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L’analyse du rapport du HCE sur l’Ă©cole primaire
Article publié le samedi 29 septembre 2007.
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Analyse du rapport du HCE :
L’école primaire : bilan des résultats 2007
 
 
Qui est le HCE ?
 
Tout d’abord, pour ceux qui l’auraient oublié, le Haut Conseil de l’Education, organisme consultatif, a été institué par l’article 14 de la loi d’orientation et de programme pour l’avenir de l’école du 23 avril 2005 en remplacement du Haut Conseil de l’Evaluation de l’Ecole et du Conseil national des Programmes. A la demande du ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, il émet des avis et peut formuler des propositions sur la pédagogie, les programmes, l’organisation, les résultats du système éducatif et la formation des enseignants. Il n’avait jusqu’alors produit que 2 textes depuis sa création : un Avis sur le projet d’arrêté sur la formation des maîtres en IUFM ( 04/12/2006) et un Avis sur le projet de décret relatif au socle commun ( 22/05/2006). Autant dire que l’organisme en question peine à trouver une vitesse de croisière et à faire oublier la qualité du travail fourni autrefois par le HCEE !
 
Xavier Darcos ne se pose d’ailleurs pas en ardent défenseur du HCE puisqu’il a déclaré à propos du rapport sur l’école primaire : " Ce rapport ne nous apprend rien de bien nouveau [..]. Il est toujours intéressant d’avoir un avis extérieur, c’est stimulant et nous allons nous inspirer évidemment de ce que nous dit le HCE pour faire en sorte que l’école primaire soit plus réactive, plus centrée sur les fondamentaux et surtout qu’elle se préoccupe de ceux qui sont le plus en difficulté. »
 
Il convient donc de relativiser la portée et l’intérêt de ce rapport dont la presse, souvent avide de discours alarmistes sur l’école au moment de la rentrée s’est bien évidemment emparé. Le soufflé devrait retomber rapidement.
 
Que dit ce rapport ?
 
L’école primaire française fonctionne toujours bien avec les bons élèves. Mais elle se révèle incapable de faire progresser les élèves en difficulté, souvent issus de milieux défavorisés, qui suivent mal dès le CP et ne rattraperont pas.
« Chaque année quatre écoliers sur dix, soit environ 300 000 élèves, sortent du CM2 avec de graves lacunes, est il écrit en introduction du rapport. Près de 200 000 d’entre eux ont des acquis fragiles et insuffisants en lecture, écriture et calcul, et plus de 100 000 ne maîtrisent pas les compétences de base dans ces domaines ». Les auteurs avancent ici 3 catégories d’élèves :
- 15 % d’élèves dont les lacunes sont trop importantes pour pouvoir être comblées ;
- 60% de bons élèves ;
-  25% d’écoliers fragiles - soit 25 % - qui auront du mal à suivre au collège mais iront vaille que vaille jusqu’au brevet.
 
 
 
Au-delà du constat particulièrement sombre, les membres du HCE ne fournissent pas d’explications claires à cet échec. Ils donnent vaguement des pistes, critiquant le redoublement précoce, « inefficace et contraire à l’égalité des chances », des outils d’évaluation insuffisamment utilisés, un pilotage national sans prise suffisante sur la réalité, un pilotage de proximité très insuffisant, une direction d’école sans véritable statut, le rôle des IEN à redéfinir, une formation défaillante ou encore le manque de formation spécifique des enseignants de maternelle. Ils regrettent aussi que les cycles établissant une liaison entre la grande section de maternelle et le CP n’aient pas toujours été mis en place. Ils notent aussi l’absence de liaison entre l’école et le collège.
La maternelle est épinglée .L’enseignement en grande section devient trop scolaire : « Bien que les particularités de l’école maternelle soient affirmées dans les programmes, dans la réalité les méthodes d’apprentissage et d’évaluation pratiquées en grande section s’alignent très souvent sur celles de l’école élémentaire. » Le HCE estime même que la responsabilité de la maternelle dans l’échec scolaire ne peut plus être éludée.
 
Notre avis :
 
Un rapport qui manque de rigueur
 
  • Rien de neuf, les rares sources chiffrées reposent sur des statistiques souvent vieilles de 10 ans. Darcos a d’ailleurs déclaré que le contenu du rapport s’appuyait sur "les
     années antérieures à 2004" et que, "depuis, la loi Fillon a répondu à une partie
    des difficultés que rencontrait l’école primaire". Voilà qui prêterait à sourire si le sujet n’était pas aussi sérieux !
  • Rien qui repose sur des études fiables, beaucoup de constats ou jugements sont d’ailleurs introduits par la formule « il semble » qui n’a rien de scientifique ; 
  • Un trait d’ironie ou un coup de griffe parfois réveillent le lecteur, notamment au sujet du décret sur les PPRE d’août 2005 qui « tend à créditer d’un effet bénéfique tout redoublement du moment qu’il est assorti d’un PPRE », lesquels se font « sur les seuls moyens de l’école » ;
  • Un étrange silence sur l’inadaptation des exercices de l’évaluation CE1 de l’an passé et une ignorance de certaines évolutions récentes, comme le protocole « direction d’école » ou la dégradation des taux d’encadrement.
 
Les points d’accord
 
  • Nous approuvons ce qui est dit sur :
- le redoublement, « inefficace et contraire à l »égalité des chances » ;
- les cycles, peu mis en place ;
- l’utilité des évaluations ;
- le déficit de formation des enseignants pour exercer en maternelle ;
- le manque d’accompagnement et d’outils ;
- la nécessaire redéfinition des missions des IEN,
- la rupture école-collège et en particulier le trop grand nombre de profs en 6ème qui est préjudiciable aux plus fragiles.
 
 
Les points de désaccord
 
  • Nous ne cautionnons pas l’idée selon laquelle une autorité plus grande donnée aux directeurs améliorerait les résultats des élèves. C’est le statut et le fonctionnement de l’école qui doit être revu, plutôt que celui de son directeur.
  • Nous dénonçons l’idée de profiter de la présence des intervenants extérieurs pour utiliser les enseignants à d’autres tâches.
 
Les suites possibles
 
  • Nous regrettons que le HCE ait mis en avant des chiffres alarmistes (40% des élèves en difficulté) en amalgamant des situations très différentes. Les raccourcis des journalistes renforcent cette dimension « sensationnaliste ». Le procès en « résignation » de l’école est particulièrement blessant pour des enseignants confrontés au quotidien à la difficulté scolaire. Si il y a résignation, elle est plutôt à chercher au niveau de l’institution qui a bien peu fait pour fournir des outils et des moyens aux enseignants.
  • Ce rapport peut nous servir de point d’appui pour nos revendications. D’ailleurs l’empressement du ministre à en minimiser l’intérêt et la prudence du président de la république qui insiste sur le caractère « indépendant » de cette analyse montrent que le gouvernement ne pourra l’utiliser pour justifier sa politique de « rationalisation » des moyens de l’éducation nationale. Nous pouvons nous appuyer sur ce rapport pour revendiquer encore et toujours que 3 heures soient dégagées du temps de service des enseignants pour la concertation et l’aide aux élèves en difficulté.
  • Même chose pour la formation initiale et continue des enseignants qui doit être repensée. En outre, des documents d’accompagnement, aussi complets soient-ils ne sauraient à eux seuls tenir lieu de formation continue.
  • Le contenu de rapport valide, si besoin était, notre mandat de la « scolarisation obligatoire à 3 ans ».
 
 
 

   Rapport HCE final   
(153.6 ko)
 
 
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