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Évaluation des Ă©coles et des Ă©tablissements : ni travail en plus ni travail pour rien
Article publié le jeudi 8 septembre 2022.
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Évaluer les écoles et établissements, c’est permettre aux équipes de terrain de réfléchir à leur action, d’établir un diagnostic et de se fixer des objectifs en lien avec le projet d’école et d’établissement. Cela prend du temps, demande du travail collectif, qui doit être consenti, prévu et organisé dans le temps de service. Accélérer la cadence et mettre la pression à tous les échelons du système éducatif pour entrer dans cette nouvelle démarche ne fait qu’éveiller de nombreuses craintes et résistances légitimes.

Alors que tous les retours font part d’un système en tension et de personnels en perte de sens, pour l’UNSA Éducation il ne faut pas de travail supplémentaire et surtout pas de travail inutile.

Une évaluation très perturbée par la pandémie

« Le conseil d’évaluation de l’école (CEE), placé auprès du ministre chargé de l’éducation nationale, est chargé d’évaluer en toute indépendance l’organisation et les résultats de l’enseignement scolaire. » Ce conseil, créé en 2019 par la loi pour une école de la confiance, s’est donné un objectif à 5 ans pour évaluer l’ensemble des écoles et établissements. Objectif perturbé par la période de crise Covid, qui a freiné la mise en œuvre. Après les EPLE, entrés les premiers dans la danse, voici le tour des écoles. Mais le fonctionnement des écoles, à la différence des EPLE, est assuré par des directeurs et directrices, qui pour une grande majorité d’entre elles et eux, sont toujours chargés de classe et sans aide administrative, pour organiser un travail supplémentaire. Dans un système éducatif qui se relève difficilement des perturbations de la pandémie de Covid, cette démarche d’évaluation apparait de fait comme une mission nouvelle, ajoutées à toutes les autres.

Évaluer et après ?

Beaucoup de craintes sont soulevĂ©es par ce nouveau dispositif que dĂ©couvrent les professionnels du premier degrĂ©. Crainte du regard extĂ©rieur des collectivitĂ©s. Crainte du regard des familles, car le cadre prĂ©voit une Ă©valuation du service public d’éducation par ses usagers. Crainte de rĂ©percussions sur les carrières, de freins Ă  l’avancement, d’un blocage de mutations. L’organisation de l’école, en structures de petite taille et en grande proximitĂ©, justifie davantage ces craintes et nĂ©cessite des protocoles d’évaluation adaptĂ©s et appropriĂ©s.  De plus, la charge de travail supplĂ©mentaire est consĂ©quente.

Certes, les objectifs fixés par le CEE étaient bien différents, mais l’expérience des premières années doit être prise en compte. Il faut donner du temps aux équipes et aux corps d’encadrement pour pouvoir s’approprier ce nouveau paradigme et en percevoir la plus-value dans le travail quotidien. Et là, l’institution devra être au rendez-vous. Car entrer en démarche d’évaluation, c’est aussi faire émerger des besoins nouveaux dans une perspective d’amélioration. Ces besoins doivent être entendus, notamment en termes de ressources ou de formation continue et de développement professionnel. Or, c’est le gros point faible du système éducatif français qui peine à former équitablement son million d’agents.

De l’ambition d’une démarche au formalisme de son organisation

Si l’UNSA Éducation a soutenu l’intĂ©rĂŞt de l’évaluation des Ă©coles et Ă©tablissements, c’est surtout parce que ce dispositif, fondĂ© sur l’adhĂ©sion et le volontariat des Ă©quipes pĂ©dagogiques, introduisait une nouvelle modalitĂ© plus participative pour les personnels et donc plus Ă  mĂŞme de poser des objectifs lucides et adaptĂ©s. Malheureusement, cet Ă©lan initial semble bien oubliĂ© aujourd’hui. Les listes d’écoles et Ă©tablissements Ă  Ă©valuer sont Ă©tablies par l’administration qui semble plus soucieuse de « faire du chiffre Â» que de l’intĂ©rĂŞt du processus pour les enseignant.es et les Ă©lèves. Les modalitĂ©s de passation font fi des contraintes fonctionnelles. Elles obligent souvent les Ă©valuatrices et les Ă©valuateurs Ă  des dĂ©placements excessifs, aggravĂ©s parfois par le choix de les dĂ©placer Ă  l’échelle de la rĂ©gion acadĂ©mique, faisant fi des difficultĂ©s organisationnelles et matĂ©rielles qui alourdissent la charge de celles et ceux qui mènent ces Ă©valuations.  Le dĂ©fraiement mĂŞme de ces missions est parfois difficile Ă  obtenir.

Pour allĂ©ger la charge de travail que gĂ©nère les Ă©valuations, les Ă©quipes doivent ĂŞtre rĂ©duites Ă  trois personnes (dont un·e issu·e des corps d’inspection et un personnel de direction).  De plus, toutes les demandes Ă©ventuelles de « rattrapage » de retards d’évaluation doivent cesser et cĂ©der la place Ă  une planification lissĂ©e qui respecte la disponibilitĂ© de tous les personnels concernĂ©s, pour intervenir dans le pĂ©rimètre de leur acadĂ©mie et leur permettre d’assurer les autres missions dont ils ont la charge.

Pour l’UNSA Éducation, l’évaluation des Ă©coles, des Ă©tablissements et des services s’inscrit dans une dĂ©marche qualitĂ©. Elle doit permettre aux acteurs de terrain de rĂ©flĂ©chir Ă  leur action, d’établir un diagnostic et de se fixer des objectifs en lien avec le projet d’école et d’établissement. Cette Ă©valuation n’a pas vocation Ă  mettre en concurrence les structures Ă©ducatives mais Ă  amĂ©liorer leur efficacitĂ©. Elle doit ĂŞtre suivie des moyens indispensables identifiĂ©s pour progresser : formations, ressources humaines, crĂ©dits pĂ©dagogiques. Elle ne doit pas s’ajouter Ă  toutes les autres formes de dĂ©bats annoncĂ©s par l’exĂ©cutif dans le cadre du Conseil national de la Refondation.

En consĂ©quence, l’UNSA Éducation demande sa suspension a minima durant le premier trimestre de cette annĂ©e scolaire 2022-23, pour les Ă©coles, ainsi qu’une remise Ă  plat des objectifs et procĂ©dures afin que :

  • les objectifs soient clarifiĂ©s
  • l’articulation de l’évaluation de l’école ou d’établissement avec le projet d’école ou d’établissement soit explicitĂ©e
  • la rĂ©ponse de l’institution aux besoins identifiĂ©s soit garantie
  • les procĂ©dures soient adaptĂ©es aux structures scolaires
  • les moyens soient donnĂ©s aux Ă©quipes comme aux Ă©valuateurs et aux Ă©valuatrices afin que les procĂ©dures soient soutenables.
  • les Ă©quipes d’évaluateurs et Ă©valuatrices soient accompagnĂ©es et formĂ©es afin d’être lĂ©gitimĂ©es et reconnues dans leurs missions.
 
 
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