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86% des enseiÂgnants pensent tout le temps à leur métier : c'est l'un des prinÂciÂpaux enseiÂgneÂments d'une enquête menée par le SE-Unsa(1), dont les résulÂtats ont été dévoiÂlés ce merÂcredi matin.
Non seuleÂment les enseiÂgnants ont du mal à décroÂcher, mais ils ne se sentent pas touÂjours souÂteÂnus et comÂpris, que ce soit dans un contexte proÂfesÂsionÂnel ou perÂsonÂnel. En effet, trois réponÂdants sur quatre (74%) déclarent que leur hiéÂrarÂchie ne reconÂnaît pas leurs contraintes proÂfesÂsionÂnelles, et 54% disent la même chose de leur entourage.
"Le métier d'enseignant n'est ni une planque, ni un sacerÂdoce", nuance Stéphane Crochet, secréÂtaire natioÂnal du SE-Unsa en charge de la forÂmaÂtion, "mais un vrai métier comme les autres, avec ses contraintes". Par exemple, la majoÂrité des enseiÂgnants passe beauÂcoup de temps dans l'établissement au-delà des heures d'enseignement (95%), et ramène beauÂcoup de traÂvail à la maiÂson (90%), "une parÂtie pas forÂcéÂment visible" de leur activité.
Les enseiÂgnants resÂtent fiers d'exercer leur métier, mais ils attendent une plus grande valoÂriÂsaÂtion de la part de leur hiéÂrarÂchie, et de meilleures opporÂtuÂniÂtés d'évoluÂtion proÂfesÂsionÂnelle. "Les enseiÂgnants sont en dynaÂmique : ils ont envie de forÂmaÂtions réguÂlières, envie d'une évoluÂtion de carÂrière, envie de pouÂvoir construire un autre proÂjet proÂfesÂsionÂnel. Ils sont 49% à dire qu'ils aimeÂraient chanÂger de métier à l'intérieur de l'Education natioÂnale, et 21% à l'extérieur", indique Stéphane Crochet. "Il y a un malaise tout parÂtiÂcuÂlier chez les proÂfesÂseurs des écoles" ajoute-t-il, "et lorsqu'on a fait de l'école priÂmaire une prioÂrité, il y a un intéÂrêt à accorÂder de l'attention aux acteurs qui la font vivre."
"La refonÂdaÂtion ne se fera pas sans les enseiÂgnants, et cerÂtaiÂneÂment pas si les enseiÂgnants sont mal dans leurs basÂkets", observe Christian Chevalier, secréÂtaire généÂral du SE-Unsa. Le synÂdiÂcat proÂmet d'être "vigiÂlant" et "exiÂgeant", à l'approche de nouÂvelles consulÂtaÂtions des enseiÂgnants. La réforme de la refonÂdaÂtion de l'Ecole de la République peut encore "s'effondrer sur elle-même, ou répondre aux attentes des perÂsonÂnels" pour faire de la proÂfesÂsion d'enseignant "un métier moins contrôlé par la hiéÂrarÂchie, où la confiance est le maître mot", souÂligne Christian Chevalier.
Les enseiÂgnants attendent aussi des outils effiÂcaces pour améÂlioÂrer leur praÂtique au quoÂtiÂdien, ce que les réformes actuelles n'apportent pas touÂjours. Par exemple, le proÂjet de nouÂveau socle comÂmun porté par le Conseil supéÂrieur des proÂgrammes (CSP) est une "décepÂtion", car il "confond comÂpéÂtences, objecÂtifs, connaisÂsances" et mulÂtiÂplie les items à évaluer, sans jusÂtiÂfiÂcaÂtion. "Il y a 22 comÂpéÂtences à évaluer rien que pour l'enseignement moral et civique (...) c'est pire que le Livret perÂsonÂnel de comÂpéÂtences tel qu'il est pour l'instant", déplore Claire Krepper, secréÂtaire natioÂnale en charge des quesÂtions éducaÂtives. Il fait en outre l'impasse sur les situaÂtions d'apprentissage et les modaÂliÂtés d'évaluation.
C'est pourÂquoi le synÂdiÂcat a traÂvaillé sur un contre-projet de socle. Le SE-Unsa espère que les remarques des enseiÂgnants, qui doivent bienÂtôt être consulÂtés sur le proÂjet du CSP, seront prises en compte : "Il manque aujourd'hui le maillon de l'association et de l'adhésion de nos colÂlègues sur l'évolution de leur métier", regrette Stéphane Crochet.
Quentin Duverger, Vousnousils, e-mag de l'Education