Après
avoir publié plusieurs guides pour la maternelle et imposé des
évaluations nationales de début de CP chargées de réorienter les
pratiques pédagogiques en grande section,
le ministre a franchi une
étape supplémentaire en demandant au conseil supérieur des programmes
(CSP) de « relire » les programmes de 2015.
Le résultat est tout à la
fois affligeant et inquiétant.
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Dans sa note d’analyse et de propositions, le
CSP reprend Ă son compte, sans aucun recul critique, les productions de
la direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) et du conseil
supérieur de l’Éducation nationale (CSEN), achevant ainsi de montrer
son absence totale d’indépendance vis-à -vis de la politique du ministre.
Ce sont toujours les mĂŞmes « experts » qui sont sollicitĂ©s (A.
Bentolila, S. Dehaene, en particulier) et des pans entiers de la
recherche sont une fois de plus ignorés.
Quant aux enseignants en
maternelle, ils n’ont été associés d’aucune manière à ce travail,
puisque ni les organisations syndicales ni les associations
professionnelles n’ont été entendues.
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Le CSP reprend à son compte l’argument du ministre d’un contexte nouveau créé par l’instruction obligatoire à trois ans pour justifier le réexamen des programmes de 2015, alors que dans les faits, les enfants de trois ans étaient déjà scolarisés à plus de 97%.
Le CSP inscrit sa note dans la séquence ministérielle du renforcement des principes républicains en insistant très lourdement sur la maîtrise de la langue française, là où les programmes de 2015 mettaient en avant l’acquisition de tous les langages.
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Mais c’est pour mieux consacrer l’essentiel du propos Ă l’acquisition des « fondamentaux » par des entraĂ®nements très scolaires, dont l’objet principal semble ĂŞtre la rĂ©ussite aux Ă©valuations de dĂ©but CP.
Les évaluations normatives tiennent d’ailleurs une place importante dans cette note, avec en perspective l’introduction d’évaluations dès la petite section.
Serait-ce le retour du projet d’évaluations prédictives – classant les
élèves en trois catégories : à risque, à haut risque, sans problèmes -
auquel Jean-Michel Blanquer, alors directeur général de l’enseignement
scolaire, avait dĂ» renoncer en 2011 ?
L’avis du SE-Unsa
Le
SE-Unsa défend une école maternelle bienveillante, sans pression,
attentive aux besoins de chaque enfant, avec des enseignants formés et
des Rased complets pour un accompagnement de qualité et non stéréotypé
des élèves en fragilité.
L’école maternelle n’a pas pour objectif de trier les élèves mais de
permettre à tous une première expérience scolaire positive et sereine.
Il faut donc impérativement éviter la mise en place en maternelle de
protocoles d’évaluation stressants.
Une observation fine, en contexte,
de ce que savent faire les élèves, en les associant à la visualisation
de leurs progrès, est à privilégier.
Le SE-Unsa rappelle la forte adhésion des enseignants aux programmes
de 2015.
Ces programmes sont exigeants et leur mise en œuvre pédagogique
nécessite des ressources (accompagnement et formation, outils, taux
d’encadrement adaptés).
C’est de ces besoins dont le SE-Unsa
souhaiterait discuter avec le ministre.
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