3ème volet de la prime REP+ : déclaration UNSA Éducation en CTMEN
Madame la Présidente,
Monsieur le Président,
Il est parfois des sentiments étranges comme celui que nous éprouvons à l’UNSA Éducation en ce moment. Ce qui aurait dû être une bonne nouvelle est source d’insatisfaction et les choix du ministère et du gouvernement viennent créer du mécontentement, vont renforcer le sentiment d’injustice, provoquer de la colère.
Les choix comme les absences de choix ont toujours leurs effets et leurs conséquences. En l’occurrence, les conséquences des arbitrages du ministère, s’il en venait à ignorer les propositions qui lui sont faites, conduiraient nécessairement à une mise en tension accrue des territoires qui n’ont besoin de rien davantage que de reconnaissance et de sérénité. La reconnaissance n’est pas un mot qu’on tourne en bouche pour se payer de mots mais qui doit prendre sens.
Cela aurait dû en effet être une bonne nouvelle que de voir enfin mise en place à la rentrée prochaine la troisième tranche de la prime REP+. C’était l’engagement du candidat Macron à l’élection présidentielle en 2017 et il n’était alors pas question de part modulable au mérite.
Certes, tous les collègues éligibles bénéficieront au minimum de 600€ nets annuels qui s’ajouteront à l’indemnité telle qu’elle existe aujourd’hui. Mais le fait d’ajouter un supplément de 160€ pour certains, 400€ pour d’autres va nécessairement créer des tensions à l’intérieur des réseaux, des départements et des académies entre ceux qui auront plus et ceux qui auront moins.
Pourtant, dès lors que l’on introduit dans le système éducatif, sur ces territoires en particulier, ce type de discrimination, quand bien même on pourrait trouver moins catastrophique que ce soit l’engagement collectif et non individuel qui soit récompensé, il n’en reste pas moins que le mal est fait.
Il est question dans la circulaire présentée ce jour de prendre en considération des critères, soi-disant objectifs, mais personne n’est dupe, l’engagement collectif n’est pas objectivable, d’autant plus que la mise en place de quotas vient empêcher, par son fait même, de s’ajuster à la réalité.
Il s’agit bien là d’un choix idéologique que de vouloir, à tout prix, introduire le mérite dans la rémunération des agents de l’Education nationale. C’est un choix idéologique, une croyance que la rémunération pourrait avoir des effets sur l’amélioration de la performance, une croyance partagée par le ministère, l’Exécutif, les conseillers de la cour des comptes. Mais les principes de management par le mérite ont, par le passé, davantage démontré leur limite que leur efficacité. C’est en particulier vrai dans le monde éducatif, mais le choix qui est fait est bien l’ignorance de cela.
Deuxième source de mécontentement, le dispositif transitoire pour l’année 2020-2021 ou comment imaginer un dispositif aussi peu convaincant qu’incohérent. On peut saluer d’avance l’exploit, le mérite des fonctionnaires du ministère qui vont essayer de défendre un dispositif aussi curieux qu’incohérent. L’année d’observation de référence débute avant le début de ladite année, s’arrête avant la fin, les personnels ayant fait l’objet d’évaluation sur la période ne seront pas nécessairement ceux qui percevront l’indemnité. Pourtant, d’autres choix étaient possibles : donner à tous une part fixe de 1000 euros, versée mensuellement à partir de septembre. Cela aurait permis, en sus, une reconnaissance des personnels tant impliqués dans la crise sanitaire, qui compte tenu des difficultés de remplacement n’ont pu bénéficier des journées de décharges d’enseignement auxquelles ils avaient droit. C’est cette option que défend l’UNSA Éducation. Mais non, ce n’est pas un dispositif de ce type, qui fasse consensus, qui semble devoir être retenu.
Enfin, last but not least : peut-on taire la question de la rupture d’égalité entre les agents publics ? Non pour l’UNSA Éducation ce n’est pas possible et cela fait partie des sujets non négociables.
Dans la circulaire présentée ce jour, le ministre écrit « l’évaluation est réalisée par école ou établissement pour tous les personnels qui y sont affectés afin d’assurer l’attribution d’un même montant pour l’ensemble des agents d’un même établissement ou d’une même école »
Mais alors pourquoi s’obstiner à exclure les personnels les plus précaires, les AESH, les APSH, les AED ? Pourquoi continuer à exclure du bénéfice les Psy EN EDO, les AS et les médecins de l’éducation nationale exerçant dans les établissements mais affectés en DSDEN, ou les infirmières dont les arrêtés de nomination incomplets ne mentionnent pas leurs écoles ?? Pourquoi ignorer les IA-IPR et les IEN enseignement technique / enseignement général qui pourtant participent au fonctionnement et au pilotage des établissements, tout comme les Conseillers pédagogiques qui concrètement accompagnent les équipes, animent une partie de la formation ?
Pour l’UNSA Éducation, l’injustice flagrante ne peut se satisfaire de réponse du type « ce n’est pas l’objet du décret ». Cela est faux car en réouvrant le décret de 2015, il n’est plus possible de justifier plus longtemps des injustices inadmissibles.
Je vous remercie de votre attention
Elisa CAPÉRAN pour l'UNSA Éducation