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SE-UNSA 29


 Par SE-Unsa 29
 Le  jeudi 14 décembre 2023

Tribune de l’Unsa Education dans Mediapart - La santé de l’enfant, un enjeu préalable à toute exigence pédagogique

 

Gabriel Attal présente le 5 décembre les résultats de la mission « exigence des savoirs ». L'UNSA Éducation veut mettre au centre du débat éducatif le sujet de la santé et du bien-être des élèves, largement occultées dans les propositions déjà connues, alors que les chiffres sont de plus en plus inquiétants dans ce domaine et que la pénurie de personnels spécialisées est de plus en plus criante.

Dans les écoles et établissements scolaires, les signaux d’alerte sont au rouge quant à la santé physique et mentale des enfants et adolescents. La sédentarité devant les écrans et le harcèlement en sont notamment des marques visibles.

Mais le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse a choisi de lancer tambour battant une mission sur les exigences des savoirs en totale déconnexion de la question du bien-être des élèves. Or, nous, UNSA Éducation, nous réaffirmons que pour BIEN apprendre, c’est-à-dire être en capacité de suivre et réussir les apprentissages, il est une condition préalable à toutes les autres : venir en classe « en bonne santé », mentale et physique.  

A cette évidence s’en ajoutent d’autres : l’école obligatoire est un point d’observation stratégique à l’heure où l’on constate qu’un tiers des élèves de primaire n’ont pas de médecin traitant ou de famille et que moins de 10% des élèves ont bénéficié d’une visite médicale de la sixième année à l’école. 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles et d’inceste chaque année, selon le dernier rapport de la CIIVISE. Ils sont également 1,5 million de mineurs et 19 % des familles monoparentales à vivre en-dessous du seuil de pauvreté, selon l’Observatoire des inégalités.

A l’école, lieu de vie essentiel au développement psychologique, cognitif et social de l’enfant, l’élève peut être soutenu dans ses difficultés d’apprentissage quelle qu’en soit la cause. Il peut bénéficier d’un service de cantine et d’accompagnement social, adopter les attitudes favorables pour sa santé et celles des autres, via le développement de ses compétences psycho sociales. Il peut se confier et être accompagné dans ses difficultés personnelles et familiales, être protégé face aux risques. Or en centrant toute sa communication sur les « profs », le ministre fait reposer toutes les responsabilités de l’Ecole sur les enseignant·es dont les missions et les compétences ne sont pas définies ainsi. L’UNSA Éducation tient à rappeler que les personnels de santé scolaire, de service social et de psychologie sont à bien des égards des personnels clés.

Encore faut-il des effectifs suffisants pour remplir cette exigence de l’école qu’est, non seulement les savoirs, mais aussi la santé de l’enfant. Or, les chiffres témoignent d’une dégradation inquiétante de la situation. On ne compte aujourd’hui qu’un·e infirmier·e scolaire pour 1.500 élèves, un·e psychologue de l’Éducation nationale pour 1.800 élèves, un·e assistant·e social·e pour 2.000 élèves et un médecin scolaire pour près de... 16.000 élèves. Car ce qu’on appelle la santé de l’enfant englobe en vérité une diversité de dimensions : le soin, la prévention, la protection, le bien-être physique et psychique.

Du fait de cette insuffisance chronique de personnels, les missions s’accumulent et les métiers apparaissent de moins en moins attractifs, entraînant une pénurie de candidats encore plus criante au sein de l’Éducation nationale que dans les autres fonctions publiques ou dans l’exercice libéral. Il en est malheureusement de même dans l’enseignement supérieur. La pauvreté, les détresses psychiques et les errances de soin sont le quotidien de beaucoup d'étudiant.es.

Il devient donc urgent de mettre en œuvre une nouvelle politique de santé, centrée cette fois non sur des ratios mais sur le besoin de l’enfant. Car c’est bien lui l’ayant-droit. Cet objectif ne saurait être atteint à moyens humains constants. De cette évidence, si l’on veut mener et réussir une politique de santé scolaire efficiente, découle le caractère inadapté d’une décentralisation de ces métiers. Ce qui serait synonyme de dispersion des compétences et d’appauvrissement de la réponse, alors que nos élèves ont besoin de sentir derrière et avec eux des équipes opérationnellement solidaires dans un même effort de bien public.

Signataires :

Elisabeth Allain-Moreno, Secrétaire Générale du SE UNSA

Didier Fleury, Secrétaire Général du SEA UNSA

Patrick Roumagnac Secrétaire Général du SIEN UNSA

Tiphaine Jouniaux, Stéphane Gargaud, Co-Secrétaires généraux du SNASEN UNSA

Christian Champendal , Secrétaire Général du SNIA-IPR

Gwenaelle Durand, Secrétaire Générale du SNIES UNSA

Mechtilde Dippe et Jocelyne Grousset, Co-Secrétaires générales du SNMSU UNSA

Bruno Bobkiewicz, Secrétaire Général du SNPDEN UNSA

Frédéric Marchand, secrétaire général de l’UNSA EDUCATION