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La fin de « la culture (commune) enseignante » ?
Article publié le jeudi 4 février 2021.
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« Si le monde enseignant a gardé tout son poids numérique dans la société française, les effectifs étant passés de 808 000 en 1990 à 866 000 en 2019, il a perdu de son homogénéité sociologique, culturelle, syndicale et politique. Les murs de la forteresse enseignante se sont lézardés et les professeurs ne constituent plus un bloc aussi cohérent que par le passé Â».

L’étude que Jérôme Fourquet conduit sur les résultats de l’enquête réalisée par l’Ifop (par questionnaire auto-administré en ligne du 10 au 17 décembre 2020 auprès d’un échantillon de 801 enseignants des premier et second degrés en France métropolitaine) pour la Fondation Jean Jaurès, débute par ce constat. Il n’est pas nouveau. Dans son ouvrage « Les mondes enseignants. Identités et clivages Â» (Paris, Presses universitaires de France, 2017), Géraldine Farges l’a déjà largement mis en évidence. Elle montre en particulier la césure qui perdure entre les enseignant.e.s du premier degré et celles et ceux du second.

De très nombreux éléments peuvent être analysés afin de comprendre, voire d’expliquer, la croissante hétérogénéité du monde enseignant. Mais puisqu’il s’agit d’interroger la culture, un regard sur les pratiques culturelles des enseignants fait sens.

Géraldine Farges interrogent les différences générationnelles. Elle montre que les jeunes enseignants pratiquent moins d’activités culturelles que leurs collègues plus âgés, pour des raisons de temps et de moyens financiers disponibles. Si elles et ils peuvent regretter de ne pas avoir davantage de pratiques culturelles relevant de « la culture légitime (théâtre, littérature classique, cinéma d’auteur, etc.) Â», ils citent également des pratiques culturelles davantage « populaires Â» (« cinéma hollywoodien, de divertissement, émissions sur des chaînes de télévision destinées au grand public, sports, etc. Â»), même si elles ou ils « les justifient souvent par la nécessité d’entretenir un lien avec leurs élèves ou par leurs vertus pédagogiques Â», comme le précise Benjamin Denecheau (https://laviedesidees.fr/Qui-sont-les-profs.html ).

La question générationnelle n’est pas la seule entrée qui justifie les évolutions des pratiques culturelles. Dans un article (« Approche de long terme des pratiques culturelles légitimes des enseignants. Stabilité dans une période de changement ? », Revue française de sociologie, vol. vol. 56, no. 2, 2015, pp. 261-300 ) Géraldine Farges rappelle que « les changements récents connus par la population enseignante conduisent à mettre en doute la robustesse de sa consommation culturelle légitime Â». Se pose ainsi la question des « héritier.e.s Â», celles et ceux dont les parents sont également enseignant.e.s, tout en reconnaissant que se limiter à « une socialisation familiale à la culture scolaire (Tavan, 2003) Â», « serait ignorer que, d’une époque à l’autre, les parents des enseignants ont pu transmettre à leurs enfants d’autres normes et valeurs culturelles, favorisant des pratiques et des goûts plus éclectiques (Peterson et Kern, 1996). Ce serait également ignorer que les groupes de pairs et les médias viennent diversifier les savoirs culturels transmis dans le cadre familial (Lahire, 2004, 2001). Ainsi, l’effet de l’origine sociale sur les pratiques culturelles des enseignants mérite-t-il d’être interrogé suivant une perspective de long terme Â».

Jérôme Fourquet ( https://jean-jaures.org/nos-productions/les-enseignants-une-population-culturellement-moins-homogene-et-electoralement-plus ) illustre pour autant une variation importante chez ces « héritier.e.s Â». Ainsi ils sont 60 % à adhérer « Ã  la Maif contre 34 % des non-héritiers, 37 % d’entre eux écoutent France Inter ou France Info le matin contre 22 % des non-héritiers et 37 % sont syndiqués contre 28 % des non-héritiers Â». Il ajoute que cette « reproduction sociale semble beaucoup plus développée dans l’élite enseignante. 39 % des agrégés sont ainsi des enfants de profs contre seulement 22 % des certifiés et 18 % des professeurs des écoles Â». Cela s’explique en partie par le fait que «le métier d’enseignant offre toujours des possibilités d’ascension sociale pour les jeunes issus des milieux populaires ou de l’immigration Â» dans le cas des certifié.e.s et de professeur.e.s des écoles, alors que la réussite à l’agrégation continue à nécessiter «l’accumulation d’un capital culturel et social plus important, ce qui semble favoriser les enfants d’enseignants mieux dotés et mieux préparés Â».

Changements de générations, différences de milieux sociaux, élévations du niveau d’études, mais aussi diversifications des recrutements sont autant de critères qui expliquent les évolutions des pratiques culturelles des enseignants et leur diversification.

 
 
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