Le
ministère a annoncé que les élèves de seconde générale et technologique
feraient un stage de deux semaines en entreprise, dans une association
ou une administration du 17 au 28 juin prochain. C’est sa reconquête du
mois de juin.
Vers une concurrence voie générale et technologique/voie professionnelle
Habituellement,
les élèves de seconde et de première bac pro font leurs PFMP (période
de formation en milieu professionnel) au mois de juin parce que c’est
l’organisation pédagogique la plus adaptée. Par ailleurs, ces mêmes
élèves, souvent faute de réseaux familiaux ou amicaux, ont du mal à
trouver une entreprise pour les accueillir sans l’aide de leurs
enseignants.
Les 550 000 élèves de 2de GT
vont donc, à leur corps défendant, devenir des concurrents de leurs
camarades de la voie professionnelle. Pour le SE-Unsa, cette concurrence
est inenvisageable, d’autant plus qu’elle risque de se faire au
détriment des élèves de lycée professionnel alors que l’enjeu est bien
plus important pour ces derniers.
Comment
la recherche de stage se fera-t-elle dans les bassins d’emplois les
plus sinistrés ? Quels choix feront les entreprises entre un élève qui
observera sagement dans un coin et un élève qu’il faudra accompagner et
former sur un poste de travail ? Si le ministre nous avait consulté,
nous lui aurions demandé de répondre d’abord à ces questions avant de se
lancer dans ce projet.
Un stage pour quoi faire ?
Un stage en entreprise n’a de sens que s’il a une finalité. Ici, le ministre nous dit qu’il améliorera la politique d’orientation. Cette affirmation est très contestable. En 2de GT, l’objectif majeur en matière d’orientation est de choisir ses spécialités de 1re en
fonction de son projet d’orientation dans le supérieur. Le choix ne se
fait pas à partir du 29 juin mais bien avant. Le stage arrive donc trop
tard pour cet objectif-là.
De
plus, quelle forme prendra ce stage ? Stage d’observation ? Stage de
formation ? Stage opérationnel ? Seul le premier correspond aux élèves
de 2de GT. Ne va-t-on pas vers un stage occupationnel ?
Il est déjà difficile de trouver un stage pour une semaine en 3e pour beaucoup d’élèves, faute de réseau ou d’un tissu économique dense ; ça le sera encore plus en 2de. Les deux périodes d’observation risquent d’être très longues pour certains.
Un stage désorganisé
Organiser
un stage pour les élèves et leur famille, c’est trouver un lieu de
stage et exploiter ce temps d’observation. Pour les enseignants, c’est
récupérer des conventions de stage, assurer un suivi de stage et
organiser son exploitation pédagogique.
Or
tout cela se fera au moment où les élèves désertent petit à petit leur
lycée après le conseil de classe (conventions de stage), pendant que les
enseignants seront mobilisés pour le bac (suivi de stage) et pendant
les vacances d’été (exploitation du stage).
Existerait-il des impensés dans l’invention de ce nouveau stage de 2de GT ?
Pour le SE-Unsa, le stage de 2de GT
est contestable sur le fond parce qu’il ne sera pas exploité et qu’il
ne permettra pas aux élèves de parfaire leur choix d’orientation,
notamment pour décider des spécialités de 1re. Sur la forme,
il est inconcevable parce qu’il crée une concurrence avec la voie
professionnelle que le même gouvernement veut revaloriser. Pour le
SE-Unsa ces choix sont incohérents.
Comme
l’enjeu du stage est nettement plus important pour les élèves de la
voie professionnelle, le SE-Unsa demande au ministre de l’Éducation
nationale qu’il indique aux entreprises de donner une priorité absolue
aux élèves des lycées professionnels.