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SE-UNSA 30


 Par SE-UNSA 30
 Le  jeudi 29 juin 2017

2D. Programme d’Emmanuel Macron pour la voie pro : ce que le SE-Unsa en dit

 
Dans son programme, Emmanuel Macron proposait des évolutions pour la voie professionnelle :
 
« Faire de l’alternance le cœur de l’enseignement professionnel : Demain, l’apprentissage sera le cœur de l’enseignement professionnel, tant dans les lycées que dans le supérieur. »
 
 « Nous agirons pour que l’alternance devienne la voie d’accès dominante aux emplois de qualification moyenne. »
 
 « Développer l'alternance et l'apprentissage afin de lutter contre le chômage endémique qui frappe les moins de 25 ans. »
 
Quand Emmanuel Macron parle d’alternance, il s’agit visiblement d’apprentissage. Aucun autre mode de formation n’est évoqué.
Il nous semble indispensable de rappeler que les formations en alternance sont, par définition, celles qui intègrent des périodes de travail en milieu professionnel (entreprise, administration…). Elles regroupent les formations scolaires en lycées professionnels (CAP, bac pro, BTS), l’apprentissage, les contrats de professionnalisation mais aussi des formations post-bac (BTS, IUT, licences pro, master pro…). L’apprentissage n’est donc qu’une des formes de la formation par alternance. Un élève inscrit en formation scolaire, en lycée professionnel est bien un « alternant ».
 
Pour Emmanuel Macron, l'apprentissage serait la panacée contre le chômage des jeunes. Pour le SE-Unsa, cette vision est dogmatique et irréaliste.
En filigrane, c’est le modèle allemand de formation professionnelle qui est implicitement érigé en idéal. Ce système a une histoire très ancienne qui est fondée sur une très forte implication des entreprises, une orientation très précoce, une indépendance des länder(régions).
Cette histoire, ce n’est pas la nôtre. Les plans massifs de développement se succèdent et le nombre d’apprentis n’augmente pas au niveau IV et régresse même au niveau V. Seul le supérieur voit une augmentation constante. Hormis dans certains secteurs, les entreprises n’ont pas cette culture et ne n’investiront pas dans ces évolutions. De plus, il n’est pas crédible de penser qu’elles seraient prêtes à accueillir, massivement, des jeunes de 14, 15 et 16 ans.
 
En France, l’enseignement professionnel sous statut scolaire accueille plus de 750 000 jeunes jusqu’au niveau IV dans les établissements publics, alors qu’ils sont 270 000 en apprentissage. Il les accueille tous, sans discrimination sociale, ethnique ou de genre. Ils sont plus de 140 000 en CAP et plus de 610 000 en bac pro. Pour le SE-Unsa, les formations sous statut scolaire restent le meilleur moyen de qualifier l’ensemble des jeunes notamment au niveau V et IV. Et ce d’autant plus au regard des taux de rupture de contrat en apprentissage qui s’élèvent à un tiers (rapport inspection générale des affaires sociales, février 2016).
 
Au delà des modes de formation, la croissance économique et la conjoncture, les stratégies de recrutement des entreprises ou le fonctionnement des marchés du travail sont plus que jamais des facteurs majeurs pour l’insertion globale des jeunes dans l’emploi.
 
 
« Nous développerons les périodes de pré-apprentissage »
Un « sas » de préparation à l’alternance serait ainsi créé à la fin du collège. Le SE-Unsa condamnera avec la plus grande fermeté toute atteinte à la scolarité commune avant 16 ans, une orientation dès 14 ans qui remettrait en cause l’acquisition du socle commun de compétences et de connaissances et de culture. Les orientations précoces sont socialement discriminantes et contreproductives dans la lutte contre l’échec scolaire. Le SE-Unsa s’opposera à toute modification du code du travail qui remettrait en cause la protection des mineurs.
 
 
« Nous développerons les licences professionnelles en alternance sur les 3 ans. »
Des licences professionnelles sur 3 ans seraient créées afin d’assurer une continuité dans la formation.
Le SE-Unsa y est favorable. La création de 3e année de licence en EPLE serait de nature à valoriser la voie professionnelle et la poursuite d’étude des BTS.
 
 
« Nous affecterons la totalité de la taxe d’apprentissage au financement de l’apprentissage. »
La Loi du 5 mars 2014 a modifié la répartition de la taxe d’apprentissage et a amputé la part dédiée aux établissements scolaire (hors quota ou barème) de l’ordre de 25% (220 millions d’euros). Les conséquences sur le fonctionnement pédagogique de bon nombre d’établissement sont importantes.
Réduire cette part à néant sans compensation pérenne n’est pas acceptable (-670 millions d’euros). Le chantage à l’ouverture ou à la transformation de sections en apprentissage non plus.
Pour le SE-Unsa, une réflexion doit être menée avec les représentants de l’état et les régions sur le financement des établissements scolaires concernés.
 
 
« Nous associerons dans l’enseignement secondaire comme dans le supérieur, les branches professionnelles dans la définition des programmes et dans l’organisation des formations. Les branches définiront également les métiers pour lesquels les formations par apprentissage devront être privilégiées. »
Pour le SE-Unsa, la formation professionnelle initiale du niveau V et du niveau IV doit continuer à relever in fine de la compétence de l’Éducation nationale. Les personnels ainsi que l’élaboration des diplômes doivent rester sous la compétence de l’Éducation Nationale. Les branches professionnelles sont déjà consultées dans le cadre des commissions professionnelles consultatives où les diplômes sont rénovés ou créés. Cette consultation est nécessaire et suffisante.
 
Le SE-Unsa continuera de défendre un aménagement du territoire qui prenne en compte les aspirations des jeunes et les besoins sociaux, et non uniquement les besoins économiques immédiats de proximité. Cela passe par la préservation et le développement d’une offre de formations suffisamment diversifiée sur l’ensemble du territoire et ce afin de garantir un véritable choix pour l’ensemble des jeunes.
Si l’alternance statut scolaire/statut d’apprenti peut être une réalité individuelle, le SE-Unsa refuse que les parcours mixtes soient imposés dans le cadre de la carte des formations. Les formations en apprentissage ne doivent pas se substituer aux formations sous statut scolaire mais être proposées en complément.
Par ailleurs, une réflexion doit être menée sur les moyens attribués aux établissements qui accueillent des apprentis et sur les conditions d’enseignement.