heures. Pas de soutien, pas d’aide, rien. Sans se voiler la face, il faut bien avouer que jusqu’à présent au collège les bons élèves reçoivent plus au détriment des élèves en difficultés. Le système est ainsi fait et c’est bien parce qu’il est inégalitaire qu’il faut en changer.

Osons dire que si le latin est aussi important que certains le pensent, il faut en faire un enseignement comme les maths ou l'histoire pour tous et le sortir de son statut optionnel. De même, la 2nde langue est importante, elle sera généralisée à partir de la 5ème, mettant fin à la concurrence entre les établissements la proposant dès la 6ème et les autres en 4ème.

La réforme met tout le monde à égalité en terme d’horaires : 26h par semaine de la 6ème à la 3ème tout compris. De la même façon, en primaire c’est 24h pour tous. La pause méridienne sera aussi de 1h30 comme en primaire.

Une concession est quand même faite, sous la pression de certains lobbies, pour le cycle 4 : 27 h en 5ème et 28h en 4ème et 3ème si l'enseignement du latin est mis en place.

Du côté des heures profs, l’augmentation est considérable. Pour une cohorte (6ème, 5ème, 4ème, 3ème), les marges profs permettant de faire des groupes sont de 2h actuellement par semaine. Ce nombre passera à 11h en 2016 et à 12h en 2017. C’est six fois plus d’heures pour travailler en groupes réduits ou en co-intervention (3h par classe). Contrairement à ce que disent certains, les moyens sont-là.

Mêmes horaires pour tous mais pas forcément même contenu :

23 + 3 en 6ème, 22 + 4 pour cycle 4 (5ème, 4ème, 3ème).

En 6ème, ce sont donc 23h de cours communs et 3h d’aide personnalisée pour tous. Chaque matière peut être concernée par ces heures d’aide qui permettent de différencier, de s’adapter aux possibilités et aux difficultés des élèves. Chaque enseignant pourra approfondir et aller plus loin pour ceux qui peuvent (groupe de niveau) mais aussi soutenir ceux qui peinent (possibilités tutorat). On ne freine pas les "bons" élèves et on consacre enfin du temps pour ceux qui sont en difficulté. Ces heures d’aide personnalisée peuvent se faire en groupe restreint.

Dans le cycle 4, ce sont 22h communes et 4 h pour l’aide personnalisée et les enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI). Nous dirons ici 2h d’aide et 2 h d’EPI pour faire simple même si d’autres répartitions sont possibles.

Les 2h d’aide s’organisent comme décrit ci-dessus pour la classe de 6ème.

Les 2h d’EPI servent à mettre en place des projets mêlant plusieurs disciplines et permettant de mettre du concret dans les apprentissages, de valoriser d'autres savoirs, d'autres manières d'apprendre. Il s’agit de rapprocher ceux qui théorisent la pratique de ceux qui pratiquent la théorie. Bref de varier les approches pour toucher le plus d'élèves. Dans les EPI, chaque prof enseigne sa matière mais en s'appuyant sur du concret, du quotidien, de la vraie vie.

Ce sont bien des heures de cours contrairement à ce que certains imaginent. Le contenu disciplinaire est appliqué à un projet interdisciplinaire. Les thématiques des EPI sont nationales.

Organiser les EPI : la galère ?

Nous constatons et nous comprenons tout à fait que les heures d’EPI seront compliquées à mettre en place dans un emploi du temps hebdomadaire.

Une solution peut être de grouper les heures sur une semaine (ou demi-semaine), la circulaire d’application le permet. Par exemple, 2h/semaine sur 7 semaines = 2 jours entiers en fin de période où on fait des EPI. Ou bien une semaine à l’intérieur de chaque trimestre.

Les autres semaines, on a un enseignement habituel (avec de l'aide personnalisée qui elle doit rester régulière pour être efficace).

Cette organisation permet aussi d'ajuster en fonction des mutations de profs : elle laisse du temps à la rentrée pour construire les projets avec les profs vraiment là.

Du temps pour se former, pour construire le futur collège.

Sur l’académie de Clermont-Ferrand, le recteur a décidé de banaliser deux matinées (le 14 octobre et 14 décembre) pour former les enseignants à cette réforme. Cela permettra à chacun de poser des questions, de lever des incompréhensions mais aussi de réfléchir pour proposer des organisations et construire des emplois du temps possibles.

Du temps est dégagé pour ce travail, à vous de le saisir.