Attention, cet article n'est en rien insultant ou discréditant, ou ce que voudraient me faire dire les trolls de tout poil.
Mieux, il nous faut relativiser et se préserver même professionnellement et ce n'est pas facile. Voilà le message:
Cet article n'apportera pas de solutions, les super-pouvoirs sont sur-faits.
"Alors, c'est juste un catalogue de plus?"
Un petit d'accord, qui vient du terrain avec quelques petites mises en lumières précises.

Ce qui est sûr: les exigences doivent changer.

Nous ne pouvons plus si loin des élèves avoir les mêmes réflexes qu'en face à face.
Oui mais comment être sûr qu'ils travaillent!
Un de nos collègue m'a dit: "on m'a demandé si j'avais envoyé et récupéré des devoirs".
Bien sûr que le collègue avait envoyé et reçu des devoirs mais fallait-il surcharger ses élèves?
La correction, les notes, sont-elles vraiment un but en soi en ce moment?
Même s'il faut bien préparer les élèves pour le brevet, bac et autres diplômes, on ne sait même pas à cette heure si les diplômes seront passés dans les conditions normales, en contrôle continu ou un mix inédit à chercher!

Les collègues font comme ils peuvent.

Loin des affirmations gouvernementales affirmant que l'éducation nationale est prête, la réalité est sans ambiguïté: mais bien sûr que non, on n'était pas prêt.
Alors, bien sûr, les collègues stressés se manifestent de plus en plus.
Beaucoup s'imaginent ne pas en faire assez.
Attention, il ne faut pas se détruire psychologiquement en cette période.
Nos proches sont là et ont besoin aussi de stabilité dans le confinement. Je ne parle pas forcément des enfants quand je parle du besoin de soutien on est d'accord.
Quinze jours seulement de confinement et ce n'est pas fini. Sauvegardons-nous de toute maltraitance et auto-maltraitance.

"Et les programmes! T'y penses aux programmes? "

Pas du tout, et pour une raison précise l'égalité des chances
existe-t-elle vraiment ?
Je vous propose pour illustrer cela, quelques réflexions bien factuelles de collègues :
"Oui, c'est un vrai problème.
Je reçois à l'instant un message (extrait) d'un parent dont je m’inquiétais du silence:
"Au niveau scolaire, il y a eu beaucoup de travail la semaine dernière. Aujourd'hui, l'activité est mieux répartie. Nous avons donc dû trouver une organisation. En effet, je suis en télétravail toute la semaine et nous n'avons qu'un ordinateur et pas d'imprimante pour nous 3. Mais nous avons instauré un rythme de travail qui semble bien fonctionner. Le plus difficile est de motiver les enfants à travailler et de les accompagner dans la compréhension des leçons."
ou
"En ce moment, entre la problématique liée à la quantité de documents à imprimer (et le fait que les familles n'ont peut-être pas d'imprimante)
et la problématique liée à la quantité de temps à passer devant les écrans, pour aller récupérer le travail, consulter des exerciseurs en ligne, liens vidéos, liens audio ...(et le fait que les familles n'ont peut-être pas d'ordi ou qu'un ordi pour tous)
je t'avoue ... mon cœur balance"
On pourrait aussi penser à l'absence d'internet dans le foyer et donc à l'impossibilité pour des enfants de travailler comme les autres camarades.
Il faut aussi préserver les enfants des écrans, nous rabâche-t-on.
Alors, c'est loupé ou bien les vendeurs de cartouches d'encre vont être la nouvelle bulle spéculative.

Les manuels, le handicap, une équation réelle.

"Mais attends, les manuels existent dans beaucoup de matières scolaires. Faut pas exagérer. Tout ne doit pas être imprimé."
Là encore, voici un éclairage éblouissant dans ces périodes de confinement et d'intégration des élèves en situation de handicap:
"Depuis plusieurs jours je cherche des solutions pour réduire le travail à imprimer pour mes élèves (et oui en ULIS nous n'avons pas de manuels)
et après avoir testé les questionnaires moodle et les QCM sur pronote j'ai découvert l'existence d'une application du réseau Canopé
La quizinière.
https://www.quiziniere.com
La création des exercices est très simple, on peut y mettre des vidéos images... le retour par les élèves est très simple aussi.
Les familles ne sont pas obligées de créer un compte.
Bref, je voulais partager cette info en attendant de vous voir en vrai ."
Ici, le verbe important est "découvert". Il faut parfois aux collègues devenir un explorateur de solutions, surtout quand comme pour les ULIS on peut lire dans un message officiel:
"Pour me dire que "Il est à noter que cette plateforme s'étoffe progressivement et qu'un onglet "élèves BEP" sera bientôt accessible (dans ressources pédagogiques). "
On parle ici d'une plate-forme destinée à aider les collègues dans l'enseignement à distance.
A la fin de la seconde semaine de confinement et pour les ULIS, rien n'existait sur ladite plate-forme.
"Heureusement que je ne les ai pas attendu pour me débrouiller comme je pouvais car tous les beaux conseils que l'on trouve dans les directives oublient facilement que les élèves en ULIS ne peuvent pas travailler comme un élève ordinaire..."
Vrai. Et les autres élèves intégrés, handicapés à des niveaux variés sont à prendre en compte aussi.
Et quand je parle de handicap on peut aussi aborder le handicap de la langue française pour les enfants et parents.
Mieux, les parents handicapés qui doivent aider leurs enfants non-handicapés, on peut en parler?
Quoi, je n'ai pas le droit de parler de mon cas perso, aveugle, essayant d'expliquer l'apprentissage en mathématiques des graphiques en courbes ?

Relativisons et prenons soin des nôtres.

En tout état de cause, cet article intitulé
Continuité pédagogique en collège et lycée: faire confiance aux équipes!
https://enseignants.se-unsa.org/Continuite-pedagogique-en-college-et-lycee-faire-confiance-aux-equipes
est vrai.
Mais il faut aussi préciser aux collègues qu'il faut faire avec ce qu'on a.
On n'est pas des privilégiés comme peuvent le penser la société et parfois nos responsable gouvernementaux.
Protégeons aussi nos élèves en leur donnant le temps de subir cette situation hors norme.
Protégeons-nous aussi en tant qu'humain en arrêtant de se fourvoyer dans la "bien-pensance" qui nous force à plus toujours plus, juste au cas où on nous discréditerait, on nous reprocherait de ne pas être pro en ce moment.

Enfin voici un message aux élèves:

"Bon courage et pensez aussi à faire des pauses pour vous détendre!"

Cédric