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SE-UNSA 07


 Par SE-UNSA 07
 Le  lundi 25 septembre 2023

Harcèlement : changer la culture scolaire prendra du temps

 

Les phénomènes de harcèlement s’immiscent depuis plusieurs années dans le quotidien des métiers de l’éducation. L’École est perméable à tous les problèmes de la société et l’influence néfaste des réseaux sociaux en fait partie. Les annonces qui suivent les drames ne peuvent être des solutions miraculeuses et c’est bien dans la durée que doit s’inscrire la lutte contre le harcèlement. Une prise en charge globale commence à être mise en place avec le dispositif PHARE (Programme contre le HARcèlement à l’École). Mais encore faut-il laisser du temps pour la formation des équipes !

Cette nouvelle approche, qui prend en compte les expériences internationales, doit être appropriée et partagée sur le terrain pour être pleinement efficace. Ce changement de paradigme vise à prévenir le harcèlement dès la première intimidation, avec des protocoles de conduite et une « préoccupation partagée » (concept québécois) pour impliquer les élèves dans la protection des élèves-cibles. Cette approche préventive, responsabilisante, visant le long terme, est la bonne pour contrer ce phénomène tragique. La complémentarité des métiers de l’éducation, en donnant du temps et des moyens à l’échelle des écoles et des établissements pour construire le travail d’équipe en équipe éducative, est une condition de la réussite du di spositif.

Parmi les premières annonces présentées le 25 septembre, la poursuite et le renforcement du dispositif PHARE, pour que la préoccupation portée aux phénomènes d’intimidations et de harcèlement devienne de plus en plus partagée par tous les adultes de la communauté éducative et qu’elle implique les élèves, est une bonne nouvelle. Dans cette perspective, un grand coup de projecteur sur la journée du 9 novembre est annoncé pour cette année 2023, avec des temps dédiés et banalisés, pour débattre et informer, avec les familles, les enfants et les jeunes. Des outils doivent être mis à la disposition des équipes, car les réflexions sur ce sujet épineux ne sont pas harmonisées partout. Les productions des classes récompensées par les concours annuels de lutte contre le harcèlement seront valorisées.

Pour autant, l’attractivité des métiers éducatifs et de santé au sein de l’éducation nationale est un problème important pour relever ce défi et assurer la présence de ces professionnels au plus près des élèves, tant dans le premier que dans le second degré.

Les mesures relevant de la justice et de la police, concernant les réseaux sociaux, étaient attendues car le problème du harcèlement ne peut relever entièrement de la sphère scolaire. Le contrôle de la majorité numérique, la confiscation des appareils et le couvre-feu numérique, si les modalités les rendent réellement efficaces, sont une bonne chose dans la mesure où elles réduiront la responsabilité des personnels de direction sur des phénomènes extra-scolaires qu’ils ne peuvent pas maitriser. Plus largement, lutter contre le harcèlement relève d’une attention globale portée au climat scolaire, et l’UNSA Éducation pèsera de tout son poids pour que cette priorité soit portée sur le long terme. Cela passera par des responsabilités et des actions partagées et certainement pas par la stigmatisation de l’institution scolaire et des personnels qui l’incar nent. La société doit s’engager toute entière face à ce fléau.

Frédéric MARCHAND, secrétaire général de l’UNSA Éducation

Ivry sur Seine, le 25 septembre 2023,

Contact :

Nicolas ANOTO, chargé de mission Presse de l’UNSA éducation, 06 21 80 65 75