L’agitation perpétuelle ne constitue pas une politique systémique qui s’attèle aux défis auxquels est confronté notre système éducatif.

Si l’Ecole est un sujet qui ne quitte pas le devant de la scène, pour l’UNSA Éducation, l’utilisation médiatique du sujet de l’Ecole ne sert pas le service public d’éducation.

Pour l’UNSA Éducation, il suffit de mettre en rapport, trois mois après la rentrée scolaire, les évolutions à l’œuvre et les perspectives, avec un état des lieux de l’École et de ses personnels pour le constater.

D’un côté, des annonces sur une énième réforme du collège, les redoublements, les chocs des savoirs, la voie professionnelle et de l’autre, des personnels qui n’acceptent pas, légitimement, que le dossier de la revalorisation salariale soit considéré comme clos, des conditions de travail dégradées, voire intenables. En un mot, les personnels cherchent désespérément des réponses à leurs préoccupations quotidiennes. Les personnels savent ce qui est nécessaire et indispensable à notre système éducatif. L’UNSA Éducation dénonce le fait que le ministère refuse de s’atteler à ces questions fondamentales.

Qu’attend le ministère pour s’emparer des défis de notre système éducatif ? Comment comprendre cette incapacité, ce refus à vouloir se saisir de la question du sentiment de déclassement vécu par tous les personnels ? Le ressentiment est présent pour tous : que ce soit parmi les enseignants, CPE et PsyEN qui sont concernés par une discussion sur l’attractivité, mais sans chapitre dédié à la revalorisation salariale ou bien qu’il s’agisse de tous les autres personnels pour lesquels les espaces de concertations ne sont mêmes pas ouverts. Si la question salariale ne peut constituer à elle seule une réponse aux défis actuels, une réponse à la hauteur ne peut écarter ce sujet incontournable qui concerne l’ensemble des personnels.

Aucun des personnels de l’éducation nationale, qu’il soit acteur quotidien de l‘éducation, de l’enseignement, de l’encadrement, des services administratifs ou médico-sociaux ou ingénieurs et personnels techniques n’est pas impacté par les effets du déficit d’attractivité : surcharge de travail, impossibilité d’être remplacé, mise en tension permanente, etc… Tous aujourd’hui expriment leurs attentes, tant salariales que liées à leurs conditions de travail. Mais quelles sont les réponses du ministère depuis la rentrée ?

Certes, le ministère et l’État en général ne peuvent pas tout. Le ministère n’est pas responsable de toutes les difficultés qui expliquent la montée d’un climat anxiogène : collectifs parents vigilants qui remettent en cause les enseignants et les infirmier.e.s lorsqu’ils exercent leurs missions, multiplication des alertes à la bombe qui génèrent des dysfonctionnements récurrents et insupportables dans les établissements, actes terroristes qui percutent notre école républicaine.

Cela étant dit, pour l’UNSA Éducation, d’autre sujets en revanche relèvent des choix qui sont arbitrés en son sein : permettre aux personnels d’être non seulement correctement rémunérés, mais parfois simplement payés. N’est-ce pas là une des premières missions qui lui incombe ? Mais pour y parvenir encore faut-il se donner les moyens de ses ambitions, et à la condition première de nourrir effectivement des ambitions.

L’UNSA Éducation joue son rôle dans le dialogue social en dénonçant depuis maintenant plusieurs années la sous-administration de notre ministère, mais également en alertant sur l’inadaptation des SIRH utilisés par notre ministère. Quelle action en réponse ? Aucune ! Les déploiements d’Op@le et de RenoiRH se poursuivent, mettant en tension les personnels sans aucun égard à leur endroit. L’accroissement de la charge de travail liée à l’augmentation considérable du nombre de contractuels dans notre ministère n’est pas pris en compte. Plus grave, le ministère ne sait pas prendre la défense de ses personnels lorsque que ceux-ci sont mis dans des situations où ils ne sont pas en mesure d’assurer les missions qui sont les leurs, des missions que par ailleurs il complexifie chaque jour.

Trois mois après la rentrée scolaire, tous les personnels sont déjà dans un état d’épuisement avancé. Les enquêtes du ministère révélaient l’an passé que la moitié des enseignants était en situation d’épuisement professionnel, une récente enquête du SNIES-Unsa révèle même que cet épuisement concerne les ¾ des personnels infirmiers. Les personnels médico-sociaux, les PsyEN ne connaissent pas des conditions d’exercice plus favorables.

À cela s’ajoutent des territoires entiers où l’École républicaine est la seule présence de l’État, mais où l’État n’a pas la capacité de garantir à ses agents des conditions d’exercice dignes, y compris pour leur sécurité physique, voire parfois alimentaire. C’est notamment le cas en Guyane et à Mayotte, y compris pour l’accès à des ressources de première nécessité comme l’eau ou l’électricité.

Les personnels sont sommés d’être présents sur tous les fronts, sur toutes les priorités, mais leur avis est ignoré. Conduit-on un ministère sans ses personnels, voire contre eux ?  Pour l’UNSA Éducation, la réponse est clairement non.

De multiples sujets sont posés avec une terminologie toujours aussi inventive : mission sur Â« le choc des savoirs fondamentaux Â». Mais, finalement, on refuse de prendre en compte l’avis des personnels, au motif que des engagements ont déjà été pris par ailleurs.  Au-delà de la malhonnêteté intellectuelle de laisser croire que les enseignants n’auraient pas, jusqu’à présent, investi avec leur savoir-faire et leur professionnalisme l’enseignement des fondamentaux, on apporte des réponses toutes plus inadaptées les unes que les autres : redoublement, groupes de niveau, …

On alimente les débats avec des solutions « café du commerce Â», avec un succès certain dans l’opinion publique, mais est-ce à dire que ces propositions permettront à notre système éducatif de mieux répondre à l’exigence républicaine d’une école source d’émancipation et de réussite pour tous ses élèves. L’UNSA Éducation affirme qu’il n’en est rien.