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SE-UNSA 12


 Par SE-UNSA 12
 Le  mardi 31 octobre 2023

Le SE-Unsa reçu par le ministre, les sujets abordés.

 

M le ministre, voici les priorités du terrain.

 Jeudi 19 octobre, le SE-Unsa a été reçu par Gabriel Attal pour porter à la connaissance du ministre les priorités qui doivent être celles de l’École aujourd’hui.
Cet entretien a aussi été le moment pour échanger sur les sujets d’actualité qui bousculent, violentent notre École, déjà bien sous tension ces dernières années. 
 
 
Attractivité et parcours professionnels, budget et démographie, École inclusive et éducation prioritaire, mais aussi bien sûr laïcité et "vrais fondamentaux" de l’École ont donc occupé les débats sur les travaux à mener pour cesser de voir se dégrader les conditions de travail des personnels et les conditions d’apprentissage des élèves.
 
 
 
 
Focus sur la journée hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard
 
Lors de cette audience, le SE-Unsa a aussi redit l’incompréhension et même la colère de la profession quant à l’organisation de la journée de lundi 16 octobre. crochage de considération entre le 1er et le 2d degré quant à l’aménagement du temps de cette journée pour les équipes.
Il a également regretté la forme du message envoyé par le ministre aux personnels samedi dernier ; une dissociation de ce message entre personnels du 1er degré et personnels du 2d degré aurait déjà été moins « crispante ».
 
Le SE-Unsa a déploré que la demande faite aux entreprises d’une certaine indulgence sur un retard éventuel pour les parents ayant à amener leurs élèves au collège ou au lycée n’ait pas été d’actualité dès vendredi soir afin que la banalisation puisse aussi s’organiser pour le 1er degré où l’âge des élèves justifie bien plus un retard de parents au travail.
 
Enfin, le SE-Unsa a rappelé que le déclenchement du plan Vigipirate en raison du niveau d’alerte élevé du pays, ne rendait pas pour autant possibles les consignes de sécurisation adressées aux écoles et établissements. Au-delà de leur caractère souvent irréaliste et irréalisable, on ne peut être dans l’injonction inconsidérée des équipes et la suspicion permanente des élèves. Ces consignes pour une sécurité accrue qui ne remplacent en rien les temps et les moyens pour les mettre en place, mériteraient bien plus d’accompagner plutôt que mettre la pression sur les équipes.
 
Cette parole, le SE-Unsa a fait le choix de ne la diffuser qu’en cette fin de semaine par décence, par respect de l’hommage dédié en début de semaine à nos collègues victimes du terrorisme islamiste.
Le SE-Unsa est porteur de valeurs et ne se contente pas de les dire, il les fait vivre en les respectant.
 

Une École pour tous où le savoir ne peut être seul roi

 
Cette audience a été l’occasion de revenir sur l’annonce du ministre lors de la Journée mondiale des enseignants sur sa mission « Exigences des savoirs » où le savoir est placé au centre, où l’enseignant a autorité car il est celui qui sait et l’élève celui qui ne sait pas. 
Pour le SE-Unsa, si le soutien en français et mathématiques doit continuer à bénéficier d’aménagements spécifiques pour aider les plus fragiles, le ministre occulte dans sa feuille de route les "vrais fondamentaux" essentiels à des élèves qui s’émancipent et trouvent en l’École les repères nécessaires d’une société plus juste.
 
 
Des priorités plus loin des médias mais plus près des besoins
 
Le SE-Unsa a rappelé au ministre son souhait de retravailler rapidement une nouvelle carte de l’éducation prioritaire qui puisse prendre en compte les écoles et établissements qui n’y sont pas actuellement mais dont les indicateurs (IPS, résultats des évaluations nationales ou des examens) devraient leur permettre d’intégrer les réseaux, une carte qui prenne en compte les écoles orphelines et enfin une carte qui intègre les lycées. 
Le SE-Unsa a aussi rappelé au ministre que la carte de l’éducation prioritaire ne peut pas se confondre avec la carte des quartiers politique de la ville (QPV) qui va être redessinée. Le ministre dit vouloir attendre la nouvelle liste des QPV pour refondre la carte de l’éducation prioritaire mais sans que ces deux se confondent. Il dit avoir conscience qu’il existe des réseaux d’éducation prioritaire dans l’espace rural, mais que la nouvelle carte ne sera prête que pour la rentrée 2025.
 
