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Grève du 13 janvier : tĂ©moignages
Article publié le mercredi 12 janvier 2022.
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Nous avons reçu plusieurs tĂ©moignages d’enseignant.es, directeur.trices sur la gestion de la crise sanitaire Ă  l’école. Nous souhaitions vous les partager afin de vous faire vivre leur quotidien et vous montrer les raisons d’une grève justifiĂ©e. 

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Témoignage d’une directrice d’école

- 8h : Faire le lien avec le CLAE sur les Ă©lèves prĂ©sents, les Ă©lèves cas contacts, les Ă©lèves positifs au covid. Evoquer les procĂ©dures et documents exigĂ©s pour chaque Ă©lève avant son arrivĂ©e. DĂ©jĂ  quelques manquĂ©s.

- 8h20 : devant le portail, j’enfile ma tenue de vigile et contrĂ´le tous les documents : tests J0, J2, J4, attestation sur l’honneur J2, J4… Je fais dĂ©jĂ  face Ă  3 Ă©lèves qui doivent repartir chez eux. Je dois rappeler 2 parents d’élèves qui ont su se faufiler en classe et passer inaperçus lors de l’accueil. Je suis agacĂ©e, les enseignants sont agacĂ©s, les parents sont agacĂ©s. La journĂ©e n’a pas commencĂ©, le climat est dĂ©jĂ  orageux. Je ne parle pas des situations spĂ©cifiques...


- 8h30 : Ă©tat des effectifs. Demi-groupe pour plusieurs classes de l’école. Impossible pour plusieurs enseignants de mener des sĂ©ances sur de nouveaux apprentissages compte tenu du nombre d’absents. 

Le tĂ©lĂ©phone qui sonne depuis 8h continue de sonner non-stop. Pendant ce temps, je reçois des instructions contradictoires de la cellule santĂ©, de mon IEN et du directeur rĂ©fĂ©rent, informations pas toujours en accord avec les annonces tĂ©lĂ©visĂ©es. 

- 10h : toujours de la gestion covid. Je dois encore m’occuper de plusieurs Ă©lèves retardataires ou avec des situations spĂ©cifiques. Un Ă©lève attend le rĂ©sultat de son test après un passage en pharmacie pour rejoindre sa classe Ă  la piscine. Un autre Ă©lève dont la classe Ă©tait fermĂ©e a Ă©tĂ© dĂ©posĂ© sur le parvis de l’école sans test avec des parents injoignables. J’ai passĂ© la matinĂ©e Ă  contacter et Ă  ĂŞtre contactĂ© par les familles pour expliquer quoi faire, quand, comment…. Pendant ce temps, le reste de mon travail de direction attend.

- Les Ă©lèves du dispositif ULIS explosent. Deux crises avec contention nĂ©cessaire et hurlements rĂ©sonnant dans toute l’école. J’ai soutenu et aidĂ©. L’empathie m’empĂŞche de prendre du recul, j’ai mal, mes larmes perleront Ă  l’abri des regards... 

- 12h30 : Concertation avec les enseignants. Je suis arrivĂ©e sans l’avoir prĂ©parĂ© comme je l’aurais souhaitĂ© et sans avoir mangĂ©. Je redonne les consignes officielles sur la gestion sanitaire, consignes dont je ne suis plus très sĂ»re. 

- 14h : je mène deux Ă©quipes Ă©ducatives jusqu’à 16h30. Je gère l’équipe, rĂ©ponds aussi Ă  des messages de mes personnels en service civique qui me sollicitent pour des instructions, toujours les mĂŞmes instructions depuis 8h ce matin (questions familles, gestion de situations...) 

- Ma collègue de CP fĂ©brile depuis ce matin attend 16h15 pour aller se faire tester. Positive au covid, rĂ©action en chaĂ®ne, appel des familles jusqu’à presque 18 heures (aide de la collègue et d’un mĂ©diateur), communications relatives Ă  la situation, mise en Ĺ“uvre de la continuitĂ© pĂ©dagogique par l’enseignante. Je quitte l’école Ă  18h30. 

 - 20h30 : La journĂ©e s’achève par l’annonce, sur France 2, d’un nouveau changement de protocole et d’un mail du rĂ©fĂ©rent directeur qui annule la natation jusqu’à nouvel ordre. Nous annonçons donc aux familles Ă  22 heures (j’ai pris le temps de diner avec mes enfants, je n’avais pas eu le temps de manger Ă  midi..) que la natation est annulĂ©e.

- 23h : Je n’ai pas Ă©ditĂ© les justificatifs de fermeture de la classe de CP fermĂ©e ce soir, malgrĂ© des demandes des familles, cela attendra le lendemain. Je n’en peux plus, je vais me coucher avant de recommencer la mĂŞme journĂ©e. DĂ©jĂ  des nouvelles informations, contredisant les prĂ©cĂ©dentes. Il faut faire des choix de "bon sens".

