Retour à l'article normal

SE-UNSA 30


 Par SE-UNSA 30
 Le  jeudi 26 novembre 2015

Laïcité et port du voile : La loi ne règle pas tout !

 

"Une mère d'élève portant le voile se propose d'accompagner une sortie scolaire ou de s'occuper de la BCD en présence d'élèves... Que faire, que propose l'Administration ?"

Voilà des questions qui nous sont posées régulièrement par des équipes...

Pas de réponse toute faite mais des éléments de réponses : Nous avons abordé cette question délicate au dernier conseil national du Se-UNSA en présence de Caroline FOUREST (journaliste, essayiste, réalisatrice française et militante féministe, engagée sur les thèmes de l'égalité, de la laïcité et des droits de l'homme).

Ma conviction première est que, si l'on peut prendre l'attache de son IEN, si l'on doit savoir assurer ses arrières en informant par écrit sa circo de situations de tension, il faut en revanche impérativement laisser aux équipes, la prérogative de placer le curseur entre le respect strict de la loi d'une part et la tolérance d'autre part

Lorsque le voile (ou tout autre signe religieux) est discret, on peut facilement "composer avec". Après tout, nos grand-mères portaient quotidiennement un foulard.

Lorsque celui-ci est jugé trop visible donc provocant pour tout individu athée ou croyant d'une autre religion, il faut selon nous, réfléchir en équipe à la nécessité de poser explicitement une limite.

Une fois dit cela, les enseignants sont seuls capables d’apprécier ce que l’on doit exiger ou pas d’une mère d’élève en fonction du degré de visibilité du voile, en fonction du temps, de la fréquence, du lieu, du moment où ce signe est affiché. Il faut bien anticiper sur les conséquences dans un sens comme dans l’autre.

Un respect trop strict de la loi peut être contreproductif et entrainer de nouvelles manifestations ostentatoires qui ne seraient pas venues naturellement.

Si l'équipe choisit de formuler la demande au parent d'élève, il convient peut-être de s'assurer préalablement que toutes les conditions du dialogue sont là. Que la demande vienne en dehors d'un contexte déjà sous tension...

Si la demande n’est pas entendue, on arguera qu'il y a une loi qui s'impose à tous, qui interdit le port de signes religieux ostentatoires dans les lieux publics et a fortiori dans le cadre de missions de service public. Qu'il y a un cran d’exigence supplémentaire quand cette mission s’exerce en direction d’un jeune public dont les convictions, les repères et le jugement sont en pleine formation.

Que cette loi nous protège tous car elle permet d'éviter que d'autres religions ou expressions politiques ne viennent s'ajouter et entrent en conflit avec les nôtres.

Cette situation pose plus largement la question des accompagnants scolaires. Ces problématiques ne sont pas selon nous, l'endroit où l’on droit absolument trancher, simplement parce qu'elles se placent à la charnière entre les règles de l’Ecole et les libertés individuelles…

Quand on sait combien le voile peut être partie intégrante de la personnalité d’une femme, et quoiqu’on en pense, il est difficile de demander à cette mère de choisir entre cette part de son identité et le droit d’accompagner son enfant lors de sorties scolaires sans y mettre les formes et sans avoir préparé le terrain d’un dialogue respectueux. Il s’agit de ne pas attiser les conflits communautaristes là où il est urgent au contraire d’apaiser.

Caroline FOUREST a évoqué le cas de la Turquie qui a voté l’interdiction du voile dans les universités. Les associations islamistes intégristes y ont trouvé un tremplin phénoménal.

Notre démocratie doit se poser la question de « Comment gérer les anti-démocrates sans verser dans l’autoritarisme ? »

Olivier Dusserre-Telmont

PS : À l’occasion de la journée de la laïcité le mercredi 9 décembre, l’AGEEM convie les écoles maternelles à inaugurer le banc de l’amitié. Permettre aux enfants d’expérimenter l’empathie, de faire attention aux autres, de favoriser l’entraide sont les objectifs de cette action. Retrouvez le descriptif ICI !