Retour à l'article normal

SE-UNSA 23


 Par SE023
 Le  lundi 7 octobre 2019

Compte rendu de l’audience avec la Rectrice

 

Le 19 septembre 2019, le SE-UNSA de l'académie de Limoges a rencontré la rectrice.

Sont présents pour le SE-Unsa : Laurent Herlin, Marie Trillo-Pouget et Marie Orliaguet pour la Corrèze, Anabel Roy et Laurent Lachaise pour la Haute-Vienne, Laurent Lafaye pour la Creuse et Régis Dubois, Christelle Merlier et Maud Duveuf pour l'académie.

Vincent Denis et Freddy Tarrayre accompagnent Madame la Rectrice, Anne Laude.

 

Au cours de cette audience, nous abordons les problématiques liées aux manques de moyens dans le second degré et les effets déjà visibles de la réforme du lycée ainsi qu'un point soulignant la réforme de la voie professionnelle et le devenir des SEGPA.

Nous revenons ensuite sur les problématiques du premier degré par départements, le constat est fait sur le manque de moyens avec un nombre extrêmement élevé de jours d'absences non remplacées.

Nous insistons sur la convention ruralité et le manque d’enthousiasme dont fait part l'administration alors que deux départements de notre académie relèvent de la ruralité voire de l'hyper-ruralité.

Enfin nous faisons part de nos doutes et inquiétudes quant à la réforme de la fonction publique et de la fin des CAP ainsi que sur le projet de réforme des retraites qui sera le point chaud de cette année.

Dans l'ensemble, la Rectrice a une volonté de dialogue avec les organisations syndicales et souhaite nous rencontrer régulièrement sur des points précis. Nous espérons que cette ouverture affichée se concrétisera afin d'améliorer les conditions de travail de tous nos collègues et de nos élèves.

 

Ci-dessous le compte-rendu étoffé par thème :

- La réforme du lycée

- Voie pro et SEGPA

- Haute-Vienne 1er degré

- Corrèze 1er degré

- Creuse 1er degré

- Notre position sur la réforme des retraites

- La loi fonction publique

- La Rectrice nous répond

 

Nous commençons cette audience en rappelant les valeurs défendues par le SE-Unsa, un syndicat réunissant tous les enseignants de la maternelle au lycée, les personnels d’éducation, psychologues et d’accompagnement. Les liens étroits que nous entretenons avec notre fédération et notre union sont gages de dynamisme et de développement.

Ce syndicalisme responsable cherche à être porteur de progrès ou d’avancées pour l’ensemble des acteurs·trices du système éducatif. Cette recherche peut passer par des accords ou des compromis issus de négociations.

Nous rappelons ensuite le climat de fin d'année scolaire particulièrement tendu avec des pressions exercées sur les examens, notamment le baccalauréat.

Nous comprenons les collègues qui se sont sentis obligés d'exercer de telles pressions, aujourd'hui, la majorité des personnels de l'éducation nationale a le sentiment de ne plus être entendue.

Cependant, le SE-Unsa estime nécessaire qu'un dialogue soit renoué entre les syndicats et l'administration de l’Éducation Nationale.

 

De manière globale, nous dénonçons le manque crucial de moyens dans le second degré en ce qui concerne le nombre d'enseignants, d’accompagnants et d'AED.

En ce qui concerne la réforme du lycée nous dénonçons plus précisément  :

 

  • Une mise en place précipitée de la réforme avec un manque crucial de moyens. La mise en œuvre des programmes reste beaucoup trop floue en l'absence de publication de textes d'accompagnement et une parution trop tardive de ces textes. De plus nous sommes dans l'inconnu quant à la nature réelle des épreuves tant que la banque de sujets n'est pas parue. Cette situation est inédite et laisse les enseignants dans une situation très compliquée. Cette précipitation dégrade considérablement les conditions de travail des enseignants et des élèves.

  • Les emplois du temps, mis en place péniblement, amènent les élèves dans de nombreux cas à quitter leur établissement à 19h ou encore à avoir des cours les mercredis après-midi. La Rectrice semble ne pas être au courant de ces données.

