La
secrétaire d’État à la Jeunesse annonce le déploiement du SNU sur le
temps scolaire à partir de la prochaine année scolaire sur la base du
volontariat.
Un premier recul
Le
SE-Unsa acte favorablement l’abandon par le ministère le projet de
rendre obligatoire le SNU ; ce recul était indispensable. La
généralisation à toute une classe d’âge n’était pas envisageable, ni
d’un point de vue organisationnel (pas suffisamment de structures pour
accueillir les jeunes, ni de personnels) ni financier (le Sénat avait
estimé à 2 milliards d’euros le coût d’une telle mesure). Généraliser le
SNU revenait à sortir les élèves de leur lycée ou centre
d’apprentissage à tour de rôle pendant des mois, au détriment des
apprentissages scolaires.
Le SNU n’a pas sa place ni son sens sur le temps scolaire
Le
SE-Unsa reste cependant totalement opposé au déploiement du
dispositif sur le temps scolaire. Même sur la base du volontariat, les
douze jours de cours perdus au profit d’un séjour de cohésion dont on
ignore la réelle utilité ne sont pas acceptables et
porteront inévitablement préjudice à la scolarité des élèves
volontaires.
La
secrétaire d’État nous présente ces séjours comme des voyages
scolaires, mais où voit-on des voyages scolaires de deux semaines ?
Nulle part. Par ailleurs, le gouvernement annonce que plus aucune heure
de cours ne sera perdue à partir de la rentrée, mais envisage que les
élèves perdent l’équivalent de 60 h. Quelle est la cohérence ?
Ce
temps utilisé pour le SNU est avant tout nécessaire pour mener à leur
terme des programmes très lourds, programmes qui abordent les valeurs,
les connaissances et les compétences que le SNU entend développer (le
devoir de mémoire, la solidarité ou la transition écologique). Il ne
faudrait pas croire que les élèves arrivent en classe de seconde ou de
première année de CAP vierge de connaissances et de compétences sur ces
sujets. Dès l’école, les enseignements et les dispositifs font vivre la
démocratie et l’engagement (délégués de classe, conseil de la vie
collégienne ou lycéenne, FSE, projets éducatifs…). Ils participent à
cette construction éducative au long cours accompagnés par les
enseignants et les CPE.
Quelle organisation ?
Les
contours de ces annonces étant très flous, nous ne savons que peu de
choses sur l’organisation de ce dispositif. Les enseignants ou
établissements volontaires devront déposer un projet d’ici l’automne
2023 pour des premiers séjours de cohésion en mars 2024. Les enseignants
volontaires pourront mener cette mission dans le cadre du Pacte. Ils
pourront aussi encadrer ces séjours.
En
revanche, nous ne savons rien sur la manière dont les élèves seront
recrutés, s’ils seront tous regroupés dans une même classe en 2de générale et technologique pour moins perturber les départs en séjour de cohésion (ce qui ne sera probablement pas possible en 2de professionnelle et en 1re année de CAP), si l’adhésion à ce projet vaudra droit à dérogation.
L’avis du SE-Unsa
Pour
le SE-Unsa, ce projet qui fait des lycées des supports pour développer
un dispositif qui reste marginal n’a pas sa place à l’École. Les
pouvoirs publics demandent toujours à l’École de faire plus sans jamais
lui donner les moyens de ces ambitions. Pour le SE-Unsa, le budget
consacré au SNU sur le temps scolaire pourrait plutôt être mis à
disposition des établissements pour faire vivre les nombreux projets qui
existent déjà mais qui peinent à trouver des financements.
Enfin,
le SE-Unsa dénonce une utilisation de l’école pour faire vivre un
projet présidentiel qui va à l’encontre des besoins scolaires des
élèves.