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Un cycle électoral vient de s’achever, et de nombreux enseignements politiques, sociaux, démocratiques, voire constitutionnels pourront en être tirés. Pour rester sur le champ de l’éducation, nous avons voulu centrer cette déclaration, pour l’UNSA Éducation, sur la fragilité actuelle de notre système éducatif. Il faut absolument en prendre toute la mesure et réparer le lien avec les personnels et même avec l’ensemble de la communauté éducative.
Un message fort a été adressé au gouvernement et au président de la République. Des figures majeures de la majorité ont été battues dont des ministres. Par ailleurs le RN est au plus haut dans notre pays et l’abstention en particulier chez les jeunes est très forte. Pour l’UNSA Éducation, le besoin d’une société plus apaisée et la volonté d’écouter, d’être, de rassembler sont forts. En ce sens le rôle du dialogue social et la place des corps intermédiaires doivent être renforcés. Ces derniers doivent être des médiateurs sociaux.
Dans notre ministère les enjeux autour de la jeunesse et de la citoyenneté doivent aussi être pris en compte. Cette fragilité du système a de multiples causes :
Nous avons mesuré ces différentes crises dans le baromètre des métiers que nous menons chaque année, dont nous vous avons présenté les résultats de la 10ème édition, monsieur le Ministre, lors de notre première rencontre fin mai. Les résultats sont très inquiétants pour notre service public d’éducation, quand une majorité écrasante et croissante des personnels est en désaccord avec les choix politiques qui sont faits ou quand une part importante des personnels ne trouve plus de sens dans ses missions. Sur 43 000 répondant·es, seuls 22% recommanderaient leur métier à un·e jeune de leur entourage !
Cette crise multifactorielle, monsieur le Ministre, nécessite des mesures fortes pour relever notre système éducatif, abimé par ces 5 dernières années, pour redonner confiance aux personnels. Pour l’UNSA éducation, nous revendiquons un choc d’attractivité pour nos métiers. Il faut agir sur les conditions de travail dans toutes ses dimensions, avec une formation initiale et continue à la hauteur des défis professionnels, des moyens suffisants et une revalorisation importante pour TOUS les personnels qui les sécurise économiquement et les reconnaisse financièrement. Nous demandons également le Complément de Traitement Indiciaire pour les médecins et les infirmièr·es ainsi que la prime équivalente pour les assistant·es de service social. Le relevé de décisions actant la revalorisation de la filière administrative que nous avons signé doit être respecté. Et les personnels ITRF de nos ministères doivent être enfin reconnus.
Dans les mesures urgentes que nous réclamons, la problématique des bas salaires est une priorité. Les personnels de catégorie B et C doivent bénéficier de mesures spécifiques pour leur pouvoir d’achat. De même, la situation des assistant·es d’éducation, qui attendent un décret d’application pour pouvoir accéder à la transformation en CDI de leur contrat nécessite votre attention, car ce délai met en difficulté les chef·fes d’établissement qui préparent la rentrée. Et puisqu’il s’agit pour nous de déprécariser, nous soulignons la situation des Accompagnant·es d’élèves en situation de handicap dont les conditions de travail sont difficiles et dont la rémunération et le statut ne sont pas à la hauteur de l’ambition d’école inclusive que nous portons.
Vous avez annoncé des mesures d’urgence pour faire face à la situation en matière de pénurie de personnels et nous les saluons mais plus largement, c’est pour toute l’année scolaire que nous sommes inquiets : des recrutements seront indispensables en mobilisant toutes les solutions possibles pour recruter des titulaires fonctionnaires, notamment en ayant immédiatement recours aux listes complémentaires des concours, pour prolonger ou recruter des contractuels sur des contrats pluriannuels. Et ces mesures doivent d’ailleurs être opérées au plus tôt pour se faire dans de bonnes conditions.
L’une de vos premières annonces, monsieur le Ministre, concernait le lancement d’un grand débat sur l’École, en lien avec la création d’un conseil national de refondation annoncé par le Président de la République après son élection. Ce débat ne peut être utile que si les conclusions ne sont pas écrites à l’avance. Cette concertation ne peut réparer le système éducatif que s’il implique toute la communauté éducative sans mettre en porte à faux les personnels et les usagers comme cela a été fait pendant 5 ans. Il faut avoir conscience que le doute est fort sur l’ouverture de ce débat car la confiance est très affaiblie. Pour être réussi, cet exercice doit être suffisamment en phase avec les attentes des personnels, ces objectifs clairs, les conclusions ne pas être écrites à l’avance et ne pas exclure les organisations syndicales, faute d’être voué à l’échec, comme on l’a vu récemment pour la gestion de la crise sanitaire qui a provoqué un important mouvement social en janvier dernier.
Une autre annonce faite pendant la campagne de la présidentielle concernait le métier d’enseignant·e et une revalorisation liée à de nouvelles missions. Nous voulons vous alerter, monsieur le Ministre, sur cette revalorisation conditionnelle. Ce n’est pas sur cette voie qu’il faut s’engager pour rendre le métier enseignant plus attractif, nous l’avons déjà indiqué pendant le Grenelle de l’éducation de l’an dernier. Il faut d’abord reconnaître la réalité du métier aujourd’hui et la charge qui s’est accrue depuis plusieurs années.