  • Beaucoup de groupes de spécialité ne sont pas satisfaisants, avec beaucoup de groupes de 27/30 élèves. A notre connaissance, il y a au moins un groupe de composé 37 élèves dans notre académie. Cette situation n'est pas acceptable et ne permet pas la mise en place d'un enseignement performant.

  • Le SE-Unsa demande de limiter l’ampleur et le nombre des épreuves de contrôle continu pour limiter la pression évaluative sur les élèves et le temps qui y est consacré, ainsi que la charge de travail des enseignants qui s'en trouve considérablement alourdie. De plus, le SE-Unsa revendique la création d’une indemnité de contrôle continu pour les enseignants.

  • Enfin, beaucoup d'enseignants, du fait de la réforme et de la création de multiples BMP, se retrouvent à naviguer entre deux voire trois établissements ce que nous dénonçons également. Nos territoires ruraux et les infrastructures insuffisantes ne permettent pas de se déplacer facilement dans notre académie et engendrent des temps de trajet conséquents.

  • Enfin, nous nous positionnons contre l'imposition d'une deuxième heure supplémentaire. Celle-ci vient encore alourdir la charge de travail de personnels qui subissent déjà de plein fouet la suppression des dédoublements.

 

Nous évoquons ensuite la réforme de la voie professionnelle et la situation des SEGPA.

 

Concernant la réforme des lycées professionnels : si le SE-Unsa partage pleinement l’objectif de mieux préparer les élèves à l’insertion professionnelle, de nombreuses inquiétudes demeurent quant à la méthode.

 

L’abaissement du temps d’enseignement général

La généralisation systématique de la co-intervention

L’organisation des services et des emplois du temps

L’articulation de l’interdisciplinarité

Le transfert des heures disciplinaires vers d’autres formes d’enseignements

 

Autant d’exemples qui en plus d’être porteurs d’une charge de travail grandissante pour nos collègues, sont sources de préoccupations.

Bien entendu, le SE-Unsa prendra toute sa part dans le comité de suivi de la réforme qui se met en place. Encore faudra-t-il que celui-ci ne soit pas juste une chambre d’enregistrement des difficultés organisationnelles de mise en place mais soit source de réelles propositions en terme de formation, d’accompagnement, d’innovation pédagogique et ceci grâce à des moyens à la hauteur des enjeux.

Nous posons la question de savoir si le comité de suivi aura une déclinaison au niveau académique.

Nous sommes aussi particulièrement vigilants sur la question de la mixité des publics (voie scolaire/apprentissage) au sein des Lycées Professionnels. Les enseignants de la voie professionnelle sont particulièrement bien placés pour savoir que l’apprentissage est un modèle de formation qui peut permettre une insertion professionnelle de qualité, mais nous savons aussi que cette modalité de formation ne peut convenir à tous les jeunes, en particulier sur les diplômes de Niveau V et VI. Il est indispensable de donner les moyens de maintenir des formations d’excellence pour nos jeunes qui souhaitent poursuivre par la voie scolaire.

 

Concernant la situation des SEGPA dans notre académie :

 

Même si l’accueil d’élèves en situation de handicap ne correspond pas aux objectifs d’origine de ces structures, les affectations croissantes de ces élèves en SEGPA confirment le rôle désormais prépondérant de celles-ci dans l’inclusion scolaire au niveau des collèges.

En fin d’année scolaire, une enquête des services du rectorat visait à diagnostiquer les besoins de formation en lien avec les nouveaux enseignements de découverte professionnelle en classe entière (en raison de la baisse des dotations). Ces formations devaient concerner par exemple le numérique, l’éducation à la mobilité, mais aussi la gestion de classe… Rien n’est apparu au PAF, nos collègues de SEGPA font déjà face aux élèves sans aucune feuille de route concernant le contenu de ces temps d’enseignement.

De même nous avions demandé au mois de juin, la mise en place d’un GT dès la rentrée afin de tracer des perspectives pour nos collègues dans l’incertitude, nous soulignons que nous n'avons aucune certitude quant à la tenue de ce-dit GT.

