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SE-UNSA 34


 Par SE-UNSA 34
 Le  dimanche 31 janvier 2016

Langues, équité et diversité : la quadrature du cercle ?

 

Dans le cadre de la réforme du collège, la ministre a affiché sa volonté de conjuguer deux objectifs, assurer une plus grande équité et développer la diversité linguistique. Ces deux objectifs sont-ils compatibles ? La carte des langues présentée le 22 janvier montre toute la difficulté de l’exercice. Surtout quand entre en ligne de compte un troisième facteur parfaitement légitime, la situation des enseignants concernés.

On sait que la politique de diversité linguistique depuis de nombreuses années repose sur le collège, avec son offre de LV2 et ses classes bilangues. Le peu d’appétence des familles – sauf dans des territoires frontaliers ou avec une présence importante d’une langue vivante régionale- pour d’autres langues que l’anglais et l’espagnol, et la difficulté à proposer une offre cohérente et continue d’autres langues vivantes à l’école primaire, ont conduit les recteurs et les DASEN à renoncer à proposer une offre diversifiée avant l’entrée au collège. La ministre fait le pari qu’il est possible de relancer une offre plus diversifiée en primaire, en particulier en proposant l’allemand dans 1000 écoles supplémentaires à la rentrée 2016. L’effort est à souligner mais sera-t-il soutenu dans la durée ?

Le ministère s’était engagé à maintenir les 6ème bilangues pour les élèves ayant appris une autre langue que l’anglais en primaire. Dans de nombreuses académies, les recteurs sont allés plus loin en assouplissant le critère de continuité pédagogique et en anticipant sur une possible relance de l’enseignement d’une autre langue que l’anglais en primaire. C’est particulièrement le cas pour l’allemand. Plusieurs raisons justifient les choix différenciés des recteurs : la situation géographique, les enseignants disponibles et les situations de forte concurrence entre les établissements publics et/ou privés pour les « meilleurs » élèves. Ainsi Paris maintient 100% de ses classes bilangues quand la moyenne est plutôt de 50%.

Est-ce un recul par rapport aux principes énoncés au départ ? Oui, sans doute. Néanmoins, on peut noter que les bilangues sont maintenant limitées à la classe de sixième, les élèves étudiant tous deux langues dès la classe de cinquième. Les horaires sont cadrés nationalement (6 heures pour les 2 langues). Il faut également rappeler que la circulaire de mise en œuvre de la réforme incite fortement les collèges à ne pas regrouper dans une même classe les élèves concernés. Un petit pas vers moins d’inégalités au collège ? Ce sont les communautés éducatives qui détiennent la réponse.