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Evaluations d’école : le SE UNSA de l’Indre s’y oppose !
Article publié le lundi 11 juillet 2022.
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Une expérimentation d’évaluation des écoles a débuté au premier trimestre 2021, après celle instaurée dans le second degré. À compter de la rentrée 2022, le ministère prévoit la généralisation de ce dispositif, à raison de 20% des écoles par an. La finalité de ces évaluations reste floue, et cela génère beaucoup d’inquiétude dans les équipes.

Le SE UNSA de l'Indre s'oppose au dispositif.

Pourquoi ces évaluations ? Quelle utilisation pourrait être faite de ses conclusions dans chaque école ? Nous ne le savons pas à ce jour. Nous n’avons même pas de retour sur l’expérimentation menée l’année dernière.

Inquiétudes et Arguments :

A la lecture du document ministèriel que vous trouverez ici, le SE UNSA de l'Indre vous livre une première analyse.

Les parents, évaluateurs du pédagogique ?
Le point d’ombre important dans le dispositif pour nous est la question de la place donnée aux familles. Si celles-ci ont certainement à se positionner sur des aspects liés à la vie de l’école (qualité des espaces, accueil des enfants…), en aucun cas elles ne doivent, pour nous , être autorisées à donner leur avis sur la pédagogie de l’enseignant de leur enfant. L’IEN est le seul interlocuteur dans ce domaine et doit le rester. On n’apprend pas à un boulanger à faire son pain, ou à un médecin à soigner ses malades. Pourquoi Enseignant deviendrait le seul métier pour lequel tout le monde est apte à donner son avis ? Pour nous, il y a ici une ligne rouge Ã  ne pas franchir.

Le SE-Unsa s'opposera à tout dispositif qui laisserait les familles, ou même la municipalité, faire de l’ingérence dans les choix pédagogiques des enseignants ou dans le fonctionnement interne de l'école.

Une usine à gaz dévoreuse de temps
La charge de travail pour les écoles qui "souhaiteraient" entrer dans le dispositif (ou désignées d'office) nous parait colossale. Le fait que les heures soient prises sur les animations pédagogiques nous parait très largement insuffisant. Par ailleurs, pour certains collègues, rien ne serait allégé puisqu’ils sont déjà dispensés de ces animations. Pour nous, il est impossible d’ajouter ce dispositif aux 108h extensibles à outrance. S'il on demande aux enseignants volontaires de travailler ensemble sur ce type de projet, pourquoi ne pas banaliser du temps scolaire comme le texte le prévoit pour les écoles de REP+ ?

Le SE-Unsa s'opposera à tout dépassement du temps légal de travail dû par chaque enseignant-e. Nous sommes comme tous les autres salariés, nous avons des devoirs, mais aussi des droits, ne l'oublions pas !

Pour information , cette évaluation d’école demande :

1. La création de la procédure liée à l’école ( choix des indicateurs, du but recherché…).
2. La rédaction du questionnaire : « Toutes les parties prenantes doivent participer à l’auto-évaluation dans tous les domaines examinés, sans cloisonnement ou spécialisation : enseignants, personnels éducatifs (AESH), personnels de la collectivité (dont les ATSEM), parents d’élèves, élèves et, le cas échéant, partenaires participant de manière importante à la vie de l’école. Concernant les élèves et leurs parents, si la participation des représentants élus ou désignés est importante pour conforter leur rôle dans la vie de l’école, des modalités de recueil de point de vue le plus exhaustif possible seront recherchées. » Cette phase implique un temps de rédaction et d’adaptation très important.
3. Création d’un comité de pilotage (directeur, personnels de l’éducation nationale et de la collectivité, élèves, parents, partenaires) qui organise si nécessaire le travail en petits groupes, par exemple par grands domaines
4. Accueil des évaluateurs externes
5. Traitement des résultats, analyse et rédaction
6. Présentation du résultat en Conseil d’école 

Autrement dit une usine à gaz...où se mêleront objectivité et délation...

Une utilisation des résultats qui laisse perplexe et inquiète
Le document ministériel énonce : « Le rapport définitif est communiqué d’une part au directeur d’école, qui le restitue au conseil d’école, d’autre part aux autorités de rattachement : autorité académique (recteur, DASEN, IEN de circonscription) et commune ou EPCI compétent. Aucune autre diffusion du rapport ne fait partie du cadre de l’évaluation. »

La communication des résultats aux communes, quand on sait parfois les relations difficiles entretenues avec les équipes, est très problématique. Parfois en RPI, les maires ne s'entendent pas. Dans ces mêmes RPI, quel-le directeur-trice endossera le chapeau pour les autres ? 