Bien que celui-ci n’était qu'oral et sans connaissance des dotations ministérielles, « le souhait », de maintenir les moyens des SEGPA pour l’année à venir a été évoqué par la Rectrice lors de différentes rencontres. Nous souhaitons un réel engagement de la part du rectorat.

 

Quoiqu’il en soit le SE-Unsa soutiendra les personnels du 1er et 2nd degré intervenant en SEGPA, dans leur légitime demande de clarification et de reconnaissance du rôle de leur structure dans notre système éducatif.

 

Haute-Vienne 1er degré.

 

- Le remplacement

Nous indiquons à Madame la Rectrice que nous n’avons de cesse depuis des années de dénoncer le manque de postes dans le 1er degré.

Cette rentrée 2019 nous en apporte une nouvelle fois la preuve, si tant est que nous en avions besoin.

A peine 15 jours après la rentrée, nous sommes déjà dans des situations de classes non remplacées, entre autres sur des décharges de direction. En effet, vous avez été plusieurs à nous contacter pour nous signaler des collègues "décharges de direction" absents et non remplacés, et donc des directeurs « obligés » de prendre leur classe pour ne pas laisser les élèves sans enseignant.

 

- La direction d’école

Lors de notre première rencontre, nous avions évoqué avec l’administration les tâches et missions des directeurs d’école, toujours plus nombreuses et complexes. Nous y revenons aujourd’hui.

Le ministre avait prévu, dans le cadre de l’agenda social, d’ouvrir des débats/négociations sur ces missions. C’était il y a plus d’un an déjà.

Avec la disparition des Etablissements Publics des Savoirs Fondamentaux (EPLSF) de la loi pour une Ecole de la Confiance, point de la loi où étaient évoquées les tâches et les missions des directeurs d’école, la question semble être passée aux oubliettes.

Nous demandons donc à Madame la Rectrice d’intervenir directement auprès du ministère de façon à ce que les personnels (leurs missions, leurs salaires, leurs volumes de décharge) soient reconsidérés dans notre système éducatif.

Nous demandons la tenue de groupes de travail au niveau départemental/académique sur la question. Mme la Rectrice nous indique que cette question doit être traitée prioritairement au niveau national. Nous continuerons à solliciter l’administration pour que le sujet avance !

 

- L’école inclusive

Même si nous saluons la communication de la DSDEN 87 faite au sujet de l’Ecole Inclusive envers les personnels et ce, dès la fin de l’année scolaire dernière, nous déplorons que les PIAL (Pôles Inclusifs d’Accompagnement Localisés) n’aient pas été fonctionnels dès la rentrée.

En CAPD le 3 septembre dernier, nous avons demandé une liste des PIAL premier, second et interdegrés. Nous ne l’avons toujours pas à ce jour. Nous voudrions également des précisions sur le rôle des coordonnateurs (ainsi que leur volume de décharge pour effectuer ces missions, et/ou éventuellement leurs indemnités).

Mme la Rectrice nous précise que la carte des PIAL sera présentée le 14 octobre prochain en CTA.

Enfin, nous demandons un constat des élèves en situation de handicap notifiés par la MDPH et qui ne sont toujours pas accompagnés par un AESH en cette rentrée.

Nous n’obtenons pas de réponse à cette question ; nous nous rapprocherons prochainement de la DSDEN pour en avoir une.

 

Corrèze 1er degré :

 

Comme pour la Haute-Vienne, le département de la Corrèze souffre d'un manque criant de moyens avec une augmentation des jours non remplacés. Nous insistons sur la contrainte de la ruralité attenante à ce département. Une réflexion doit être portée sur cette ruralité et les écoles de ces territoires. Depuis la signature de la Convention Ruralité, plus rien ne se fait et le chantier semble laissé à l'abandon. En ce qui concerne la carte scolaire, les 14 postes supprimés en Corrèze ces dernières années pour permettre en Haute-Vienne un P/E plus favorable sont un manque crucial. Cette situation n'est plus tenable et des moyens supplémentaires doivent être affectés.