Le SE-Unsa a porté auprès du ministre que l’École, notamment dans le premier degré, est à un point de rupture sur la question de l’École inclusive, que de nombreux collègues pourraient en venir à « la rejeter » tant les conditions d’accueil de certaines difficultés rendent le métier et l’apprentissage impossibles et même dangereux pour les personnels et pour leurs élèves.
Pour éviter une telle issue dommageable, le SE-Unsa demande notamment des personnels en appui des enseignants pour prendre en charge les élèves à besoins éducatifs particuliers qui en ont besoin, mais aussi des Rased. Le SE-Unsa a rappelé que l’École inclusive ne pouvait pas se construire sans les personnels, ce qui implique des groupes de travail sur les mesures de la Conférence nationale du handicap. Le ministre répond à cela que les Pial ne sont que des structures de gestion des AESH et que les pôles d’appui à la scolarité (PAS) permettront d’apporter ce soutien aux personnels et de faciliter les démarches des familles. Des groupes de travail interministériels avec les organisations syndicales sont prévus, le SE-Unsa y prendra toute sa part.
 
Enfin, le SE-Unsa a rappelé au ministre son opposition à la suppression de la technologie en 6e et que la revalorisation prévue de la discipline n’était pas au rendez-vous au vu des nouveaux programmes du cycle 4 en discussion. Le ministre reconnaît une annonce brutale et qui ne lui convient pas.
 
 
Laïcité : plus que jamais d’actualité, mais à quel prix !
 
Depuis l’affaire de Creil, le sujet de la laïcité au sein de l’École tend à répondre à des situations de crise sociétale. Le SE-Unsa a alerté le ministre sur la dérive de toujours associer la laïcité avec un combat contre les comportements et dérives contraires au principe qui se développent au sein de la société. À l’École, le travail doit porter sur la liberté de conscience et la nécessaire émancipation.
Depuis 2017, sont recensées les atteintes à la laïcité. L’an dernier, 41 % de ces atteintes concernaient des signes religieux. 45 % étaient des contestations sur les contenus et les activités, ou du prosélytisme. Celles-ci empêchent les personnels de faire leur travail dans de bonnes conditions et tendent à développer l’autocensure. Or, on ne propose pas grand-chose comme solutions sur cette problématique. Le SE-Unsa a rappelé que le suivi des signalements était important pour que les personnels soient rassurés et soutenus par leur hiérarchie.
 
Enfin, le SE-Unsa a procuré au ministre l’enquête du Cnal de mai 2023 pour lui faire part de points saillants :
  • besoin de davantage de reconnaissance institutionnelle (sur la carrière, la rémunération) quand un personnel s’engage dans des projets liés à la laïcité,
  • besoin de travailler sur la mixité sociale car les chiffres montrent bien que l’autocensure et les difficultés sont exacerbées en éducation prioritaire.
Le ministre dit vouloir interroger les représentants des personnels sur la refonte des programmes d’EMC. Il pense aussi proposer qu’en cas de frein, de situation difficile pour « parler laïcité », des personnels extérieurs puissent, avec l’accord de l’enseignant, co-intervenir en classe pour aider ce dernier. Le SE-Unsa a rappelé que ce dispositif existant était à renforcer et que les ressources étaient souvent insuffisantes et mal connues des personnels.

Attractivité oui, recul non !

Dès la rentrée, le ministre avait ouvert un cycle de concertations pour permettre de restaurer une attractivité de nos métiers aujourd’hui en berne.
Attractivité et parcours professionnels, budget et démographie, ont donc occupé une partie des débats car à ce jour les orientations prises vont à l’encontre d’une amélioration de l’image du métier, que ce soit pour ceux qui voudraient y entrer ou pour ceux qui l’exercent déjà.
 
