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A travers un court échange WhatsApp entre deux enseignants (les noms ont été changés), nous allons vous éclairer tout le dilemme pour les enseignants… et toute la perversité qui se cache derrière ce Pacte.
Emeline : C’est bien le problème… prise d’otages des enseignants et des élèves…
Alex : C'est un chantage aux élèves. Une manière d'imposer le sacrifice. Le Pacte est la mort du peu de liberté que l'on a. Mais c'est un poison lent. Il faudra 4-5 ans pour qu'on en mesure l'effet destructeur. Pour ma part, je me refuse à être complice mais tout le monde ne peut pas se permettre de rester pur du fait du problème financier. Mais si les collègues y entrent, tout le monde paiera l'addition à un moment.
Emeline : c’est un vrai problème vu le profil de nos élèves. J’avoue que je me tâte pour Devoirs Faits… Et ce n’est pas une question d’argent pour ma part… mais une vraie question de besoin de nos élèves. Je le faisais l’an dernier et ça fonctionnait bien. Un vrai problème de conscience en fait.
Alex : non mais à ce compte-là il n’y a plus de limites : pourquoi pas bosser gratos ? Parce que à terme cette solution c'est faire le choix de toujours moins de titulaires, des classes toujours plus chargées, de plus en plus de contractuels. Bref, au prétexte de sauver ses propres élèves de son propre établissement, on dégrade les conditions de travail des profs et élèves de demain.
Emeline : c’est pas si simple Alex… même si bien sûr tu as raison sur le fond. Je te dis juste mon état d’esprit qui est partagé entre mauvaise conscience si je prends un pacte « devoirs faits » et culpabilité vis à vis de mes élèves. Bien sûr que ce pacte est une grosse mer**. Je pense que beaucoup de collègues sont dans le même cas de conscience que moi. Et ce n’est pas uniquement une question d’argent. Je ne veux pas être jugée sur ce fil… je veux juste pouvoir m’exprimer et exprimer surtout mon désarroi.
Tout est dit, et le plus frustrant c’est que le gouvernement s’en sortira bien dans tous les cas sauf s’il y a un refus généralisé de tout le monde.
Exemples de dilemnes - outre le dilemme pécunier :
*devoirs faits et Soutien en 6ème : le gouvernement avait misé sur une adhésion massive au Pacte des professeurs des écoles avec des actions vers le collège. Face au boycott des PE, les professeurs de collège se retrouvent en difficulté avec des effectifs en classe entière et les principaux doivent toquer aux portes des PE et des PE en SEGPA quand il y en a. Bref, prise d’otages des élèves et des profs de 6èmes : on laisse les enfants en classe entière ? On laisse les collègues les ayant obligatoirement se débrouiller seuls ?
*missions pédagogiques 1er degré : il y avait des restrictions au départ, « une mission péda par circonscription ». Face aux manques de Pacte distribués, on nous parle de demi-pacte possibles de missions pédagogiques pour des collègues qui passent du temps à monter un projet ou veulent faire des essais. Pour le coup ça pourrait être bien, et faire rémunérer des actions qui ne l’étaient pas ; mais on peut être sûr que le gouvernement communiquera pour dire que c’est grâce à eux et que le Pacte ça marche.
*Remplacement de Courte Durée (RCD) : dans les collèges/lycées, on ne peut accéder aux missions pédagogiques que si le niveau 1 du Pacte (RCD) est mis en place. Avec la réduction des dotations – qui ne va sûrement pas aller en s’arrangeant - les rémunérations passent quasiment toutes par le Pacte, donc si les profs veulent financer des actions pédagogiques ils doivent d’abord mettre en place un Pacte RCD. Les profs étant hostiles pour beaucoup au RCD tel qu’indiqué dans le Pacte, doivent-ils annuler des missions pédagogiques financées jusqu’alors en dotations (en pièce jointe vous trouverez la position des profs du collège J.Monod à Caen) ?
En tant que syndicat la position à adopter est claire : c’est non ! C’est une fausse revalorisation puisque c’est une augmentation du temps de travail et non une augmentation du point d'indice ; Devoirs faits et Soutien en 6ème sont loin d’être une solution pour remédier à la difficulté scolaire ; c’est méprisant vis-à -vis des enseignants.
Pour autant brandir haut et fort le non en demandant une augmentation des salaires et moins d’élèves par classe, c’est blâmer et stigmatiser les collègues qui ont des besoins financiers immédiats, mais aussi les collègues qui veulent s’engager dès cette rentrée pour le bien de leurs élèves. Au Se-UNSA 14 on a donc choisi de n’accuser personne mais d’expliquer et de dénoncer cette manière perverse de procéder du gouvernement.