Le besoin de formation des équipes relève de l’interne et ne peut pas être lancé sur la place publique. Rappelons que dans les petites communes, conseillers municipaux et parents d’élèves se confondent souvent.

L’absence de possibilité d’évaluer les manques de l’institution qui pèsent sur nos pratiques ( manque de remplaçants, manque de personnels spécialisé…)


Notre pratique pédagogique est aussi liée aux moyens disponibles. Ainsi, lorsqu’il n’y a pas les personnels spécialisés, personnels de santé ou d’AESH nécessaires dans l’école, il est difficile d’afficher dans le projet d’école que les élèves à besoins particuliers pourront bénéficier des aides adaptées. Lorsque les locaux sont peu pratiques avec un manque de salles criant (pas de bibliothèque, de salle des maitres, de bureau pour recevoir les parents…), là aussi l’école ne dispose pas de la souplesse nécessaire. Enfin, peut on passer sous silence, le manque de remplaçants qui a obligé les classes à fermer ou imposer des répartitions parfois plusieurs semaines dans l’année ? La formation des personnels est rendue caduque.
Or, l’évaluation d’école ne permet pas d’après les IEN d’interroger ces aspects pourtants essentiels de la vie de l’école.
En l’état c’est donc un bilan tronqué, une photographie mal cadrée qui ressortira de l’évaluation.

Et si on se concentrait sur l’essentiel ?

Les écoles, les personnels et les élèves viennent de vivre deux années de crise sans précédent. Les enseignants ont dû porter à bout de bras un système à bout de souffle. Ils se sont adaptés en permanence devant les difficultés quotidiennes, les protocoles incessants, les personnels non remplacés, …
En ces temps où nous espérons retrouver un peu le chemin de la normale, les enseignants aspirent juste à exercer leur mission auprès des élèves dans la sérénité. Au lieu de cela, on veut leur imposer un protocole d’évaluation chronophage et non souhaité.

Pour nous, ces évaluations d’école arrivent bien mal, et ne sauraient être bien reçues par les équipes dans un tel contexte. 

Si nous commencions plutôt par faire le bilan de ces 5 ans, par évaluer le moral des personnels, ainsi que les carences de notre administration ? Si on s’attelait au problème de la crise du recrutement, à la rémunération des personnels ? Si on dressait un bilan des nombreuses journées d’absence non remplacées rien que sur cette année scolaire dans l'Indre (plus de 300 en mars...) ? Si on se demandait pourquoi à la rentrée 2022, le nombre de personnels contractuels augmentera encore, précarisant chaque jour un peu plus notre profession ?

En mettant ainsi le curseur sur l’évaluation des écoles, l’Etat chercherait-il à nous faire croire que les problèmes de l’Ecole publique sont uniquement de la faute des enseignants ? Une évaluation d’école qui ne prévoit aucun volet, aucune question sur le fonctionnement de notre administration en tant que telle, nous questionne réellement. Comment imaginer remplir sa mission quotidienne de manière optimale sans remplaçants, sans RASED complets, sans journées de décharge de direction (notamment pour les écoles de moins de 3 classes) ?

Les collègues doivent également pouvoir questionner les éventuels manques de ressources à leur disposition et que cela figure dans le rapport, ainsi que tout ce qui concerne la qualité du cadre de travail (locaux…)

Le SE UNSA de l'Indre refusera de faire porter le chapeau des dysfonctionnements de l'école publique aux équipes seules alors qu'elles s’engagent quotidiennement au service de la réussite des élèves.

Nous invitons les directeur-trices, contraint-es par la loi de Blanquer, de juillet 2019, Ã  nous faire remonter tous les questionnaires qui seraient reçus à destination d'acteurs extérieurs à l'équipe pédagogique.

Nous invitons tous les personnels contraints par la loi de Blanquer, de juillet 2019, à nous faire part du dépassement de leurs heures de travail.

Blanquer est parti mais sa loi est restée: laissons la devenir obsolète.  Si vous faites partie des écoles qui ont été sélectionnées pour 2022/2023, envoyez-nous un mail à 36@se-unsa.org, objet "Eval d'école".

Chaque dossier sera porté auprès de notre service juridique à Paris et fera l'objet d'un courrier auprès de la DSDEN de l'Indre.

Témoignage du secrétaire général du Syndicat des Inspecteurs de l'éducation Nationale de l'UNSA : Â«Boucler ça en cinq ans, on n’y arrivera pas, sauf si on fait du grand n’importe quoi. Si c’est pour faire de ce dispositif un pur objet technocratique, ce sera sans nous», lâche Patrick Roumagnac, secrétaire général du SI.EN-Unsa. La position de son syndicat, le premier chez les inspecteurs de l’Education nationale, est claire : il ne prendra pas part aux évaluations d’écoles."

 
 
 
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