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SE-UNSA 12


 Par SE-UNSA 12
 Le  jeudi 25 novembre 2021

Billet d’humeur : des mercis et.....

 

Une collègue directrice nous a envoyé un coup de gueule et a gentiment accepté de le partager.

Ces témoignages se multiplient. Nous vous invitons à nous en envoyer, que vous soyez chargé de la direction ou non. Ils seront utiles pour illustrer nos propos vis à vis de notre administration.

Les annonces ministérielles de ce jour risquent fort de détériorer encore un peu plus la situation des équipes pédagogiques.

Au niveau syndical, nous continuons de porter le message d'un temps de travail qui explose et qui n'est pas reconnu autrement que par des paroles... Nous interpellerons Mme la Dasen en ce sens lors de l'audience du 2/12.

Merci !

    Depuis quelques temps, très régulièrement nous recevons des remerciements de notre hiérarchie (IEN, DASEN, ministre...) pour tout le travail supplémentaire lié à la crise. Ce travail vient en plus du travail que nous faisions auparavant et qui nous occupait déjà à 150%.

    Je ne doute pas que ces remerciements puissent être sincères, que les personnes qui les font mesurent la quantité de travail que cela représente et qu'ils veulent vraiment nous montrer leur soutien. Le problème c'est qu'on parle ici parfois de dizaines d'heures de travail supplémentaires sur une même semaine et que cela arrive de nombreuses fois dans l'année. Alors recevoir un merci pour tout ça est bien mais je trouve que cela devient agaçant.

    Je sais que chaque cas est différent, que certains s'en sortent sûrement mieux que moi mais qu'il y en a aussi pour qui cela est encore plus compliqué, alors je vais juste apporter mon témoignage.

Cette année, pour la première fois, j'ai fermé une classe juste avant les vacances de la Toussaint. J'ai alors découvert le travail colossal que cela représente :

- d'abord il faut communiquer avec les familles (dès qu'on apprend le cas positif, dès que l'on a une confirmation officielle de fermeture mais aussi pendant la fermeture et pour la réouverture). Cela prend un temps considérable. Les familles ne comprennent pas toutes les documents administratifs, la nécessité de faire deux tests...

- il faut joindre le service santé, là encore si nous communiquons avec les familles le soir, le week-end et les jours fériés, le service santé lui est joignable aux heures où nous sommes en classe.

- ensuite, il faut nous-même faire les attestations d'isolement comme le fait la sécurité sociale quand ça ne concerne pas une école (eux ont recruté des personnes pour faire cela), ces attestations nominatives doivent comporter le nom de l'enfant, des deux parents et doivent être signées et tamponnées par le directeur avant d'être envoyées à chacune des familles.

- enfin, il faut obtenir un document pour le retour de chaque enfant, là encore, cela n'est pas du tout évident pour toutes les familles.

    Au retour des vacances, j’apprends le mardi que plusieurs élèves sont cas contacts car ils sont allés au centre de loisirs le dernier vendredi avant la rentrée. Là encore, il faut que je m'en occupe, que je mène des "enquêtes", la famille m'avait prévenue mais n'avait pas prévenu le centre de loisirs, ce n'est pas ma responsabilité mais je sais alors je ne peux pas faire comme si je ne savais pas... il faut aussi que j'explique que dans ce cas ce n'est pas à moi de fournir des attestations... les parents le regrettent, ils m'indiquent même que je suis plus efficace et rapide que la sécu...

    Puis, un jour sans classe, j'apprends qu'il y a un nouveau cas positif dans une classe, je n'attends pas le lendemain pour communiquer avec les familles (là encore, dans la plupart des boulots, travailler serait reconnu..), mais j'attendrai le lendemain pour avoir la confirmation officielle de la fermeture. Et c'est donc reparti : la communication avec les familles de la classe mais aussi de toute l'école, les nombreuses attestations... c'est ainsi que le lendemain, nous avons la moitié de nos élèves.

   Cette semaine aurait pu être calme, pas de nouveaux cas positifs ou contacts mais il y a le retour des cas contacts, qui reviennent sans mot des parents comme quoi ils ont bien fait les tests demandés, il faut filtrer au portail, appeler les familles... et le lendemain c'est le retour des élèves de la classe fermée, on recommence (liste, filtrage, appel aux familles...). Et pour couronner le tout, une collègue est absente car la classe de son fils est fermée, elle ne demande que deux jours sur les quatre nécessaires et elle n'est pas remplacée le premier jour de son absence (elle qui avait fait une heure de route pour aller à l’école le mercredi pour que la préparation de la classe soit bien détaillée pour son remplaçant) …

    Et voilà que je reçois un mail : Merci !

    Et bien, là, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, ce merci ne m'aide pas, ne compense pas le travail effectué, ce n'est pas de cela que j'ai besoin, ni même d'une prime (même si ce ne serait pas du luxe car si on ramène ce que l'on a obtenu aux heures effectuées c'est ridicule personne ne travaille pour si peu) mais d'une vraie reconnaissance que ce que je fais en ce moment ce n'est pas mon travail mais bien du travail supplémentaire pour lequel j'ai besoin de temps supplémentaire car sinon il est clair que je ne pourrai pas tenir ce rythme très longtemps.

    Dans ce contexte, je me retrouve avec des animations pédagogiques deux mercredis de suite et là je me dis c'est de cela que j'avais besoin, qu'on compense tout ce travail fourni par une dispense de ces heures. Oui, la formation doit rester un droit, mais dans ce contexte elle ne devrait pas être un devoir. Nos heures, nous les faisons très largement.

    Je suis en surcharge cognitive, depuis cette rentrée j'ai l'impression de nager à contre-courant, je n'arrête pas mais je n'avance pas, je ne suis jamais à jour. Je m'inquiète pour ma santé mentale. Deux heures avant le premier conseil d'école, je me suis retrouvée à appeler l'élu chargé des affaires scolaires de ma commune car, tout d'un coup, j'ai pensé que j'avais oublié de l'inviter... ce n'était pas le cas, il a trouvé cela très amusant, cela peut en effet prêter à sourire, mais depuis mes débuts, je n'ai jamais oublié d'inviter personne, ni eu ce type de doute... mais là ...

     Je m'inquiète de l'avenir des directeurs, on nous en demande toujours plus et on le fait toujours pour nos élèves et leurs familles mais combien de temps pourrons-nous tenir ce rythme? Et puis, comme le temps n'est pas extensible, ce que l'on fait en plus c'est toujours à la place d'autres choses qui étaient pourtant importantes et nécessaires.