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SE-UNSA 04


 Par SE004

Comité Départemental de l’Education Nationale du 16/10/12

 

Déclaration liminaire de l’UNSA Education
au CDEN des Alpes de Haute Provence
du 16 octobre 2012

 

Mesdames, Messieurs Membres du CDEN,

 

Je souhaite au nom de l’UNSA Éducation aborder différents points lors de cette déclaration :

  • Les emplois précaires,
  • La situation de notre département et de nos écoles dans le contexte de cette rentrée,
  • La consultation sur la refondation de l'école et les premières annonces gouvernementales,
  • La laïcité.

 

L’UNSA Éducation se félicite que de nouveaux emplois soient envisagés dans l’Éducation Nationale. Les emplois d'avenir, qui garantiraient la présence, sur trois ans, d’adultes supplémentaires dans les écoles et établissements scolaires, le recrutement de surveillants supplémentaires  sont de bonnes nouvelles. Nous porterons des exigences sur les modalités de gestion de ces personnels, compte tenu des difficultés déjà constatées sur celles des emplois aidés. Les tâches, les missions susceptibles d’être confiées à ces emplois, les dispositifs d’accompagnement et de formation devront être précis et clairs. L’UNSA Éducation agira pour que le déploiement de ces emplois constitue un incontestable « plus » à la fois pour les jeunes concernés et pour le fonctionnement du service public laïc de l’Éducation Nationale.

Nous serions aussi enclins à nous féliciter, si la pérennisation des emplois d'AVS et d'EVS était envisagée. La façon dont notre institution traite ces personnels n'est autre que déplorable. Déplorable pour ces personnels, qui, quel que soit leur niveau d'investissement et de compétences sont mal payés et se voient à terme inexorablement remerciés. Déplorable aussi, pour les enfants, qui, déjà en situation de handicap, doivent en plus s'adapter aux changements successifs de personnes censées les aider, ce au gré des fluctuations de l'administration. Déplorables enfin, pour les personnels enseignants, qui, tel Sisyphe, doivent composer, compenser, remplacer, s'adapter, former au fil des passages des personnels AVS et EVS évidemment sans aucune compensation. Par ailleurs, nous profitons de cette évocation des emplois précaires pour dénoncer l'insuffisance des emplois d’aide administrative aux directeurs d’école. Les directrices et directeurs se retrouvent trop souvent seuls pour faire face aux demandes croissantes et exigences supplémentaires de l'administration. Nous souhaitons vivement que l'évolution du fonctionnement du système éducatif engagé actuellement prenne aussi en compte l'évolution de la fonction de directeur d'école.

 

Ce qui amène au deuxième point :

Malgré l’implantation en urgence de 3 postes supplémentaires dans les écoles des Alpes-de-Haute-Provence, la rentrée 2012 ne sera guère plus facile que les précédentes. Certes, le climat a changé, le sentiment d'une moindre pressurassions est perceptible, mais le fond du problème reste le même. Cette rentrée a été organisée par le précédent gouvernement dans une logique implacable de restriction budgétaire et de casse du Service public. C’est pourquoi nous restons profondément inquiets quant aux conditions de travail dans un nombre significatif d’écoles de notre département. L’UNSA Éducation a déjà dit beaucoup sur cette politique de suppressions et ses conséquences sur les élèves et les enseignants. Nous revendiquons toujours le rétablissement d'une véritable formation initiale et continue, une véritable aide aux enfants en difficultés confiée à des enseignants spécialisés et en nombre suffisant, mais aussi la réduction à zéro des listes d'attente des enfants en situation de handicap pour accéder à des structures spécialisées et l'ouverture de postes d'enseignants en fonction des besoins spécifiques de chaque zone éducative et non seulement selon une logique comptable. En attendant, la situation et les conditions d’enseignement se dégradent. Il y aura tout lieu de s’interroger sur les conditions de travail et les répercussions sur la santé des collègues.

