Enseignement catholique : fournisseur d’accès au séparatisme scolaire
Il
existe dans notre pays un séparatisme aussi redoutable que silencieux,
qui ne fait ni l’objet de débats médiatiques, ni de livres choc, ni
d’actions des gouvernements. Il s’agit de la sécession scolaire que met
en œuvre la frange la plus favorisée de la population au bénéfice de ses
propres enfants, avec le concours actif de l’enseignement privé
catholique(1).
Le 22 juillet dernier est parue une étude de la Depp(2)
portant sur la mixité sociale des collèges. Cette étude aborde un sujet
sensible, car c’est bien au collège qu’on observe le plus fort taux
d’évitement de l’établissement de secteur, notamment à l’entrée en
sixième.
Dans cette
étude, la Depp a observé qu’à la rentrée 2021, 43% des élèves issus de
milieux défavorisés étaient accueillis dans les collèges publics. Ce
taux descend à 18% dans les collèges privés.
À
l’inverse, l’enseignement privé scolarise près de 41% d’élèves issus de
milieux sociaux très favorisés, soit deux fois plus que l’enseignement
public.
L’étude
montre aussi que de 1989 à 2021, l’écart de composition sociale s’est
creusé entre les collèges privés et publics : les premiers scolarisent
toujours plus d’élèves issus de CSP+ et moins d’élèves issus de milieux
défavorisés. Ce séparatisme scolaire florissant invalide tous les
discours de l’enseignement catholique en faveur de la mixité sociale.
Aujourd’hui,
les collèges privés ont atteint un point culminant de ségrégation des
élèves, avec une composition sociale très élitiste en comparaison du
secteur public. Cela contribue fortement à l’érosion de la mixité
sociale à l’École, au détriment de la réussite de tous les élèves et de
la laïcité.
Pour le
CNAL, ces résultats n’ont rien de surprenant et confirment l’impasse de
la politique de financement public de l’enseignement privé qui, en
séparant la jeunesse de notre pays, représente un danger pour notre
avenir démocratique.
Au
moment où le ministre de l’Éducation nationale évoque - avec justesse -
la nécessité de favoriser la mixité sociale à l’École, le CNAL affirme
que cet objectif ne pourra être atteint en épargnant, comme de coutume,
le principal fournisseur d’accès au séparatisme scolaire.
(1) Les établissements d’enseignement privés sont à 96% catholiques
(2) Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance
Paris, le 9 septembre 2022
Rémy-Charles Sirvent
Secrétaire Général du CNAL
Contact presse : cnal@se-unsa.org