 
Budget : la baisse démographique doit bénéficier à la qualité éducative
 
Le SE-Unsa a réaffirmé au ministre sa ferme opposition aux suppressions de postes prévue dans le Projet de loi de finances 2024. Il a également réitéré sa demande d’une loi de programmation pluriannuelle pour l’École afin de se donner les moyens de poursuivre l’augmentation du budget de l’École dans les années à venir. 
Le ministre a indiqué être défavorable à une loi de programmation.
 
Pour le SE-Unsa, la baisse démographique du nombre d’élèves dans les années à venir doit permettre de renforcer les moyens de l’École, insuffisants aujourd’hui pour dépasser les maux de l’École. Le SE-Unsa a dit au ministre combien il était essentiel de « saisir cette opportunité » non pas pour réduire les moyens de l’École mais au contraire les renforcer à cette occasion.
 
 
Attractivité : les choix ministériels doivent mesurer le poids de leurs conséquences
 
Le SE-Unsa a rappelé au ministre que le dossier de la revalorisation salariale n’était pas clos et qu’il serait très préjudiciable de ne pas donner de visibilité au plus vite sur les points qu’il reste à travailler.
 
À ce sujet, le SE-Unsa a dénoncé les nouvelles modalités envisagées pour accéder à la classe exceptionnelle, totalement à rebours des attentes que le ministre a lui-même créées. 
Le SE-Unsa refuse en effet un passage à la classe exceptionnelle qui ne reposerait sur aucun critère objectif et ne serait fondé que sur une appréciation du supérieur hiérarchique. D’autres modalités qui, elles, sont plus transparentes et équitables sont possibles, tel le recours à un barème prenant en compte les missions et fonctions particulières ou encore la mise en place d’un rendez-vous de carrière. Le SE-Unsa a fait plusieurs propositions.
 
Le SE-Unsa a demandé au ministre de mettre un terme à la destruction programmée d’une formation continue digne de ce nom. Positionner les temps de formation sur les soirées et les vacances scolaires, c’est ignorer, dégrader le droit à l’équilibre vie pro/vie perso des personnels mais c’est aussi créer les conditions d’un assèchement des viviers de formateurs et d’une impossibilité à se former correctement des personnels.
 
Le SE-Unsa a également demandé au ministre de mettre en application sa volonté affichée de développer la mobilité à l’international en permettant plus facilement l’obtention des détachements (presque 300 postes AEFE n’ont pas été pourvus cette année). Les demandes des personnels du 1er degré et du 2d degré doivent être traitées équitablement. Si les demandes de détachement sont accordées pour les personnels du 2d degré dès lors qu’elles parviennent avant le 31 mars, cela n’est nullement aussi évident pour les personnels du 1er degré qui dépendent nécessairement de l’accord des Dasen et ce, quelle que soit la date. Enfin, on constate un grand déséquilibre entre les territoires. Certains Dasen tiennent des positions dogmatiques et refusent systématiquement toute demande de détachement. Opposer un tel refus ne peut que démotiver !
 
Pour le SE-Unsa, le ministère doit aussi permettre à ses agents d’aller jusqu’au bout de leur carrière, en fonction de leurs capacités, parfois diminuées car le métier use. Chacun doit avoir la possibilité de partir en retraite progressive, comme le prévoient les textes. Pour cela, il faudrait avoir provisionné les moyens pour compenser leurs temps partiels. Les 2 500 postes que le ministre envisage de supprimer auraient permis un départ progressif de nombreux agents.
 
Enfin, l’institution doit offrir aux élèves des conditions d’apprentissages dignes et permettre aux personnels d’exercer dans des conditions tout aussi décentes. Le SE-Unsa a à nouveau alerté le ministre sur la situation de la Guyane et de Mayotte. À l’heure où est interrogée la priorité de rénovation du bâti scolaire, il y a une priorité des priorités à faire pour ces deux territoires.