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SE-UNSA 13


 Par SE-UNSA 13
 Le  mercredi 6 décembre 2017

Enquête PIRLS : plan ministériel à contresens

 

 

L’étude internationale PIRLS 2016 qui mesure les performances en compréhension de l’écrit des élèves en fin de quatrième année de scolarité obligatoire (CM1) indique que la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne internationale mais nettement en dessous de la moyenne des pays européens. Elle montre une nette chute des résultats par rapport à 2011. Ce sont les performances dans les compétences de compréhension les plus complexes (interpréter et apprécier) qui ont régressé le plus.
 

L'analyse du SE-Unsa

Le ministre s’empare des résultats de PIRLS pour lancer son programme « maîtrise de la langue française » dont les objectifs ne sont pas centrés sur la compréhension mais sur le déchiffrage et la maîtrise du code.

Il évacue la question de l’accès au sens et privilégie les apprentissages formels en relançant les découpages et les exercices traditionnels (orthographe, grammaire, vocabulaire).

Il ne tire donc aucune leçon de l’échec des programmes de 2008.

 
Le SE-Unsa rappelle que les élèves testés sont entrés à l’école maternelle en 2009 et ont subi pleinement les effets de la politique éducative de l’ère Sarkozy (programmes de 2008, semaine de 4 jours, suppression de postes, réduction de moitié des enseignants spécialisés des Rased, quasi-suppression de la formation initiale et continue des enseignants).
 
Au lieu de s’inscrire dans une logique d’école durable en s’appuyant sur les programmes de 2015 dont enseignants et chercheurs s’accordent pour reconnaître la qualité,  le ministre les remet déjà en cause en annonçant des progressions et repères annuels et des « ajustements nécessaires ».
Enfin, il ne propose aucun moyen supplémentaire, se contentant de recycler les dispositifs existants (APC, AP, devoirs faits, stages de remise à niveau) et d’imposer de nouvelles évaluations nationales en milieu de CP et en début de CE1 dès la rentrée 2018.
 
 
Le SE-Unsa attendait un plan ambitieux de formation, s’inscrivant dans la durée. Avec l’annonce de 9 heures d’animation pédagogique, le ministre est très loin du compte.
 
Pour le SE-Unsa, le ministre est à contre-courant des attentes des professionnels de l’éducation.  Il passe à côté de l’occasion de mobiliser l’ensemble de la communauté éducative pour relever le défi majeur de la maîtrise de la langue et de l’accès de tous à une compréhension autonome de l’écrit.

 

Focus : que propose le ministre ?

Le ministre semble se focaliser sur l’apprentissage de la lecture –déchiffrage et la correction de la langue alors que ce que montre PIRLS, c’est surtout un déficit dans les compétences de compréhension de haut niveau.

Ses propositions tendent à revenir sur les avancées des programmes de 2015 pour reprendre les « recettes » des programmes de 2008. Or ces programmes n’ont pas modifié la tendance à la baisse des performances, tout au contraire.

 
- Retour de repères annuels, qui contredisent la logique des cycles
 
- Clarification des programmes par le CSP avec ajustements nécessaires
 
- Recommandations du Conseil Scientifique du Ministre pour le choix des manuels
 
- Multiplication des évaluations nationales à partir de la rentrée 2018(début de CP, milieu de CP, début de CE1, début de 6ème) qui n’offrent que des constats et n’améliorent pas les apprentissages
 
- Retour de la dictée quotidienne (sous quelle forme et avec quel objectif ?) : en quoi cela améliore-t-il la compréhension ?
 
- Retour des entrées « vocabulaire, orthographe, grammaire »
 
- Mobilisation des heures d’APC et d’AP et stages de remise à niveau : dommage d’avoir autorisé la suppression d’une matinée de classe pour faire appel à des temps hors la classe pour remédier aux difficultés !
 
- Moitié du temps d’animation pédagogique consacrée à l’apprentissage de la lecture : une priorité chasse l’autre, il y a peu de temps c’était les mathématiques qui devaient être la priorité des animations.