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Quand l’école fondamentale voulait relier le primaire et le collège
Article publié le mardi 25 avril 2023.
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Malgré une action volontariste auprès des pouvoirs publics et acteurs politiques, des années 1970 au milieu des années 1980, le Syndicat national des instituteurs (SNI) n’a pas réussi à faire déboucher son projet d’école fondamentale qui visait à relier l’école primaire et le collège. Le chercheur Ismail Ferhat, voit au travers de cette étude « un précieux exemple de la manière dont le syndicalisme enseignant réussit, ou pas, à influencer les politiques éducatives Â». Au-delà on peut aussi y retrouver tous les ferments des débats autour du collège, de sa place et de ses réformes potentielles.

Le décret dit Berthoin du 6 janvier 1959, porte à l’horizon 1967 l’obligation scolaire à 16 ans et conduit à la transformation des Cours Complémentaires en collèges d’enseignement général (CEG). Ces deux éléments, auxquels s’ajoutera avec mai 1968 une critique de l’institution scolaire, forment des éléments de déstabilisation du puissant Syndicat national des instituteurs (SNI) de la Fédération de l’Éducation Nationale (FEN). Ils conduisent les responsables syndicaux à préconiser une réponse à la fois institutionnelle et pédagogique qui prend en 1971 le titre d’école fondamentale, développant « l’idée essentielle que l’école élémentaire et l’école moyenne doivent être en fait deux éléments d’un ensemble cohérent ».

Si cette approche met du temps à s’imposer à l’interne du syndicat, elle devient par la suite une revendication portée auprès des différents ministres en charge de l’éducation ainsi qu’au sein du parti socialiste dont le SNI est proche. « De manière novatrice Â» comme le précise Ismaïl Ferhat, la promotion du projet est également menée auprès de l’opinion publique, dès son élaboration en 1973. La présentation de l’école fondamentale s’appuie sur les travaux des sciences humaines et sociales (psychologie, sociologie, sciences de l’éducation) et elle « est présentée comme une réponse à la sélection et à la reproduction sociales au sein de l’institution scolaire Â».

L’ensemble de ce déploiement ne suffira pas à faire aboutir le projet d’école fondamentale. La création du collège unique par la loi Haby de 1975, qui affirme que « le collège ne peut être annexé ni par les écoles, ni par les lycées », semble un temps mobiliser les forces d’opposition pour le projet, mais de fait, « la mise en place du collège unique entraîna une forme de non-choix quant à l’école fondamentale Â». Certes la porte n’est pas fermée, mais peu à peu le collège s’inscrit dans le « grand second degré« . Cette inscription sera confirmée par la disparition des instituteurs dans les collèges et par la suppression progressive de la bivalence des PEGC (dans les années 1980), avant d’acter la suppression de ce corps (en 1986).

Le contexte des années 1980 est défavorable au projet de l’école fondamentale ; « Ã  l’alternance électorale [de 1981] correspondait le début de la deuxième massification du second degré, qui dure jusqu’en 1995 Â». Si François Mitterrand encourage une réforme du collège, il la situe vraisemblablement dans une volonté de massification de l’accès au baccalauréat plus que dans un prolongement des missions de l’école primaire.  Le SNES, syndicat du second degré de la FEN se fait fort de défendre ce point de vue, ajoutant à la prise de distance des décideurs politiques en faveur de l’école fondamentale, un sujet renforcé de discorde interne au sein de l’appareil fédéral. La FEN reconnait fin 1985 que le projet est compromis et ne souhaite « plus forcément intervenir en sa faveur Â». La direction du SNI-PEGC, « le 31 janvier 1986, conclut à la nécessité d’abandonner ce projet éducatif Â».

 

Alors que « les discours antisyndicaux brocardent régulièrement un système scolaire qui serait paralysé par les organisations syndicales Â», pour Ismaïl Ferhat « le cas étudié dans cet article souligne au contraire leur faiblesse − presque surprenante − à peser sur les politiques et les réformes éducatives Â». Au-delà, cet épisode de plus de 15 années met en évidence le poids des conservatismes en Å“uvre au sein du système scolaire français. Entre le renforcement d’un socle commun et la généralisation d’une secondarisation du système scolaire, c’est cette seconde option qui est privilégiée depuis la IIIe République et renforcée avec les différentes réformes du collège. C’est aussi une vision pédagogique qui s’impose : celle d’une « transmission […] traditionnelle des savoirs Â», contre une approche plus positive et participative s’appuyant sur les « apports des sciences humaines et sociales Â».

Ces éléments sont toujours très présents aujourd’hui. Ils ont été en œuvre contre le projet de réforme porté par Najat Vallaud-Belkacem et son abandon par Jean-Michel Blanquer. Et ils demeurent parmi des causes essentielles qui font du collège, si ce n’est un maillon faible de notre système scolaire, pour le moins un maillon inachevé, comme l’affirme Jean-Paul Delahaye.

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Ferhat Ismail, Le syndicalisme enseignant peut-il influencer les politiques éducatives ? Le Syndicat national des instituteurs (SNI) et son projet d’« école fondamentale Â», Les Études Sociales 2022/2 (n°176) pages 195 à 213, Éditions Société d’économie et de science sociales.

 

 
 
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