La
circulaire de rentrée est une compilation d’été pour les personnels de
l’Éducation nationale. Sera-t-elle dansante ? Sûrement pas ! Est-elle
ambitieuse et cohérente ? Pas davantage !
Des annonces réchauffées à défaut d’une vision d’avenir
Cette
circulaire compile l’ensemble des annonces disparates, tantôt faites
par le président de la République, par la Première ministre ou par le
ministre lui-même durant les 10 derniers mois. Cependant, compiler des
éléments très différents les uns des autres ne fait pas une politique
éducative cohérente et ambitieuse. Aucun des dispositifs annoncés n’est
pensé dans la continuité. Ils répondent tous à une situation ponctuelle
pour laquelle le pouvoir veut une réponse politique. Or, ce dont à
besoin l’École c’est de temps, de stabilité et d’un projet éducatif qui
la projette vers l’avenir et la réussite des tous les élèves.
Dans
cette circulaire, aucune mesure ne permettra à tous les élèves de
réussir. Les options, les filières d’excellence ou le manque de volonté
politique pour améliorer la mixité scolaire ne répondent pas à cet
enjeu. Quant à la réussite du système scolaire, elle ne peut pas passer
par le CNR-Éducation qui est un dispositif facultatif et qui n’est pas
imaginé pour être déployé dans l’ensemble des écoles, des collèges et
des lycées. Au mieux le CNR-Éducation peut contribuer à cette
amélioration.
Laïcité, harcèlement, discrimination : protéger les élèves et les personnels
La
volonté de protéger les personnels et les élèves n’est pas contestable.
Comme pour toutes les mesures listées, le problème réside dans
l’ambition et les moyens qui seront mis à disposition des équipes
éducatives. Ne lier la laïcité qu’à un nouveau programme d’EMC est très
réducteur. Lutter contre le harcèlement et contre les discriminations
demande du temps et des personnels en nombre pour identifier les
situations et y répondre.
16 fois le mot enseignant, pas une seule fois CPE, PsyEN, AESH ou AED !
Pour
la deuxième année consécutive, les CPE, les PsyEN, les AESH et les AED
n’apparaissent pas dans cette circulaire. Il est vrai qu’on ne peut pas
fixer comme objectif à l’École « d’instruire » (cf. titre de la
circulaire) et lui donner une dimension éducative avec les autres
personnels que les seuls enseignants.
Pourtant, le ministère veut déployer le programme Phare,
lutter contre le harcèlement et les discriminations et développer les
compétences psycho-sociales des élèves… mais sans CPE ni PsyEN !
Les
CPE, les PsyEN, les AESH et les AED ne peuvent pas rester les
invisibles de cette circulaire de rentrée, contrairement à leur
implication sans faille sur le terrain.
Des injonctions contradictoires
Dans
cette circulaires, les injonctions contradictoires sont de deux ordres.
Tout d’abord le mantra du ministère pour les personnels : former,
encore former, toujours former. Former au plan français/maths à l’école
et au collège, au plan maternelle, à l’École inclusive… et ce, sans
perdre d’heures de cours puisque que c’est la promesse présidentielle.
Enfin,
considérer que l’attractivité espérée de nos métiers passera par la
perspective de travailler plus pour s’épuiser plus est une provocation.
En effet, le ministère lie, dans l’introduction et la conclusion de
cette circulaire, l’attractivité de nos métiers et le Pacte.
L’avis du SE-Unsa
Cette
circulaire regarde dans le rétroviseur les annonces faites tout au long
de l’année scolaire qui s’achève. Aucune perspective d’avenir n’est
tracée pour améliorer le système éducatif et faire réussir tous nos
élèves, sauf à considérer que le Pacte et son travailler plus pour s’épuiser plus, ou le CRN-Éducation répondront à ces enjeux. Le SE-Unsa dénonce cette provocation pour les personnels.