Le dispositif PIAL reste particulièrement flou, nous ne connaissons pas précisément les modalités de fonctionnement de ces pôles.

 

Creuse 1er degré :

 

Le constat de rentrée dans le premier degré creusois montre un déficit de 11 enseignants . Ce déficit se traduit soit par un gel de certains postes soit par une immobilisation d’un moyen de remplacement. L’année scolaire 2018-2019 s’est terminée avec un nombre de journée non remplacées record (plus de 1400). Nous craignons de voir se reproduire cette situation insupportable pour nos écoles.

La situation d’hyper-ruralité de notre département a été prise en compte lors des signatures du protocole ruralité puis de sa prolongation en convention ruralité. Il est indispensable maintenant de donner un dynamisme à ce projet de réorganisation de notre tissu scolaire en confrontant les réflexions de notre profession, des élus locaux et des services de l’Etat. Nous revendiquons auprès de notre interlocutrice un réel désir de faire évoluer ce chantier.

L’immobilisme a engendré aujourd’hui le manque de moyens de remplacement, la désorganisation de la formation continue et un isolement toujours plus présent et de plus en plus difficile à supporter de nos collègues. Nous revendiquons un tissu scolaire cohérent avec notre territoire qui puisse répondre aux attentes de formation, de remplacement de nos collègues et une prise en charge de l’inclusion scolaire des élèves à besoins particuliers dans des écoles fortes d’une réelle équipe pédagogique.

 

Nous abordons aussi la question de la réforme des retraites :

Les retraites feront l’objet d’une réforme d’ampleur cette année. Le SE-Unsa se bat pour une prise en compte spécifique de la situation des enseignants qui sont les fonctionnaires percevant le moins de primes au sein de l’Éducation nationale.

En l'état actuel des choses, nous nous positionnons contre un projet de réforme qui contribuerait encore à dégrader la situation des enseignants, que ce soit sur le plan de la rémunération autant que sur l'allongement de la durée de cotisation.

 

En ce qui concerne la réforme de la fonction publique :

Nos inquiétudes restent entières quant à la disparition des commissions paritaires qui nous permettait jusqu'à présent de défendre les droits de nos collègues. Leur seul recours sera le tribunal administratif et nous savons que les démarches, longues et onéreuses, décourageront nombre d'entre eux.

 

En outre nous revendiquons à nouveau une véritable revalorisation du salaire de tous les enseignants.

 

 

La Rectrice semble être préoccupée par nos revendications. Elle affiche une volonté de dialogue et d'ouverture entre les organisations syndicales et les services du rectorat.

Différents groupes de travail auront lieu d'ici les vacances de la Toussaint dans le but d'effectuer un constat global des effets des réformes du lycée et de la voie professionnelle et d'effectuer une liste des améliorations à apporter. Une attention particulière sera portée aux lycées l'année prochaine avec la mise en place de la réforme pour la classe de Terminale. Sur le sujet des E3C, des propositions vont être faites avant les vacances de la Toussaint. Le dialogue est ouvert et nous sommes invités à faire des propositions !

En ce qui concerne précisément la voie professionnelle, la Rectrice a la volonté de favoriser la mixité et d'offrir à chaque élève une place en fonction de son souhait.

Dans le cas des SEGPA, ils font l'objet d'une attention particulière, un groupe de travail aura lieu prochainement mais aucune date n'est avancée pour l'instant.

 

Nous félicitons l'ouverture affichée de Madame la Rectrice par-rapport à nos revendications et la possibilité de dialoguer avec les services du Rectorat. Nous restons tout de même vigilants quant à la concrétisation de ce dialogue et l'amélioration des conditions des personnels de nos professions et de nos élèves.

 

Pour le SE-Unsa de Limoges :

Laurent Herlin, Marie Trillo-Pouget, Marie Orliaguet, Anabel Roy, Laurent Lachaise, Laurent Lafaye, Régis Dubois, Christelle Merlier et Maud Duveuf.