Depuis
plusieurs jours des scènes d’émeutes paralysent le département français
de Mayotte. Des bandes d’adolescents et de jeunes adultes sèment la
terreur sur l’île, et notamment dans sa capitale, Mamoudzou. Des
violences, allant des caillassages jusqu’aux règlement de comptes entre
bandes, ont donné lieu à des atrocités et à des décès.
Ces
jeunes sont pour la plupart nés de parents arrivés illégalement des
îles voisines de l’archipel des Comores. Souvent nés à Mayotte, ils
n’ont pas la nationalité française et vivent en France sans titre de
séjour. Leurs parents ont souvent connu l’expulsion du territoire, puis
sont revenus, et ont été à nouveau expulsés. Mais leurs enfants sont
restés, souvent livrés à eux-mêmes.
Parmi
eux, on trouve d’authentiques délinquants, reconnus pour leur extrême
violence et qui encouragent des plus jeunes à suivre leur exemple, mais
aussi d’anciens élèves, pour qui l’enseignement supérieur est
inaccessible à cause de leur situation administrative. Malgré une
scolarité irréprochable, ils sont sans solution.
Récemment,
l’administration leur a proposé de retourner aux Comores, un pays dont
ils sont originaires mais qu’ils ne connaissent pas, pour s’y inscrire à
l’université et solliciter, après l’obtention d’une licence ou d’un
master, un visa auprès de l’Ambassade de France pour prétendre à la
poursuite d’étude. Sans surprise, ils trouvent cela injuste et ça attise
le sentiment de colère.
Actuellement,
dans les classes de terminale de Mayotte, une partie des élèves se
projette dans l’avenir et se documente sur la plateforme Parcoursup, pendant qu’une autre partie les regarde, spectateurs impuissants de l’impasse dans laquelle ils se trouvent.
Même
si quelques places de BTS sont réservées à celles et ceux qui ont été
reçus au baccalauréat avec mention, leur situation est bloquée à l’issue
de cette certification, car il n’y pas d’employabilité possible sans
titre de séjour.
Des
personnels de l’Éducation nationale relatent la situation de jeunes
femmes, qui considèrent que leur seul espoir de vie normale, est d’avoir
un enfant avec une personne française, car leur situation
administrative sera ainsi régularisée.
Pour
le SE-Unsa, la réponse policière est indispensable pour arrêter la
spirale de la violence. Il est aussi indispensable qu’une réponse
éducative soit apportée à ce département français, sur le plan scolaire,
péri-scolaire et dans l’enseignement supérieur. Donner des perspectives
d’avenir à des enfants et adolescents abandonnés à eux-mêmes est la
meilleure voie pour assurer un avenir à Mayotte, en fidélité aux valeurs
de la République.