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SE-UNSA 11


 Par SE-UNSA 11
 Le  lundi 8 juin 2020

« AGIR POUR L’ÉCOLE » contourne les enseignants pour toucher directement les parents !

 

Les enseignants se rebiffent comme à Créteil ? Les études scientifiques ne montrent pas une efficacité éclatante de sa méthode de lecture ? Qu’importe… fort de son intuition, l’Institut Montaigne persiste, IL A FORCÉMENT RAISON !

En fait s’il n’y a pas de résultats probants ce n’est pas parce que la qualité de sa méthode serait en cause mais juste parce que les enseignants ne la suivent pas assez bien ni assez complètement… et encore heureux ! En effet, comme nous l’expliquions déjà il y a 2 ans dans cet article, suivre la méthode d’ « Agir pour l’école » à la lettre c’est imposer aux élèves, dès la maternelle, des temps d’exercices quotidiens répétitifs intensifs par petits groupes et, parallèlement pour les autres enfants de la classe, cela signifie de longs moments en autonomie. Tout enseignant sait que cela n’est pas de l’apprentissage efficace mais relève du pur dressage behavioriste !

Donc, après avoir contraint des enseignants à mettre en œuvre sa "méthode miracle :-(" avec le soutien actif du ministère et de certains DASEN, l’Institut Montaigne ne se laisse pas abattre… il va s’adresser directement aux familles ! 

Comment cela se passe-t-il ? Comme d’habitude avec « Agir pour l’école » la plus grande opacité règne… ce projet n’est même pas mentionné et encore moins expliqué sur leur site. C’est en nous basant sur le peu qu’en dit l’ex-directeur Laurent Cros et sur les informations recueillies par ToutÉduc que nous avons quelques éléments. Dans cette interview Monsieur Cros affirme contourner ainsi la résistance (sic) des enseignants : « En nous appuyant sur le numérique et sur les parents. Nous en avons fait l’expérience à petite échelle à Calais, en confiant des tablettes à des parents pendant l’été, la moitié ont suivi à la lettre les consignes sur l’usage de la tablette numérique et ils ont obtenu en deux mois les résultats auxquels les professeurs n’étaient en moyenne pas parvenus en quatre mois. » On le croit évidemment sur parole !
Par ailleurs, ToutÉduc nous apprend que l’opération « Un été pour préparer le CP » est confiée à « Agir pour l’école » dans au moins 2 départements du nord pour l’été à venir. Des tablettes seront confiées aux parents qui seront donc chargés d’administrer les séances de phonologie à hautes doses à leur enfant avec à la clé la promesse d’une année de CP réussie. Évidemment, les familles ciblées sont celles de milieu défavorisé et on se demande toujours si derrière l’argument « ce sont leurs enfants qui en ont le plus besoin » on n’a pas surtout l’idée que ce sont les familles les plus confiantes et les moins à même de consulter les résultats décevants pointés par les rapports et les études.

Notons en passant que la tablette numérique ne rend ni moderne, ni ludique, ni surtout efficace, ce qui n’est rien d’autre qu’une méthode archaïque reposant sur de la pure syllabique rabâchée et automatisée de type « papa fume la pipe ».

Donc, pendant que des familles défavorisées vont mettre en œuvre des « vacances apprenantes » à base de « bourrage de crâne phonologique », d’autres vont laisser leurs enfants se détendre, jouer, découvrir des activités, faire des sorties et développer, sans même avoir à y penser parce que cela fait partie de leur contexte culturel, leur curiosité et leur envie d’apprendre.

Quand les enseignants refusent une méthode, sauf à être sous la contrainte, et qu’en plus il n’y a pas de preuve de sa pertinence et de son efficacité… il faut l’abandonner, cesser de la financer et de la promouvoir. On est bien loin de l’approche basée sur les preuves scientifiques telle qu’affichée par le ministère et cet acharnement via les familles est simplement INADMISSIBLE !