SECTION SE-Unsa de la HAUTE GARONNE - 19 BD SILVIO TRENTIN - 31200 TOULOUSE
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Monsieur le Recteur, mesdames,
messieurs,
L’heure est grave, la
France entre dans une 3ème semaine de confinement pour faire face Ă
la grave crise sanitaire que nous traversons.
Le système éducatif est mis à rude épreuve, mais
les personnels ont su répondre présents.
Pour l’UNSA Éducation, le
Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse doit soutenir davantage
l’ensemble de ses personnels et leur permettre de tenir le rythme dans la
durée.
Ceci demande une communication claire, d’éviter les
exigences démesurées et d’agir avec bienveillance.
*
1) Ne pas
décourager la continuité
pédagogique et administrative.
À distance, maintenir un lien avec les élèves et
leur famille, en bravant les nombreux dysfonctionnements techniques, relève du
défi. Les personnels qu’ils soient
enseignants, d’éducation, administratifs, techniques, de direction,
d’inspection ont su le relever.
Le Ministre a nourri et promis une forte ambition
autour de la continuité éducative. Cependant, les efforts et la forte implication de personnels ne pourront gommer
les inégalités scolaires et sociales qui sont au cœur de notre École.
Les
Ă©carts vont donc se creuser.
Les conditions matérielles des familles sont extrêmement variées : logement insalubre, connexion internet inexistante, difficultés scolaires…. Ainsi pendant que certains profitent des ressources familiales existantes pour effectuer les travaux demandés, d’autres ne daignent ouvrir leurs cartables et préfèrent profiter des séries disponibles sur Netflix ou autre.... Sans oublier ceux qui bénéficient de cours particuliers via des structures privées….
Les Ă©lèves se plaignent d’être « bombardĂ©s de
travail ». CĂ´tĂ© parents, le constat est le mĂŞme : beaucoup de travaux Ă
effectuer avec un accès difficile à certains ENT ou plateformes.
Pour l’UNSA
Éducation, avancer dans le programme n’est pas une priorité pour plusieurs
raisons.
A
l’heure où la communauté scientifique ainsi que l’ensemble des soignants
rappellent la nécessité d’un confinement total, la priorité doit être la
gestion sanitaire de cette crise du Covid-19.
Nous pensons qu’il est temps
d’agir dans le bon sens : il faut ralentir le travail, c’est un marathon qui
nous attend.
Il faut
laisser le temps aux familles de gérer ce moment difficile : cessons de
leur faire croire qu’elles pourront assumer à la maison le travail des
enseignants ou que l’enseignement en présentiel pourrait être remplacé.
Pour l’UNSA
Éducation, il n’est pas raisonnable d’exiger ainsi toujours plus des
personnels.
Il faut
stopper les injonctions qui vont à l’encontre du confinement. Nous demandons
que le télétravail soit privilégié, que les établissements scolaires qui
n’accueillent pas d’élèves ou de dossiers à gérer en présentiel, restent
fermés, sachant que les personnels logés, en sus du travail qu’ils sont
conduits Ă effectuer, assument des astreintes dans les Ă©tablissements.
Un mot plus
particulier sur les personnels administratifs, très impliqués eux aussi pour assurer
la continuité administrative et financière, bien qu’ils rencontrent beaucoup de
difficultés. Dans notre Académie, seuls 150 personnels des services
déconcentrés sont dotés d’un ordinateur et de clé OTP. Dans les établissements,
le télétravail des administratifs est impossible de par l’absence de clé OTP et
de par l’impossibilité de travailler à distance avec les logiciels financiers.
Les Ă©tablissements souhaitent que toute
communication académique concernant le fonctionnement des EPLE soit coordonnée,
cohérente et systématiquement adaptée aux conditions d’exercice du terrain. Les
ordonnances n’étant pas applicables directement, les établissements sont en
attente des circulaires d’application des ordonnances des 25 et 27 mars 2020.
La gestion d’une crise de cette ampleur ne peut reposer que sur une politique des ressources humaines bienveillante. Les disparités entre la communication nationale et les consignes locales, ainsi que les objectifs affichés peuvent être source de stress, voire de découragement pour toutes celles et ceux qui au quotidien s’adaptent à ce contexte difficile, contexte qui risque de s’aggraver dans les prochains jours.
Par
conséquent, nous réaffirmons qu’il ne serait ni compréhensible, ni acceptable
de nier ces efforts en amputant les congés des personnels.
Le contexte
tendu impose aussi de permettre Ă chacune et chacun de pouvoir se reposer, se
ressourcer et d’être avec des proches.
Une pause nécessaire avant la reprise
des cours qui nécessitera tout autant d’efforts, d’adaptation et d’innovation.
Le retour des élèves en classe, leur accompagnement et répondre aux inégalités
Ă©ducatives qui malheureusement se creusent chaque jour de confinement un peu
plus, seront aussi des enjeux cruciaux pour les Ă©quipes.
*
2) Garantir de
bonnes conditions
pour l’accueil des enfants des personnels soignants
De nombreux personnels volontaires permettent que
soient accueillis les enfants des personnels soignants et des personnels de
l’aide sociale à l’enfance, tout en
continuant d’assurer une continuité pédagogique et administrative.