 

Le dernier point concerne les premiers éléments de la nouvelle politique éducative voulue par le gouvernement :

Nous ne pouvons pas faire l'économie de quelques mots sur le déroulement des débats sur la refondation de l'école. Il n'y a pas eu de concertation de l'ensemble du corps éducatif, c'est ce que nous retenons des échanges que nous avons eu avec nos collègues. Effectivement, comment prendre en compte la parole des professionnels sans organiser des échanges sur leur temps de travail°? Basée uniquement sur le volontariat, c'était le plus sûr moyen de ne pas avoir à entendre leurs propositions et leurs revendications. Impliquer et prendre en compte la parole des enseignants dans les fondations de la réforme aurait certainement été une procédure plus sûre pour rendre cette réforme, pour le moins nécessaire, pragmatique et d'en favoriser sa mise en œuvre.

Quoi qu'il en soit, les décisions vont être prises, nous voyons les grands traits de la réforme se dessiner. Certaines propositions nous semblent aller dans le bon sens, d'autres nous laissent circonspects. Les collectivités territoriales vont se voir attribuer, de manière désormais obligatoire, une place dans l'éducation des enfants. Or, Le territoire des Alpes-de-Haute-Provence, peu urbanisé, connait une prise en charge des activités périscolaires et péri-éducatives forte inégale. Nous nous interrogeons quant aux capacités financières et humaines des collectivités territoriales de notre département, ce plus particulièrement dans les milieux ruraux à mettre en place dans un délai si court et apparemment sans moyen spécifique supplémentaire les modalités de la réforme qui leur reviendraient. Alors, quelles en seraient les conséquences sur le devenir des enfants?

Notre circonspection n'en reste pas là. Si la réforme veut offrir aux enfants de notre nation une éducation plus juste, les choix qui semblent s'opérer ne nous apparaissent pas toujours aller dans ce sens voir être contre-productifs pour ne pas dire pousser vers un nivellement par le bas. Un exemple pour illustrer nos propos : la distance aux structures de soin, éducatives, sportives est caractéristique de notre département. En imposant le mercredi matin pour tous, nous mettons les familles qui doivent, peuvent ou s'en donnent les moyens devant un choix cornélien : laisser le temps à leur enfant de se reposer ou assurer les déplacements pour leur permettre d'avoir les soins ou les activités péri-éducatives qu'ils sont en droit d'avoir. Ce n'est qu'un exemple mais il caractérise bien la contradiction. Si l'intention de la réforme et de faire une école plus égalitaire, l'épreuve des faits sur notre territoire démontrait tout le contraire.

Plaquer une réforme sans laisser au "local" la possibilité de la mettre en œuvre en adéquation avec ses contraintes propres nous semble aller au-devant de situations inextricables.

 

Enfin pour conclure, nous souhaiterions nous faire porte-parole du CNAL (Comité National de l'Action Laïque). Si les hommages à Jules Ferry et la priorité donnée à la refondation de l'école publique sont de bonnes choses, nous pensons que l'école publique mérite plus que des déclarations d'intention. Au-delà des principes, en période de crise et à l’heure où les moyens de la puissance publique ne sont pas extensibles, consacrer à l’Ecole de tous les financements publics semblent une évidence. Et pourtant le budget 2013, ne favorise en aucun cas l'école publique. De la même manière, malgré les promesses électorales, la loi Carle n'a pas été abrogée, elle impose toujours un financement public des écoles privées sans que les municipalités ne puissent s’y opposer. Dans le cadre de la prochaine loi sur l'Education Nationale, les articles du code de l'Education incriminés pourrait être supprimés. Il importe que chacun, citoyens, élus, se saisissent du problème, afin que l'école pour tous redevienne une priorité, dans les mots mais aussi dans les faits.

 

                                                                                  Samuel HOLIET

                                                                Pour l'UNSA EDUCATION