SECTION SE-Unsa de l'INDRE ET LOIRE - MAISON DES SYNDICATS - 18 RUE DE L'OISELET - 37550 SAINT AVERTIN
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Ce billet qui se rapporte au thĂšme âEnseigner et apprendre avec le numĂ©riqueâ est le dernier de la sĂ©rie. Il va permettre de faire des propositions au nom de lâUnsa-Ăducation dans le cadre des Ătats gĂ©nĂ©raux du numĂ©rique pour lâĂ©ducation.
Le mode dâemploi expliquant la dĂ©marche et comment vous pouvez participer est ici.
Enseigner avec le numĂ©rique, au delĂ des outils et des techniques pĂ©dagogiques, est avant tout une question de culture Ă transmettre : la coopĂ©ration, la contribution, le remix, la libertĂ© dâexpression⊠et tout ce qui fonde la cyberculture. Il sâagit donc dâacculturer lâenseignement pour prĂ©parer les Ă©lĂšves Ă se saisir des opportunitĂ©s ouvertes par le numĂ©rique en Ă©tant suffisamment compĂ©tents et aussi avertis des piĂšges Ă Ă©viter. Pour cela, au mĂȘme titre que la culture du livre, la culture numĂ©rique doit ĂȘtre omniprĂ©sente tout au long du parcours scolaire.
Le numĂ©rique doit ĂȘtre mis au service des apprentissages des Ă©lĂšves dans une rĂ©flexion globale et humaniste, via des projets et des dĂ©marches qui ont du sens. Nous rejetons les tentatives visant Ă user du numĂ©rique dans des logiques de mĂ©canisation et de standardisation des apprentissages niant la singularitĂ© de chacun, son parcours personnel, ses spĂ©cificitĂ©s et la dimension sociale des apprentissages. Le numĂ©rique ne remplace pas le travail en prĂ©sentiel mais il peut le complĂ©ter ou le supplĂ©er provisoirement en cas de situation particuliĂšre. Dans ce dernier cas, il ne saurait ĂȘtre considĂ©rĂ© comme suffisant et cette version forcĂ©ment dĂ©gradĂ©e de lâenseignement devra ĂȘtre compensĂ©e ultĂ©rieurement par lâinstitution avec des moyens adaptĂ©s.
Des logiciels peuvent ĂȘtre utiles pour entraĂźner ou Ă©valuer les Ă©lĂšves, mais nous refusons que les enseignants perdent la main sur les critĂšres de rĂ©ussite et les seuils de validation ; les algorithmes doivent ĂȘtre transparents et paramĂ©trables, le travail fourni par un Ă©lĂšve doit toujours ĂȘtre accessible Ă lâenseignant et pas seulement le rĂ©sultat final. Il est inacceptable par exemple que les Ă©valuations nationales du second degrĂ©, rĂ©alisĂ©es sur ordinateur, ne donnent aucune visibilitĂ© aux enseignants sur les exercices proposĂ©s et ce quâa pu ou non faire chaque Ă©lĂšve. Cette opacitĂ© interdit de fait toute intervention adaptĂ©e et rend inutiles ces Ă©valuations pour les Ă©lĂšves et les enseignants.
Le numĂ©rique nâest pas une baguette magique qui permet aux Ă©lĂšves de mieux apprendre mais il est Ă la fois un mode et un objet dâapprentissage que lâon ne peut Ă©carter.
Apprendre avec le numĂ©rique suppose quâInternet et les ressources numĂ©riques soient accessibles de façon fluide et permanente en classe au mĂȘme titre que les livres et les cahiers. Les Ă©lĂšves doivent pouvoir travailler quotidiennement en classe avec des outils numĂ©riques, disponibles parmi dâautres, quâils apprennent Ă utiliser accompagnĂ©s par lâenseignant et par leurs pairs. LâĂcole doit donner aux Ă©lĂšves les clĂ©s afin quâils sâapproprient le numĂ©rique pour communiquer, publier, crĂ©er, inventer, imaginer et quâils en comprennent suffisamment les fonctionnements pour ne pas les subir.
La recherche dâinformations, le tri et lâĂ©valuation de celles-ci doivent ĂȘtre travaillĂ©s tout au long de la scolaritĂ© en lien avec toutes les disciplines. Au lieu de dĂ©plorer le copier/coller il convient de travailler la collecte dâĂ©lĂ©ments, leur exploitation et la citation des sources. LâEMI est un enjeu primordial et transversal qui doit aussi ĂȘtre trĂšs prĂ©sent de la maternelle au lycĂ©e avec lâappui des professeurs documentalistes dans le second degrĂ©.
