Retour à l'article normal

SE-UNSA 14


 Par SE-UNSA 14

Refondation de l’Ecole dans l’académie de Caen

 
  • Lnk_twitter

"Refonder" en quelques clics et en quelques heures...mode d'emploi

Le 14 septembre se tenait, à l’IUFM de Caen, la consultation académique sur la refondation de l’Ecole, déclinaison locale de l’ambition nationale de rénovation affichée par le ministère. 

Le ministère ayant listé des axes de travail, l’académie a sélectionné 6 thèmes plus particulièrement en prise avec les réalités locales (Liste ici).  Il s'agissait de débattre et de proposer des idées en complément des contributions livrées sur internet. 

Etaient conviés « les partenaires de l’école » au sens large… (Région, responsables du rectorat, chefs d’établissements, associations partenaires de l’Ecole, associations de parent….) dont les organisations syndicales. 

Le vendredi matin se sont donc tenus 6 ateliers…sur deux heures.  L’après midi était consacré au compte rendu des débats et à quelques interventions.  A 16h tout le monde était sorti. 

Les propositions du SE-UNSA

Dans les différents ateliers, le SE-UNSA a fait valoir ses positions : mise en œuvre d’un livret de compétence rénové (car la situation actuelle est consternante) ; nécessité de reconfigurer la formation des enseignants en donnant sa juste place à la dimension professionnelle ;  effort sur la scolarisation des deux ans en zone prioritaire ; réflexion nécessaire sur les missions, le  temps de travail et le temps de service des enseignants….(pour consulter les autres propositions de notre syndicat, c'est ici)

Ainsi, sans se  bercer de vaines illusions sur la portée de cette rapide consultation locale, le SE-UNSA et l’UNSA-EDUCATION ont tenu à assumer leur rôle de force de proposition.  Certaines organisations, se situant dans une logique que nous ne partageons pas, étaient simplement absentes ou se focalisaient, comme à l'acoutumée, sur la seule question des moyens.  A l'évidence, dans ce type de démarche, l'approche corporatiste de certains syndicats montre clairement ses limites, et leur déficit de projet pour le système éducatif dans son ensemble éclate au grand jour.

Les limites du débat....

On peut toutefois retenir que la qualité des débats fut inégale, en partie faute du temps nécessaire pour approfondir des questions complexes. L’organisation de la journée n’est pas non plus exempte de tout reproche : questions annoncées un peu tardivement, aux contours flous (« comment repenser les réseaux ? ») ; un découpage thématique un peu artificiel parasitant l’appréhension globale du système éducatif ; une animation confiée a des personnels certes compétents, mais chargés de mission auprès du rectorat dans les domaines soumis au débat, et par là même tentés de valoriser et valider le choix académiques déjà en œuvre…  

Les « synthèses des contributions » sont disponibles sur le site du rectorat et témoignent des limites de ce genre d’exercice : en si peu de temps, il est bien difficile de sortir des généralités et des vœux pieux. 

En guise d’exemple, voici un extrait de ce qui ressort du débat sur le décrochage : « L’organisation du travail des enseignants doit s’adapter à la diversité des élèves et de leurs besoins. Il s’agit de permettre le travail en équipe, la différenciation….Une redéfinition des missions des enseignants s’impose. »  Une fois cela écrit, on n’est sans doute pas plus avancé ! La nécessité de la différenciation est scandée depuis bien longtemps par les corps d’inspection, mais la réalité évolue peu ; idem pour la question du travail en équipe ;  quant à la liste des missions des enseignants, elle est déjà bien longue.

Au fond, la véritable question est bien celle du « comment ? » ! Comment faire pour dépasser l’incantatoire et faire évoluer véritablement le métier, les pratiques, les logiques à l’œuvre après des années de mépris affiché envers les enseignants et la sévère dégradation des conditions de travail ?  Disons le tout net, ces préconisations et la refondation de l’Ecole resteront lettre morte si l’on s’en tient à des généralités : il faut poser clairement la question de l’organisation structurelle du métier er des statuts, et ne pas ignorer la question de la revalorisation et des conditions de travail. 

Portée des débats et perspectives de la refondation

Il s’agissait bien de répondre localement, dans un temps relativement court, à une commande ministérielle un peu précipitée.  L’investissement rectoral a été très modeste : quelques heures de débat pour refonder l’Ecole en Basse-Normandie, cela ne va pas très loin… Certaines académies ont fait beaucoup mieux.  

Bref, cette consultation fait un peu « consultation alibi » pour dire que les décisions ne sont pas décidées "en haut".   Toutefois, et même si on ne peut s’empêcher de penser que certains choix sont déjà faits, il n’est pas impossible que ces débats servent de base (ou de sondage) pour opérer les derniers arbitrages au niveau national.   Le rapport issu de la concertation sortira aux alentours du 10 octobre, le ministre s’exprimera aux alentours du 15 octobre, la loi sera sans doute discutée en décembre au parlement. Débuteront alors les négociations avec les organisations représentatives des personnels pour décliner la loi en décrets, arrêtés et autres circulaires.

Mais soyons sûrs d'une chose : si l’on a rien de concret à offrir aux équipes pédagogiques en terme de refondation du métier et de revalorisation,  il est illusoire de penser que celles-ci adhèreront pleinement à une énième réforme de l’Ecole les enjoignant de révolutionner leurs habitudes et leurs pratiques…