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SE-UNSA 12


 Par SE-UNSA 12
 Le  mardi 2 juin 2020

2S2C et pourquoi pas R2D2 ?

 
Ce matin, nous avons reçu un courriel dans les écoles, adressé par notre DASEN sur la mise en place des 2S2C (Sport et Santé - Culture et Civisme).
 
Pour rappel, ce dispositif a été mis en place en l’absence totale de présentation, et encore moins de concertation au sein de notre propre ministère de l’Éducation nationale, alors qu'il est positionné sur le temps scolaire et fait appel à ses acteurs.
 
Au-delà de se priver de l’avis et des compétences des experts de terrain, écarter une fois de plus la profession des discussions peut être lu de façon légitime comme une mise à l’écart de la profession elle-même dans la mise en œuvre du dispositif.
 
 
Alors le 2S2C, c’est quoi ?
 
Annoncé publiquement par Jean-Michel Blanquer le 21 avril dernier, et cité une nouvelle fois le 28 mai dernier, le dispositif 2S2C, est inscrit dans la circulaire du 4 mai relative à la réouverture des écoles et établissements et aux conditions de poursuite des apprentissages.
 
Son objectif affiché est d’assurer l’accueil des enfants sur le temps scolaire lorsque ces derniers ne peuvent pas être en présence de leur professeur compte tenu des mesures de distanciation à respecter en raison de l’épidémie de Covid-19.
 
Discutée au sein d’autres ministères mais jamais avec les acteurs de l’Éducation nationale, sa mise en œuvre dans le champ des activités physiques et sportives est (enfin) cadrée depuis le 19 mai par une instruction adressée aux préfets.
 
 
Quel est alors le cadrage de cette mise en œuvre ?
 
Le 2S2C ne peut être mis en place qu’à la suite de l’établissement d’une convention entre l’IA-Dasen et chaque maire volontaire.
Cette convention dite relative à la continuité scolaire et la réalisation d’activités sportives et culturelles sur le temps scolaire exige, entre autres, que :
  • les activités proposées s’inscrivent dans le prolongement des apprentissages et en complémentarité avec l’enseignement présentiel ou à distance et respectent les principes de neutralité et de laïcité
  • les modalités d’intervention des personnels employés au sein du 2S2C soient fixées en concertation avec l’équipe éducative (types d’activités, temps, lieux, …)
  • la participation des enfants à cet accueil soit gratuite et laissée à l’appréciation des familles
  • les activités proposées se déroulent dans le cadre des règles sanitaires applicables (ex : groupe limité à 15)
  • les services déconcentrés du ministère des Sports veillent, avec les membres du Groupe d’appui départemental, les fédérations sportives scolaires (USEP, UNSS) et le mouvement olympique, à recenser les clubs et éducateurs sportifs volontaires pour proposer des activités à destination des élèves et vérifier l’honorabilité des intervenants sportifs en relation avec les IA-Dasen (carte professionnelle, casier judiciaire, neutralité, …)
 
La convention une fois établie vaut pour la durée restant de la présente année scolaire.
 
 
L’avis du SE-Unsa
 
L’objectif de soutenir les territoires dans l’accueil d’un maximum d’élèves dans le respect contraint des conditions sanitaires tout en gardant une visée éducative semble logiquement favorable.
 
Cependant, les réalités locales actuelles font surgir de nombreuses interrogations qui ne trouvent pas leurs réponses dans quelconque cadrage :
  • l’accès très limité, voire parfois impossible, aux installations sportives que subissent déjà les enseignants, professeurs des écoles comme enseignants d’EPS
  • la sur sollicitation des directeurs d’école et des chefs d’établissement à qui proposer un énième dispositif à superviser semble impensable
  • la lourdeur administrative de recensement des intervenants et de la vérification de leur habilitation, de recensement des familles intéressées et de l’organisation des groupes, des temps et des activités, …
C'est la réponse à l'affirmation faite par notre ministre qui a dit " toutes les familles qui le veulent doivent pouvoir scolariser au moins partiellement."
Une nouvelle fois, l'information arrive dans une période surchargée et pose davantage de questions qu'elle n'apporte de réponses.

-S'agit-il de réfléchir en amont pour une mise en place en septembre ? Si c'est cela, laissez-nous du temps, des moyens et donnez-nous toutes les réponses.

-S'agit-il d'apporter une solution aux écoles qui n'arrivent pas à  l'heure actuelle à proposer cette scolarisation partielle à tous les élèves ?
La solution la plus simple aurait été de supprimer les priorités.

-S'agit-il d'augmenter la présence des élèves dans une classe où la scolarisation partielle est déjà opérationelle ?
Il serait anormal de demander de tout changer, d'accroitre le travail des collègues alors que la "commande" initiale est réalisée.

Dans tous les cas, ce qui est clair, c'est qu'au SE UNSA 12, nous disons :
NON à la marche forcée !

Plusieurs extraits des documents d'accompagnement nous interrogent, notamment ceux sur les responsabilités de chacun, sur la rédaction du projet,...
Il est d'ailleurs étonnant que dans ce dispositif, toutes les procédures semblent simples quand, dans le reste de l'année, tout cela prend du temps.

Nationalement, à ce jour, peu de communes ont fait le choix de mettre en œuvre le dispositif et, lorsqu’il existe, il se limite à proposer un service de garderie aux élèves que les écoles ne peuvent accueillir, loin des enjeux éducatifs visés.

L’entrée en matière du dispositif 2S2C, ni annoncée, ni identifiée, dans un contexte professionnel tendu fait partie de ces gouttes d’eau qui font parfois déborder le vase !
 
Rien qu’en cela, le SE-Unsa juge, une fois de plus, irresponsables les annonces ministérielles précipitées et confuses !
D’autant qu’il devient tristement coutumier de prétexter le contexte de crise pour tenter une énième introduction de dispositifs qui n’ont jamais réussi à convaincre par le passé et ne parviendront jamais à masquer les vrais manques en termes de moyens et de formation de notre profession…