“Ainsi, entre 2018 et 2022, la performance des élèves en France a baissé de 21 points en mathématiques (contre 15 points pour la moyenne OCDE), de 19 points en compréhension de l’écrit (contre 10 points pour la moyenne OCDE) et de 6 points en sciences (contre 2 points pour la moyenne OCDE)”. Oui, la pandémie a été un coup dur. Mais soyons honnêtes, nos voisins ont su mieux s’en sortir. Il faut donc chercher ailleurs les explications de la sous performance des élèves français âgés de 15 ans à ces tests.

C’est d’abord l’origine sociale des élèves qui détermine les résultats. Une réalité indéniable, pourtant ignorée dans la course effrénée aux réformes pendant le quinquennat précédent. Et dans ce domaine, la France porte avec quelques autres le bonnet d’âne. Dans notre pays, “les élèves issus de milieux socio-économiques favorisés (situés dans le quartile supérieur de l’indice PISA de statut économique, social et culturel), ont obtenu des résultats supérieurs de 113 points à ceux des élèves défavorisés (situés dans le quartile inférieur de l’indice PISA de statut économique, social et culturel) en mathématiques. Il s’agit de l’un des plus importants écarts liés au milieu socio-économiques (écart moyen parmi les pays de l’OCDE de 93 points). Des écarts plus importants ne sont observés qu’en République slovaque, en Israël, en Hongrie, en Suisse, en Belgique et en Tchéquie.”

Pourtant le sujet de la ségrégation sociale et scolaire était un sujet tabou, soigneusement évité pendant 5 ans. Pourtant, pendant ces 5 années, le séparatisme des collèges privés sous contrat n’a fait que grandir. Pourtant, les premières mesures prises en 2017 ont été de détricoter la réforme du collège précédente à peine sortie de l’œuf et d’y réduire les moyens humains. Ce sont ces élèves qui ont passé les tests PISA.

Et que dire de la pénurie de personnels et de ses conséquences ? La France est en tête des pays de l’OCDE concernant le manque d’enseignant ! “En 2022, 67 % des élèves étaient scolarisés dans des établissements dont le principal/proviseur avait déclaré que la capacité à dispenser l’enseignement était entravée par un manque de personnel enseignant (et 30 %, par un personnel enseignant inadéquat ou peu qualifié). En 2018, les proportions correspondantes étaient seulement de 17% et 11%”. Les mêmes manques sont également soulignés concernant les personnels non enseignants qui affectent aussi la qualité des enseignements. Là aussi la France est au dessus de la moyenne de l’OCDE. Triste constat.

Pourtant pendant ces 5 annĂ©es il Ă©tait plus question de suppression de poste que de crĂ©ation, particulièrement dans le second degrĂ©. « Nous faisons le choix d’avoir des suppressions de postes uniquement dans le second degrĂ© et sur des postes administratifs”, dĂ©clarait fièrement Jean-Michel Blanquer dès 2018. Ce sont ces Ă©lèves qui ont passĂ© les tests PISA.

Et le pire dans tout ça ? Un avenir sombre qui se profile avec des rĂ©formes populistes, le nouveau ministre annonçant fièrement lui aussi des plans aussi scientifiques que les discussions de cafĂ© du commerce, mettant sur le mĂŞme plan les Ă©tudes scientifiques et le “bon sens”. Un schĂ©ma d’emploi qui supprime encore des postes malgrĂ© un revirement possible du nouveau ministre Ă  la suite de la publication des rĂ©sultats de PISA 2022. 

Pour aller plus loin : les principaux résultats pour la France du PISA 2022 la note de synthèse de la DEPP sur PISA 2022