« La tolérance progresse en France, en particulier chez les plus jeunes, et notamment grâce à un meilleur niveau d’éducation, ainsi qu’à des interactions plus nombreuses avec des camarades de différentes origines Â» affirme Vincent Tiberj dans le dernier numéro de la revue Esprit consacré aux « Jeunesses antiracistes Â».

Les études sur lesquelles s’appuie cet article mettent en évidence une hausse de la tolérance, davantage en terme de génération que d’âge. En effet, Â« plus une cohorte est née récemment, plus ses membres seront tolérants. Ainsi, entre 1999 et 2019, la cohorte née à partir de 1977 a toujours été la plus ouverte, devant la cohorte 1967-1976. À l’inverse, la cohorte la plus réticente a longtemps été celle des individus nés avant 1940. Aujourd’hui, il s’agit de la cohorte des premiers baby-boomers. Par exemple, en janvier 2016, l’indice est de 48 pour la cohorte 1940-1955, de 54 pour la cohorte 1956-1966, de 59 pour la cohorte 1967-1976 et de 62 pour la cohorte 1977 et après. Depuis, les écarts se sont tassés, mais la hiérarchie demeure globalement la même Â». Ainsi par exemple, « dans la cohorte 1940-1955, 63 % trouvent qu’il y a trop d’immigrés en France et 53 % considèrent qu’ils ne se sentent plus chez eux en France. Dans la cohorte 1977 et après, ils sont respectivement 45 % et 35 %. Et si on se focalise sur les derniers arrivés, nés dans les années 1990, les résultats sont encore plus parlants : seulement 39 % considèrent qu’il y a trop d’immigrés, 29 % ne se sentent plus chez eux Â». Cette tolérance en augmentation n’est pas liée à l’âge. Bien que vieillissant, chaque génération reste plus tolérante que la précédente.

Alors que Christiane Taubira avait subi des attaques renvoyant clairement au racisme biologique, en 2013, « les baby-boomers et leurs aînés Â» étaient 18 % à déclarer qu’il y « avait des races supérieures à d’autres, contre 7 % dans la cohorte 1977 et après. En 2019, ils sont encore 12 % à penser ainsi chez les nés avant 1955 contre 6 % chez les plus jeunes. […] On retrouve le même phénomène de l’imprégnation des normes anciennes et leur recul progressif pour la place des femmes dans la société ou l’acceptation de l’homosexualité dans le temps long, par exemple Â». Il s’agit donc davantage d’une évolution des mentalités et d’une plus grande ouverture d’esprit qui correspondent à des changements dans la société au fil des époques.

Deux éléments tendent à expliquer, en partie, cette évolution positive. L’élévation du niveau de formation tout d’abord. Les enquêtes montrent très clairement que le niveau de diplôme est en corrélation directe avec celui de tolérance. Par ailleurs, une « banalisation de la diversité Â» progresse. Si nous sommes loin du grand remplacement agité par certains, une diversité grandissante existe davantage dans la société d’aujourd’hui -moins homogène en terme d’origine- et cela la rend désormais banale et acceptable. Cette théorie du contact décrite par les sociologues met en évidence que « la xénophobie décroît dès lors qu’on vit en interaction avec la diversité Â».

Ces éléments sont rassurants. Ils ne doivent pas, pour autant, en cacher d’autres, comme de nouvelles formes de stéréotypes et d’intolérance qui peuvent parfois se développer (en particulier vis-à-vis des musulmans) ou comme l’importance du vote des jeunes pour l’extrême droite.

Des données qui militent pour prolonger et renforcer à la fois toutes les formes de mixités sociales et éducatives et les actions d’éducation à la différence, à la tolérance, à la lutte contre toutes les discriminations.

Pour prolonger la réflexion, vous pouvez consulter le numéro de la revue Esprit : https://esprit.presse.fr/tous-les-numeros/jeunesses-antiracistes/894