Cette
solidarité importante mise en place dans des délais records nécessite d’être
soutenue pour être pérenne.
D’une part au
niveau sanitaire, il est
nécessaire de doter les personnels de gel hydro alcoolique, de savons, de
masques, le nettoyage des locaux doit être assuré deux fois par jour, les
groupes ne doivent pas dépasser 8 enfants maximum, toutes ces conditions
doivent impérativement être garanties pour protéger les personnels et les
enfants qu’ils accueillent.
D’autre part,
au niveau de l’organisation, s’il faut continuer de pouvoir s’appuyer sur le
volontariat de nos collègues, il faut tenir compte du fait que cet accueil doit
être proposé 7 jours sur 7 et durant les vacances scolaires.
Nous demandons
donc au Ministère à ce que les partenariats avec les collectivités et le
secteur associatif, le champ de la jeunesse et des sports soient renforcés pour
avoir suffisamment de volontaires. Le travail engagé sur les regroupements
d’écoles et d’établissements, de roulement des équipes présentes doivent être étudiées
au cas par cas, en lien avec les Ă©quipes.
Il faut
également faciliter la mobilisation des personnels de santé de l’Éducation Nationale
volontaires pour faire face Ă cette crise sanitaire.
*
3) Faire une place
pleine et entière au dialogue
social pour envisager la fin de l’année scolaire
Par la complémentarité que permet le croisement des
informations de nos 22 syndicats, par sa représentativité acquise dans
l’ensemble du champ éducatif, l’UNSA Éducation tient les personnels informés,
se fait écho de leur quotidien, et agit chaque jour auprès des autorités pour
faire face Ă cette situation exceptionnelle.
L’UNSA
Éducation considère que la situation appelle une responsabilité partagée à laquelle les représentants des personnels
peuvent prendre toute leur part, si on le leur permet. Notre exclusion des
boucles d’informations ici ou là est totalement contreproductive.
En ce sens, s’il est difficile de mesurer la durée
et les conséquences de cette crise, nous demandons à ce qu’une date soit fixée
pour engager le travail sur les différents scénarii envisagés sur le retour en
classe, le calendrier des affectations (affelnet, parcoursup…), la tenue des
examens.
En
particulier, pour les candidats autant
que pour les personnels, il est urgent de savoir comment se passeront les
examens. Le discours officiel du maintien du calendrier et des Ă©preuves ne
peut plus tenir au vu d’un confinement qui semble se prolonger pour une durée
inconnue.
Pour l’UNSA Education, les solutions qui seront retenues quel que soit l’examen (DNB, CAP, BAC, BTS) devront répondre aux exigences suivantes :
• D’abord, sécuriser les candidats et donc les solutions ne devront pas être remises en cause dans quelques semaines si le confinement est à nouveau prolongé.
• Ensuite, tenir compte du fait que, même si les personnels s’investissent dans la
continuité pédagogique, la continuité des apprentissages ne peut pas être
garantie car les élèves ne disposent pas tous de conditions satisfaisantes.
Toutes les difficultés sont renforcées par le travail à distance et le
creusement des inĂ©galitĂ©s est inĂ©vitable si les enseignants sont contraints de « faire
le programme »
• Enfin, libérer un maximum de temps à la reprise des cours pour assurer les apprentissages qui n’ont pas pu être correctement menés, ce qui implique de ne pas multiplier les évaluations chronophages.
Dans
ces conditions, pour l’UNSA Education le maintien d’épreuves terminales à sujet
national portant sur l’ensemble du programme n’est pas souhaitable. Il convient de privilégier des modalités
plus souples qui tiennent compte de la situation exceptionnelle et qui
simplifient la reprise d’une activité normale dans les établissements, si
toutefois celle-ci peut avoir lieu. Par ailleurs, maintenir les CCF, les ECA et
les E3C à l’identique conduirait à multiplier les temps d’évaluation aux dépens
des temps d’apprentissage.
Pour l’UNSA Education, s’appuyer sur les évaluations déjà effectuées en contrôle continu est la piste plus intéressante. Elle pourrait être complétée par une ou plusieurs épreuves de contrôle/rattrapage pour tout ou partie des candidats n’ayant pas été reçus aux examens qui ont un impact sur la poursuite d’études ou l’insertion professionnelle (CAP, BAC et BTS). Le DNB, qui ne présente pas d’enjeu pour la poursuite du parcours des élèves, pourrait être délivré uniquement sur la base du contrôle continu. Dans cette situation exceptionnelle où nous partageons la même préoccupation de ne pas pénaliser nos élèves, il doit être possible de construire ensemble une solution acceptable pour tous.
En conclusion, les personnels enseignants, d’éducation, administratifs, techniques, de direction, d’inspection sont au rendez-vous pour ne laisser aucun élève au bord du chemin.
L’UNSA Éducation appelle le ministère à ne pas
multiplier les communications qui brouillent les messages et Ă prendre soin de
l’ensemble des personnels, des élèves et de leurs familles dans ce moment
difficile que l’Humanité toute entière affronte avec l’espoir d’une issue la
plus rapide et la plus positive possible.