On parle d’eux à trois occasions dans une année : le rapport de l’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre, la fin de la trêve hivernale et les passoires thermiques où l’habitat remplace l’habitant, où l’écologie recouvre le social.
Je veux parler des locataires précaires, propriétaires de rien, ni même de leur avenir. Je n’oublie pas ceux, et ils sont nombreux dans notre pays, qui n’ont pas de toit sous lequel vivre.
Alors que nous ne connaissons pas la personne qui occupera le poste de ministre du logement, je défends l’idée que nous devons placer au cœur de la politique du logement les locataires précaires.
Une adresse stable et un logement digne assurent aux salariés et aux travailleurs un chemin de progrès social.
Un chiffre résume à lui seul le degré exorbitant de concentration du patrimoine immobilier auquel notre pays s’est depuis trop longtemps accoutumé.
Précisément, 50% des logements en location sont détenus par des ménages propriétaires d’au moins 5 logements. Ces multi-propriétaires représentent seulement 3,5% des ménages français.
À l’opposé, survit une France silencieuse de petits locataires, précaires et contraints, frappés chaque année par l’indice de révision des loyers (IRL). En 2022, il s'établit à 2,48%, un record en quinze ans dans notre pays.
Il ne s’agit pas d’opposer la France des locataires à une France des propriétaires pour partie lourdement endettés, mais plutôt de partir du vécu de ceux qui ont toujours constitué l’horizon du syndicalisme : les plus démunis.
En matière de logement, ceux-ci souffrent d’un mal qui leur est propre : le sentiment d’une vie vécue passée à payer le loyer, sans « maison à soi », sans patrimoine à transmettre.
A l’heure où défis sociaux, climatiques et technologiques se percutent, le logement doit cesser d’être considéré comme le détail gênant des politiques publiques.
Il constitue au contraire un secteur-clé dans la réponse aux deux défis les plus pressants de notre temps : décarboner l’économie et rétablir la justice sociale.
De nombreuses pistes sont à l’étude. L’UNSA se tiendra prête à les élaborer et les nourrir aux côtés des acteurs, privés comme publics, décidés à sortir le logement de son immobilisme.