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SE-UNSA 34


 Par SE-UNSA 34
 Le  dimanche 29 avril 2012

Après les tirs sur l’école maternelle Jean Jaurès de Béziers

 

Après les incidents à l’école maternelle Jean Jaurès de Béziers,  l’Unsa Education 34 et le SE-Unsa 34 proposent quelques éléments de réflexion et d’analyse sur cette situation.

L’Ecole première cible des violences :

Quand un quartier voit son environnement social se dégrader, c’est top souvent l’Ecole, premier (ou dernier) service public présent dans le quartier, qui est la cible des agressions. Sans doute parce qu’elle reste le premier espace et le premier facteur d’intégration. Lorsqu’ on attaque l’Ecole, dans ces quartiers, ce sont les familles les plus fragiles, les plus défavorisées qui en souffrent les premières.

Le droit de retrait :

Le droit de retrait est parfois utilisé abusivement, suites à des violences verbales et de menaces qui peuvent être contenues. Dans le cas en cause, il en allait tout autrement ! Il s’agissait de tirs en direction d’une école. On a parlé de jouet, pour qualifier l’arme utilisée ! Jouet suffisamment dangereux pour laisser des traces d’impact sur les murs et sur les véhicules. Même si l’administration de tutelle récuse le plus souvent le droit de retrait, nous estimons qu’il était, en l’espèce, particulièrement fondé. La priorité, dans l’immédiat, consistait, avant tout enquête, à se préoccuper de la sécurité des personnes, enfants et adultes. Si la continuité du service public est une priorité, la sécurité des usagers et personnels de l’école est la première de toutes ! Qui pouvait la garantir, à la mi-journée, le jeudi 26 avril ?

La médiatisation :

Dans le contexte de l’entre deux tours de la présidentielle, la tentation de faire un coup médiatique sur la montée de la violence pouvait prendre le pas sur le devoir d’information. L’inquiétude et l’émotion sont légitimes, tant chez les familles que chez les enseignants et personnels de service. Pour autant, c’est l’analyse qui permet de comprendre, de cerner les problèmes et de dégager des solutions. Les enseignants ont évité une trop forte intrusion des médias dans les écoles. Nous les soutenons dans leur démarche. Informer est nécessaire, instrumentaliser la violence sert des buts que nous ne qualifierons pas.

La prévention :

Malgré les alertes données par les équipes enseignantes, malgré les constats dressés d’une dégradation de la sécurité dans les environnements immédiats des deux écoles du quartier, le travail de prévention n’a pas été suffisamment mené. Il est temps de mettre en œuvre les mesures nécessaires, dans le cadre légal. Les solutions type milices de quartier, maintien de l’ordre par les habitants eux-mêmes,  ne peuvent conduire qu’à une dangereuse augmentation de la violence. Ce sont  la loi, la force publique qui doivent, dans la sérénité, ramener le calme. C’est le droit républicain qui doit s’appliquer et garantir à tous la sécurité et le calme. C’est ce message qu’il convient de faire passer.

A quel niveau réagir :

A l’inverse, la banalisation, la volonté d’affecter un caractère anodin à cette affaire, en renvoyant à une gestion excessive et maladroite par les personnels, ne sont pas des attitudes acceptables. Il n’est ni normal, ni banal de tirer sur une école, pas plus que de se livrer à un caillassage contre un collège. L’Education Nationale n’aime pas faire les gros titres avec ce type d’affaires, c’est compréhensible.

Est-il cependant normal que, face à un incident relayé par les médias nationaux, l’Inspectrice de circonscription se soit retrouvée seule à porter le point de vue de l’institution, à rassurer familles et personnels ? Béziers est-il si loin de l’Inspection académique ? L’ouest Héraultais n’est pas le Far West !

Ignorer ou minorer, en l’espèce, ne sont pas de bonnes solutions. Pas plus que grossir le trait et majorer l’incident. Nous nous efforçons de l’apprécier à sa juste mesure, et de réfléchir, avec nos collègues, avec les acteurs et partenaires de l’Ecole, à tout ce qui peut éviter une récidive, voire une aggravation de tels agissements.

De l’utilité des corps intermédiaires :

Dans ce contexte, alors que certains vilipendent les corps intermédiaires qui feraient écran entre les décideurs et les personnels de terrain, les faits ont prouvé que nous pouvions  contribuer au dialogue et permettre  à tous d’échanger plutôt que de s’affronter dans un contexte critique.

Pour en sortir :

C’est notre modèle républicain qui reste la clé :

  • Prévention de terrain pour ne pas laisser un quartier à l’abandon,
  • Prévention en direction des jeunes, pour ne pas les laisser dériver dans la rupture sociale pour cause de déscolarisation,
  • Prévention de la délinquance par la présence de services d’ordre de proximité dans les quartiers, par le maintien et le développement de structures éducatives,
  • Prévention sociale, en développant des perspectives d’emplois, en contribuant à la sortie de la précarité des familles des quartiers défavorisés.

Cela passe par plus de moyens de services publics, cela passe par un renforcement de l’Etat républicain. Cela passe par un choix de société.

 Ce choix, il appartient à chacun de l’évaluer de l’apprécier et d’en tirer les conclusions pour les très prochaines échéances.

Lire la brève Unsa Education 34 ci-dessous