SECTION SE-Unsa du GARD - 4 RUE JEAN BOUIN - 30000 NIMES
Tél. 04 66 70 67 67 - Fax. 04 66 29 91 10 - Por. 06 23 66 14 92 - 30@se-unsa.org

 
Propositions du Front National pour l’Ecole : Grand retour aux annĂ©es 50 !
Article publié le jeudi 6 octobre 2016.
  • Lnk_facebook
  • Lnk_google
  • Lnk_twitter

Le Front national vient de prĂ©senter ses propositions pour l’Éducation Nationale, dans la perspective des Ă©lections prĂ©sidentielles. Ces propositions  dĂ©voilent une conception de l’éducation nationale Ă©litiste, rĂ©actionnaire et populiste qui montre une mĂ©connaissance totale du premier degrĂ© et de manière gĂ©nĂ©rale, de la rĂ©alitĂ© du terrain. Petit florilège de ce qui a retenu notre attention ...

UNE CONCEPTION ÉLITISTE DU MÉTIER

Si certaines  personnes Ă  l'origine des "propositions du FN pour l'Ă©ducation nationale" sont des enseignants,  elles ne travaillent clairement pas dans les mĂŞmes Ă©tablissements que nous, et s'intĂ©ressent davantage Ă  leurs semblables qu'aux professeurs lambdas. Du coup, il en rĂ©sulte une conception très Ă©litiste (et corporatiste du mĂ©tier).

Ainsi,  ils veulent crĂ©er «un statut propre aux professeurs de CPGE (classe prĂ©paratoire aux grandes Ă©coles), avec  Â« des obligations de service et une grille de rĂ©munĂ©ration spĂ©cifiques Â».

On retrouve cette obsession pour les grandes Ă©coles dans le recrutement des enseignants. Il s’agit de faire « des classes prĂ©paratoires, littĂ©raires comme scientifiques, le vivier privilĂ©giĂ© des futurs professeurs Â», dans des « Ă©coles normales rĂ©gionales Â» qui seront entre autre Â« accessibles sur rang de classement aux concours aux Ă©lèves issus de CPGE Â».

Leur attention ne va d’ailleurs pas au commun des Ă©lèves mais Ă  certaines filières comme la « S »  qu’ils veulent plus sĂ©lective : « les Ă©lèves de sĂ©rie S doivent ĂŞtre moins nombreux, mais plus spĂ©cifiquement scientifiques. Â» Le texte parle de « re-spĂ©cification Â».

DES PROPOSITIONS RÉACTIONNAIRES SANS REEL CONTENU PEDAGOGIQUE

L’une des premières choses qui frappe quand on lit le programme  du FN, c’est l’impression d’un profond retour en arrière dans la France des annĂ©es 50.

Ainsi, le FN veut « instaurer le port d’un vĂŞtement uniforme pour tous les Ă©lèves du primaire et, au moins, d’une partie de l’enseignement secondaire Â». Cette proposition en somme, assez emblĂ©matique de leur conception de l’éducation nationale devient complĂ©tement dĂ©lirante, quand ils proposent « une concertation nationale, suite au lancement d’un appel national Ă  projets visant Ă  dĂ©terminer l’aspect et la forme de ce vĂŞtement Â» pour dĂ©cider jusqu’à quel niveau les Ă©lèves porteront des uniformes.

Si cela peut prĂŞter Ă  sourire, c’est plus inquiĂ©tant quand on aborde les propositions du FN sur  le contenu des enseignements. Il n’y a aucune solution miracle mais des propositions extrĂŞmement minimalistes qui ne rĂ©pondent malheureusement pas aux difficultĂ©s rencontrĂ©es par les Ă©lèves et les enseignants.

Il s’agit essentiellement de supprimer toutes les rĂ©formes qui ont Ă©tĂ© mises en place ces dernières annĂ©es (y compris les conseils pĂ©dagogiques et les commissions Ă©ducatives) pour revenir aux fondamentaux c.a.d le français et les mathĂ©matiques Ă  haute dose. 

Malheur au professeur qui voudrait motiver son enseignement en rendant plus intĂ©ressants ses cours. 

Il faut « valoriser dès le primaire, les textes extraits des grandes Ĺ“uvres littĂ©raires, tout particulièrement celles appartenant au patrimoine culturel national, qu’on privilĂ©giera par rapport Ă  la « littĂ©rature pour la jeunesse Â».

« Les pseudo-enseignements ludiques qui, s’ils peuvent avoir quelque vertu Ă©ducative, n’en ont quasiment aucune en termes d’instruction, au profit de la transmission des savoirs fondamentaux, sur laquelle l’Ecole primaire doit ĂŞtre exclusivement centrĂ©e, les exercices d’entraĂ®nement... ».