Les usages rĂ©guliers en classe permettent dâapprendre aux Ă©lĂšves Ă faire un certain nombre dâopĂ©rations indispensables : se connecter sur lâENT ou lâespace de travail en ligne utilisĂ© par lâĂ©tablissement, savoir y trouver des contenus et remettre un travail Ă distance, sâenregistrer, envoyer un message, poster sur un forum⊠DĂšs le collĂšge il faut montrer aux Ă©lĂšves comment faire tout cela, mĂȘme si câest dĂ©gradĂ©, Ă partir de leur smartphone personnel.
Les professeurs doivent avoir le souci de combattre les stĂ©rĂ©otypes de genre et encourager les filles, qui accĂšdent trop peu aux mĂ©tiers du numĂ©rique, Ă investir le numĂ©rique et Ă choisir les spĂ©cialitĂ©s qui sây rapportent au mĂȘme titre que les garçons.
Comme pour les Ă©lĂšves et pour tous les autres professionnels de notre sociĂ©tĂ©, le numĂ©rique doit ĂȘtre intĂ©grĂ© dans la formation initiale et continue de tous les enseignants. Elle doit allier des Ă©lĂ©ments culturels, techniques, pĂ©dagogiques, didactiques et Ă©thiques.
Il est essentiel dâintĂ©grer Ă cette formation la connaissance des usages numĂ©riques des jeunes via les Ă©tudes sociologiques les plus rĂ©centes. En effet, beaucoup dâenseignants pendant le confinement se sont Ă©tonnĂ©s que leurs Ă©lĂšves ne sachent pas envoyer un mail, disposent seulement dâun smartphone et pas dâun ordinateur, sachent envoyer une photo mais pas un document Ă©crit⊠et parallĂšlement ont dĂ©couvert les possibilitĂ©s dâespaces comme Discord quâils ne connaissaient pas ou mal.
Les DANE et CanopĂ© doivent ĂȘtre tout particuliĂšrement mobilisĂ©s sur les besoins en formation des enseignants concernant le numĂ©rique, en prĂ©sentiel et en distanciel avec un volet accompagnement pour que les difficultĂ©s techniques et/ou pĂ©dagogiques puissent ĂȘtre facilement et rapidement levĂ©es. Cela suppose une prĂ©sence sur les rĂ©seaux sociaux et les forums professionnels et une forte rĂ©activitĂ©.
Le numĂ©rique doit pouvoir ĂȘtre intĂ©grĂ© Ă lâenseignement de façon adaptĂ©e de la maternelle au supĂ©rieur. Les besoins sont spĂ©cifiques suivant les tranches dâĂąges, les particularitĂ©s des Ă©lĂšves accueillis, les prioritĂ©s de lâĂ©tablissement, le lieu gĂ©ographique, le type dâenseignement⊠Une Ă©cole maternelle de centre ville nâaura pas les mĂȘmes besoins quâun lycĂ©e professionnel rural. Câest pourquoi nous rĂ©insistons sur la nĂ©cessitĂ© absolue de consulter les Ă©quipes des Ă©tablissements, les Ă©lĂšves et leur familles avant dâengager des frais pour les infrastructures et les Ă©quipements. Ce nâest quâĂ cette condition quâon peut Ă©viter le gĂąchis dâargent public et ĂȘtre assurĂ© de vraiment rĂ©pondre aux besoins.
Cet article est une Ă©bauche de propositions destinĂ©es Ă ĂȘtre dĂ©posĂ©es sur la plateforme participative des Ătats gĂ©nĂ©raux du numĂ©rique au nom de lâUnsa-Ăducation. Il ne sâagit pas de mandats syndicaux mais dâune participation Ă la rĂ©flexion en cours.
Vous ĂȘtes invitĂ©s Ă rĂ©agir, commenter, complĂ©ter, tĂ©moigner en commentaire jusquâau mardi 20 octobre Ă midi, ces contributions serviront Ă amĂ©liorer nos propositions. Si vous prĂ©fĂ©rez le faire par mail câest aussi possible Ă cette adresse.
Pour aller plus loin : âRepenser la forme scolaire Ă lâheure du numĂ©rique. Vers de nouvelles maniĂšres dâapprendre et dâenseignerâ Catherine BECCHETTI-BIZOT â rapport IGEN mai 2017