J’ai la chance d’avoir une équipe qui m’aide et me soutient, un médiateur et deux personnels en service civique qui sont compétents et à qui je peux déléguer. Je fais partie d’une équipe de circonscription qui répond aux questions, écoute les difficultés avec une IEN très réactive et disponible. Tous mes collègues directeurs n’ont malheureusement pas cette chance…

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Témoignage d’une enseignante

J’ai toujours pris des prĂ©cautions particulières pour ma famille et moi face Ă  l’épidĂ©mie de covid 19.

Le lundi 3 janvier : je repars travailler en Ă©tant anxieuse car je pense que cette rentrĂ©e est risquĂ©e. Du lundi au mercredi, j’applique et fais appliquer les gestes barrières dans la classe, j’aère…

Jeudi 6 janvier : on m’annonce qu’il y a un cas positif dans ma classe.Tous les Ă©lèves partent se faire tester. Je me teste Ă©galement mĂŞme si je ne suis pas considĂ©rĂ©e comme cas contact, le test est nĂ©gatif.

Samedi 8 janvier : il y a dĂ©jĂ  9 cas positifs avĂ©rĂ©s, on nous dit que la classe sera ouverte lundi, je refais un test : nĂ©gatif.

Dimanche 9 janvier : on en est Ă  10 cas et l’ARS dĂ©cide de fermer la classe du 10 au 13 janvier, peut-ĂŞtre que le fait que je sois potentiellement personne vulnĂ©rable a changĂ© quelque chose...

Lundi 10 janvier : je vais Ă  l’école pour organiser la continuitĂ© pĂ©dagogique et la directrice m’annonce qu’il y a officiellement 16 cas positifs dans ma classe et qu’il manque encore des retours… Je commence Ă  avoir quelques symptĂ´mes et dĂ©cide de faire un test, il est positif !

Aujourd’hui, j’ai quelques symptĂ´mes contraignants mais pas graves et j’espère sincèrement que ça ne va pas s’aggraver. Je suis surtout très inquiète d’avoir rapportĂ© le virus au sein de mon foyer et depuis lundi j’essaie de m’isoler un maximum et de protĂ©ger ma famille mĂŞme si je pense que c’est trop tard. Ils rĂ©alisent des tests tous les jours… S’il s’avère que je leur ai transmis le virus ma plus grande crainte c’est qu’ils aient des consĂ©quences plus ou moins graves. Je suis donc dans l’attente et dans la peur pour les jours Ă  venir.


J’ai donc rapportĂ© au sein de mon foyer un virus qui vient clairement de mon travail car les risques pour les enseignants sont largement majorĂ©s par la multiplication des contacts et accentuĂ©s par le manque de moyens pour travailler en sĂ©curitĂ©. Depuis quelques semaines, je ne me sens pas du tout en sĂ©curitĂ© et maintenant j’ai vraiment le sentiment que l’éducation nationale a jouĂ© avec ma santĂ© et celle de mes proches. La sĂ©curitĂ© du personnel enseignant et accompagnant ainsi que celle des Ă©lèves n’est aujourd’hui pas assurĂ©e.

***

Témoignage d’une directrice d’école

"Comment faire ??

Les cas de covid explosent dans les classes !! 
Les pharmacies refusent de donner des auto-tests !! Les familles reviennent toutes vers nous pour savoir si nous avons des auto-tests ? 
Les laboratoires refusent de tester sans rendez-vous !!
Aucune nouvelle officielle sur le serveur de l’école Ă  propos d’un Ă©ventuel changement de protocole annoncĂ© sur une chaine de tĂ©lĂ©vision !!

Peut-on avoir des rĂ©ponses cohĂ©rentes Ă  transmettre aux familles ?



Cela commence Ă  devenir intenable !"


***

Merci Ă  ces tĂ©moignages qui montrent les conditions rĂ©elles et intenables de travail des personnels gĂ©nĂ©rĂ©es par une gestion chaotique de la crise Ă  l’école : illisibilitĂ© des règles, modification incessante des tâches Ă  accomplir, mise en porte-Ă -faux auprès des familles… sont les rĂ©elles consĂ©quences de chaque annonce mĂ©diatique et revirement du protocole sanitaire.


Les personnels de l’Éducation nationale n’ont de cesse depuis des mois de dire à leur ministre qu’ils n’en peuvent plus. Face au déni total de ce dernier sur la réalité du quotidien, le SE-Unsa appelle les personnels à utiliser la grève le 13 janvier pour se faire entendre.

 
 
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