Par
la connaissance que les PsyEN ont du développement psychoaffectif et
cognitif des enfants et adolescents, ils contribuent à l’observation et à
l’évaluation des difficultés et des besoins de ces derniers. En cela et
afin d’aider chaque jeune qui en aurait besoin, ils sont des
interlocuteurs essentiels dont il est temps de connaître et reconnaître
les multiples missions. Les bilans psychologiques en font partie, encore
faut-il savoir de quoi on parle.
On a souvent besoin d’un psychologue à soi !
Pourtant,
l’effectif des psychologues au sein de l’Éducation nationale a baissé
d’environ 15 % en 7 ans. Vous avez dit « manque d’attractivité » ?
Si
la formule, copiée d’une morale de Jean de La Fontaine, fait sourire,
il convient néanmoins de l’expliciter. Tâchons donc de nous accorder sur
quelques définitions.
« Psychologue » n’est pas un adjectif !
Nous
entendons parfois dire de telle ou telle personne qu’elle est
« psychologue ». Est-elle pour autant diplômée d’un titre représentant
une profession réglementée ? Si ce n’est pas le cas, gare à elle : elle
pourrait alors être taxée d’usurpation du titre de psychologue et
(sévèrement) réprimandée par l’article 433-17 du Code pénal, soit un an
d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende.
Il n’existe donc pas de psychologues professionnels vs amateurs, contrairement à ce qu’on a pu entendre ici ou là…*
Bilan psychologique, késako ?
Imaginez
que vous vous rendiez dans un laboratoire d’analyses médicales et que
vous commandiez un bilan sanguin. Comment espérez-vous être reçu ? Un bilan, oui, mais pour mesurer quoi ? serait
vraisemblablement la réponse de votre interlocuteur. Un bilan
psychologique n’est pas plus précis. Il mesure exactement ce qu’il est
censé mesurer, à savoir ce que le psychologue juge pertinent
d’investiguer. Cette appréciation des besoins nécessite du temps,
notamment le temps nécessaire pour définir une hypothèse à valider (ou
invalider) afin d’analyser la problématique du sujet.
Le
bilan peut donc prendre différentes formes, selon ce que le psychologue
estime nécessaire de vérifier. Il peut notamment être psychométrique ou
projectif. Quel qu’il soit, un des outils principaux du psychologue est
l’entretien.
Pour
rappel (ou pour information), le Code de déontologie des psychologues
prévoit le respect de l’autonomie professionnelle dans le choix et l’application des modes d’intervention, des techniques et des méthodes mises en œuvre. Par ailleurs, les dispositifs méthodologiques mis en place par le psychologue répondent aux objectifs de ses interventions, et à eux seulement.
Bilan psychométrique
Il
s’agit dans ce cas d’analyser le plus finement possible le
fonctionnement cognitif en fonction des hypothèses émises. Qu’il
s’agisse « uniquement » de mesurer un QI, des stratégies de raisonnement
ou des fonctions exécutives (on parlera alors volontiers, parce que
c’est la mode, de bilan neuropsychologique), le matériel utilisé (test
ou batterie de tests) est de la responsabilité exclusive du psychologue.
Conformément au Code de déontologie des psychologues, celui-ci doit
avoir été scientifiquement validé et utilisé en référence aux
recommandations de la commission internationale des tests.
La
batterie de tests la plus connue étant la WISC, bon nombre
d’apprentis-sorciers s’estiment compétents pour interpréter, à partir de
données chiffrées, le fonctionnement cognitif d’un enfant ou d’un
adolescent. C’est la raison pour laquelle bon nombre de bilans
psychométriques s’exercent sous la pression d’injonctions (MDPH,
orthophonistes, médecins…). L’analyse clinique, du ressort du
psychologue, n’en est pas moins (loin s’en faut !) indispensable pour en
avoir une appréciation la plus fidèle possible.
Bilan projectif
Il
a pour objectif d’analyser des problématiques psychoaffectives : le
fonctionnement psychique, l’état émotionnel et plus globalement le
fonctionnement mental définissent le mode comportemental (face au
groupe, aux apprentissages, au cadre…) d’un enfant ou d’un adolescent.
Mais alors, comment ça marche ?
Vous
l’aurez compris, un bilan psychologique ne saurait être déconnecté de
la réalité du sujet, qu’il soit enfant, adolescent ou adulte. Il
s’inscrit par conséquent dans une temporalité qui comprend notamment des
échanges relationnels permettant un engagement et une confiance
réciproques dans la résolution d’une problématique, l’expression
d’hypothèses, la mise en œuvre de leur validation et la recherche de
solutions.
Les bilans
psychologiques ne sont qu’une infime partie des missions confiées aux
psychologues de l’Éducation nationale, conformément au texte qui les
régit. Pourtant ces personnels sont souvent réduits à ces évaluations,
essentiellement psychométriques, faute de connaissance de l’ensemble de
leurs missions (par l’institution et les personnels qui la représentent,
par les partenaires…). Cette absence de connaissance induit
inévitablement un manque de reconnaissance pour des personnels pourtant
animés par le sens du service public et pour lesquels « relation
d’aide » ne sont pas de vains mots…