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SE-UNSA 30


 Par SE-UNSA 30
 Le  mercredi 4 décembre 2013

PISA : Les enseignants n’avaient pas attendu le bilan pour savoir !

 

 Les performances des élèves français de 15 ans à PISA 2012 placent notre pays dans la moyenne des pays de l’OCDE en mathématiques et en sciences, et un peu au-dessus de la moyenne en compréhension de l’écrit. Pas vraiment brillant pour la cinquième puissance économique mondiale.

Mais il y a plus grave : PISA 2012 confirme ce que les éditions précédentes avaient déjà mis en évidence, le caractère particulièrement inégalitaire de notre école. La France est le pays de l’OCDE qui affiche le plus grand écart de performance en mathématiques selon l’origine socio-économique des élèves.

Cet écart s’est creusé entre 2003 et 2012, ce qui fait dire à l’OCDE que « lorsqu’on appartient à un milieu défavorisé, on a aujourd’hui moins de chance de réussir en France qu’en 2003 ».

L’autre enseignement essentiel de PISA 2012, c’est l’augmentation sensible du nombre d’élèves en difficulté (sous le niveau 2 de compétence), « ce qui sous-entend que le système s’est dégradé principalement par le bas entre 2003 et 2012 ».

[La période analysée s'arrête en 2012... au moment où notre Ecole sort d’un quinquennat qui a supprimé 80 000 postes, les IUFM, les Réseau d’Aide aux élèves en difficulté, le seuil de 25 élèves maximum en ZEP... Rappelons-nous des atteintes insupportables à l’école maternelle, de la baisse drastique de scolarisation des 2 ans, qui ont plongé toute notre profession dans une logique de résignation avec les conséquences que chacun mesure aujourd’hui... Les enseignants n'ont pas attendu PISA pour faire ce constat. Après avoir voulu faire croire à l’opinion que l’aide personnalisée pourrait résoudre l’échec scolaire, nous nous sommes vus imposer sans aucune concertation l’aberration d’une semaine de 4 jours. De cela aussi, nous détenons le singulier record de l'OCDE : 144 jours de 6h de classe par an quand la moyenne est à 187. Et on a ajouté 30mn d'aide personnalisée par jour (=6h30) justement à ceux qui sont le plus en difficulté !

Alors que s’engage une dynamique inverse, et même face aux imperfections d’un décret ou les maladresses d’un ministre, qu’avons-nous à gagner à refuser en bloc une loi d’orientation qui programme 54 000 nouveaux postes, le rétablissement d’une formation initiale depuis septembre 2013 sous la forme des ESPE, qui réinstaure le remplacement de tous les départs en retraite, l’affirmation du rôle de l’école maternelle et la scolarisation des moins de 3 ans, la mise en œuvre du principe de « Plus de maitres que de classes », la redéfinition des cycles à l’école primaire et du contenu du socle commun avec la création d’un Conseil supérieur des programmes afin d’en alléger les contenus ?

A l’heure où le ministère accepte également de mettre en chantier la question des directions d’école, de l’aide aux élèves en difficulté, du handicap à l’école, ne devons-nous pas participer à ce réformisme ? Nous associer à la réflexion, à la négociation, aux comités de pilotages, et nourrir le débat au lieu de dire NON, quitte à jeter le bébé avec l’eau du bain ?]

Face aux conclusions de PISA, que va faire notre pays ? Est-il capable de s’extirper de ses débats idéologiques stériles pour enfin concentrer son énergie sur ceux qui ont le plus besoin d’école ? Est-il capable d’échapper à la logique de l’élitisme républicain et de la promotion des meilleurs pour s’attacher à faire progresser ceux qui sont le plus en difficulté ?

Pour le SE-Unsa, c’est bien là le sens d’une Refondation à construire. Développer  une école bienveillante - les élèves français sont toujours les plus anxieux de l’OCDE -, plus juste et plus efficace passe par des priorités :

- priorité à l’école primaire et à l’acquisition du socle commun par tous les élèves,
- priorité aux territoires les plus fragiles économiquement et socialement,
- priorité à la formation professionnelle des enseignants, formation initiale bien sûr, mais surtout développement professionnel continu dans les écoles et les établissements.
PISA démontre que dans les pays où des choix clairs, cohérents, continus ont été faits, des progrès sensibles ont été possibles. Il n’y a donc pas de fatalité et il ne doit pas y avoir de résignation. Au moment où trop de combats catégoriels égoïstes se développent, PISA 2012 doit sonner l’heure de la mobilisation de la société française dans son ensemble contre les inégalités et l’échec scolaires.

Nîmes, le 4 décembre 2013                               Paris, le 3 décembre 2013

Olivier Dusserre-Telmont                                       Christian CHEVALIER
Secrétaire départemental                                              Secrétaire Général