Retour aux cours traditionnels, il vous est demandeé "d’instaurer le cours magistral à tous les niveaux, dans toutes les disciplines où cela est légitime (..), car il représente la forme correspondant à l’autorité du maître fondée sur le savoir qu’il détient et qu’il a pour mission de transmettre."

Si on parle peu des contenus des programmes, la place du latin  est quant Ă  elle largement Ă©voquĂ©e.  Il s’agit de proposer   :

  • Ă  tous les Ă©lèves une initiation en 5ème au nom de l’égalitĂ© des chances, « articulĂ©e principalement Ă  l’enseignement de la grammaire Â». Si nous ne doutons pas que les lettres classiques ont toute leur importance dans le système Ă©ducatif, nous pouvons lĂ©gitemment nous poser la question de savoir en quoi cette initiation du latin va rĂ©duire les inĂ©galitĂ©s ? 
  • "un enseignement obligatoire de latin pour les 4e et 3e se dĂ©terminant vers la poursuite d’études longues, Ă  raison de 3 heures hebdomadaires".
  • "d’attribuer, Ă  chaque niveau du lycĂ©e, 3 heures hebdomadaires au latin et/ou au grec, en laissant la possibilitĂ© d’étudier simultanĂ©ment le latin et le grec, (...) la possibilitĂ© pour tous les Ă©lèves de suivre ces enseignements, quel que soit l’établissement, sera garantie." Ces promesses laissent rĂŞveuses, quand on connaĂ®t aujourd’hui la pĂ©nurie de professeurs classiques et qu’on sait les difficultĂ©s rencontrĂ©es aujourd’hui pour leur recrutement (70 % des postes non pourvus Ă  la session 2016  des concours. )

Visiblement on n’a pas, dans nos cours, les mêmes élèves que les auteurs de ces propositions.

Pour rester sur l’élève qui est au centre de notre mĂ©tier, ceux qui ne rĂ©pondraient pas aux exigences Ă©voquĂ©es ci-dessus sont ,quant Ă  eux,  prĂ©-orientĂ©s dès la fin de la cinquième et poussĂ©s vers la sortie en leur proposant l’apprentissage comme seule vĂ©ritable solution Ă  leurs difficultĂ©s scolaires.

POUR LE PREMIER DEGRÉ

Quand on lit les propositions du FN sur le premier degrĂ©,  on s'aperçoit rapidement qu’elles ont Ă©tĂ© Ă©crites par des personnes n’ayant aucune connaissance de l’école et de son fonctionnement. 

Le programme axe ses propositions sur 2 points :

  • L’école en tant que structure administrative. Le FN veut  "crĂ©er un statut commun aux Ă©tablissements primaires et secondaires,"
  • "Pour accompagner ces nouvelles structures, le statut de directeur d’école change. Il devient un chef de service. Il s’agira de  doter le directeur d’école du statut juridique de chef d’établissement, au titre duquel il prĂ©side le conseil d’administration et les instances de l’établissement."
  • Il aura alors "la pleine responsabilitĂ© de conduire la politique pĂ©dagogique et Ă©ducative de l’établissement, (...) et veillera au dĂ©veloppement de partenariats avec le monde Ă©conomique, social et culturel."
  • Le directeur d’école « reprĂ©sentant de l’État Â» devient le porte-parole du pouvoir en place, "ce qui le rend porteur de finalitĂ©s et objectifs dĂ©finis par le ministère de l’Éducation nationale ..."

UN PROGRAMME QUI SENT LE  POPULISME

Enfin, ces propositions ne seraient certainement pas estampillĂ©es « front national Â» sans une certaine dose de populisme (pour ne pas dire autre chose...)

 Au chapitre des mesures populistes :

  • Aucun menu de substitution dans les cantines
  • « L’accueil des Ă©tudiants Ă©trangers doit ĂŞtre contrĂ´lĂ© afin d’éviter qu’il alimente l’immigration clandestine Â».
  • On passera sur l’absence de signes religieux dans la sphère publique. Si on ne peut qu’être d’accord, elle ne doit pas ĂŞtre instrumentalisĂ©e par l’extrĂŞme droite pour stigmatiser une partie de la population comme c'est le cas ici. 

NOTRE ANALYSE

Laurent Escure, le secrétaire national de l’UNSA Education explique dans un article du nouvel observateur, que :

"Dès qu'il s'agit de rentrer dans le concret, comme ici au sujet de l'Ecole, on retrouve les vieilles recettes de l'extrĂŞme-droite : Ă©litistes, rĂ©actionnaires et rĂ©trogrades (... ) Le programme de Marine Le Pen est une alternance de vieilles lunes et de messages creux. Il est Ă  rebours des valeurs Ă©mancipatrices de la RĂ©publique."

 
 
PĂ©tition
 
Nos campagnes
 
Santé
 
Aides spécifiques
 
Mouvement
 
Conditions de travail
 
Concours
 
ALC