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SE-UNSA 02


 Par SE-UNSA 002
 Le  mardi 6 décembre 2016

Déclaration préalable de l’Unsa Éducation CDEN du 6 décembre 2016

 

Monsieur le Préfet, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, Mesdames et Messieurs les représentants du Conseil Départemental, Mesdames, Messieurs les membres du CDEN,

Cette année scolaire 2016/2017 sera certainement tout sauf sereine. Les élections présidentielles et législatives de 2017 marquent déjà quotidiennement l’espace politique, et, bien entendu, l’école est aspirée par cette actualité qui n’est souvent qu’une tempête dans un verre d’eau. Notre école est, parfois, malgré elle, instrumentalisée. L’Ecole touche toutes les familles, et chaque citoyen a son avis sur la question éducative. Un avis fait d’images d’Epinal, d’un passé vécu et transcendé, de mythes qui n’ont jamais existé. Et l’opinion de certains qui se disent « experts » est bien loin des réalités du terrain.

Pour l’UNSA Education, notre Ecole est liée à la République, et nous en sommes fiers. Et c’est à ce titre que nous devons dépassionner les débats, et donner sérénité et continuité à toute la politique mise en œuvre depuis 2012.

La Refondation de l’Ecole a été positive pour l’Ecole et ses membres. Et cette année, nous entrons véritablement dans la dernière année d’un cycle lourd, profond et dense. Notre institution a souvent une image conservatrice, et l’on élargit cette image à la fonction publique, et pourtant elle a passé ces dernières années à intégrer des changements, et des réformes. Il manque peut-être une épreuve au concours de recrutement des personnels, celle d’adaptation aux réformes qu’ils vont vivre lors des 40 prochaines années. J’ai bien dit vivre et non subir car le principal acteur de cette réforme reste celui qui est chargé de la faire vivre, de l’appliquer.

Nous ne sommes pas, Mesdames et Messieurs, au temps de la cérémonie des vœux mais réellement nous souhaiterions, mieux, nous revendiquons que l’école devienne aussi bienveillante envers ses personnels qu’elle se targue de l’être envers ses élèves. Le PPCR, Parcours Professionnel, Carrières et Rémunérations y concourt mais il est encore bien éloigné des relations qui doivent s’établir entre les personnels et leur hiérarchie par exemple. Les négociations menées dans le cadre des RIFSEPP (régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l'expertise et de l'engagement professionnel) au plan académique ou les propositions faites aux personnels de direction au plan national démontrent encore dernièrement que le dialogue social, s’il est souhaité partout, est régulièrement insuffisant.

Cette rentrée, outre l’ambiance anxiogène et sécuritaire, a vu la mise en place de la réforme du collège. A la suite d’une année précédente où l’UNSA Education a dénoncé l’insuffisante formation, nous mettons en pratique une réforme qui a pour but de donner plus de moyens au collège et une plus large place au travail en équipe. Ces objectifs, nous les soutenons. Mais la mise en place des nouveaux programmes simultanément sur tous les niveaux et sur la même année ne facilite pas l’appropriation d’une réforme qui a besoin de temps. Et que dire du Livret Scolaire Unique Numérique pas encore opérationnel, sans application de transfert avec les logiciels existants et qui, lui aussi, tout comme pour la formation sur la réforme du collège, inquiète ?

De notre côté, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, nous continuerons à travailler pour l’élève, et non pour entretenir un système mal préparé. Cette attention concernera notamment les élèves en enseignement adapté, qui comme souvent chez nous, ne sont pas ceux qui bénéficient du plus d’égards.

De fait, les implantations des ULIS mériteraient une attention particulière. Lorsqu’elles sont dans de petites écoles, la répartition des élèves en milieu ordinaire déséquilibre fortement les effectifs des classes et déstabilise fortement l’enseignant accueillant. Lorsqu’elles sont sur une école à plusieurs sites ou sur une école n’ayant pas tous les niveaux, comme à Fresnoy le Grand, par exemple, il n’est pas réellement possible que chaque enfant rejoigne sa classe d’âge.

Nous vous demandons, Monsieur l’Inspecteur d’Académie, de bien vouloir tenir compte de ces contraintes lors de l’élaboration de la carte scolaire.

Ce jour, nous souhaitons terminer cette déclaration sur un triptyque qui traitera de la mixité, de la pauvreté et de la Laïcité. Grâce à une étude de la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance) nous savons qu’en 2015, 1/10e des collèges en France scolarisent 14,6% d’élèves d’origine sociale défavorisée et un autre 1/10e des collèges, plus de 62,7% des élèves d’origine sociale défavorisée. Dans le même temps, ni la Seine-Saint-Denis, ni la Vendée, ne sont la France.

Et pourtant, après l’académie de Paris, l’académie d’Amiens est une de celle où il y a le plus grand écart sociologique entre collèges publics et privés. Dès lors, l’école de la République s’octroie deux nations scolaires. Une pour les riches et une pour les pauvres, comment apprendre à vivre ensemble lorsque l’on ne scolarise pas ensemble ? L’UNSA Education dénonce la concurrence déloyale de l’école privée qui s’affranchit de bien des règles. Attachée à notre devise « Fonds publics, école publique, Fonds privés, école privée », nous continuerons à demander l’abrogation des lois Carle et Debré. Nous continuerons à travailler à une école qui émancipe, qui travaille à la liberté de conscience, qui arbore la raison, la science et l’humanisme, et nous nous opposerons à ceux qui instrumentalisent cette école au profit du communautarisme et de la haine. L’égalité des droits plus que des chances, au profit de tous.

Voilà notre combat.

Les fonds sociaux en France sont passés de 73 millions en 2001 à 32 millions en 2012. La grande pauvreté, dans notre département aussi, est une des causes de la difficulté scolaire que nous avons à traiter. Les enquêtes PISA les unes après les autres le prouvent. Pour 54% de nos élèves le système fonctionne très bien, mais les autres ? et qui sont-ils ? Ce diagnostic nous le trouvons dans le rapport de Jean Paul Delahaye, Inspecteur Général, que l’UNSA Education a reçu cette année.

De plus, nous apprenons que des familles, dont les enfants, contraints de déjeuner sur place parce qu’ils ne sont transportés que matin et soir (les élèves d’ULIS, ceux qui sont regroupés dans un RPI concentré) vont se retrouver en grande difficulté pour payer les frais de cantine parce que les collectivités territoriales leur appliquent le tarif « extérieur ». Le conseil départemental s’était engagé à prendre en charge la différence entre les tarifs « résident » et « extérieur ».  Le nouveau système d’aide mis en place en septembre oblige ces familles à avancer les frais « tarif extérieur » pour tout un semestre. Imaginez la somme pour une famille avec 3 enfants scolarisés ! Nous nous interrogeons aussi sur l’information donnée : les familles sont-elles toutes au courant qu’elles peuvent faire une demande d’aide ?

 Comme nous l’avons régulièrement porté au sein de cette instance, notre école est politique car elle a un sens. L’UNSA-Education défend les intérêts matériels et moraux des collègues mais elle porte aussi le projet d’une école républicaine et fraternelle. Ce n’est pas ce qui est actuellement décliné dans les programmes de certains candidats à la présidentielle. L’UNSA Education mettra tout en œuvre pour alerter l’opinion sur leur nocivité.