En
raison de salaires plus bas et de carrières discontinues, les femmes
cotisent généralement moins pour leur retraite. Conséquence : les femmes
touchent en moyenne une pension inférieure de 40% à celle des hommes.
Contrairement à ce que prétend la Première ministre, comme le met en
évidence l’étude d’impact jointe au projet de réforme, les femmes seront
plus pénalisées.
Avec
le système actuel, les femmes sont déjà les grandes perdantes. En
effet, les inégalités de salaires, y compris à diplôme équivalent, et la
carrière professionnelle souvent saccadée des femmes, rythmée par des
temps incomplets fréquemment subis et des taux d’activité plus faibles,
agissent comme une « double peine » pour les femmes Ă la retraite. Or,
la réforme envisagée va aggraver cette situation.
Les inégalités salariales sont au cœur des inégalités de pensions
Ă€ travail Ă©gal, les femmes gagnent en moyenne 16,1% de moins que les hommes.
Dans
la fonction publique, la différence de salaire est de 11,6 % au
désavantage des femmes. En fin de carrière celle-ci atteint 18%. En
effet, si les femmes y sont très majoritaires elles sont, en revanche,
surreprésentées dans la catégorie C, c’est-à -dire la catégorie la moins
rémunérée de la fonction publique.
Une majorité de femmes exclues du minimum vieillesse à 1200 euros
Le
rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) en septembre
dernier rappelait que les femmes sont moins souvent en emploi que les
hommes, quel que soit l’âge. Les chiffres clés de 2022 font apparaître
que cet écart d’emploi est, selon les classes d’âge, de 4 à 8,4 % en
deçà de celui des hommes, avec un écart maximal entre 25 et 49 ans.
En 2022 le taux de pauvreté varie selon le sexe et la configuration familiale :
- 35% des personnes pauvres, c’est-à -dire dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté (soit 1 102 euros par mois en 2019) sont des mères de famille monoparentale.
- Les femmes sont plus nombreuses à vivre en dessous du seuil de pauvreté : 4,9 millions contre 4,3 millions d’hommes en 2019.
La « mesure sociale phare »
exclut de fait la plupart des femmes puisque le minimum vieillesse
annoncé à 1200 euros ne peut les concerner qu’à la condition d’une
carrière complète.
Pénibilité du travail et usure professionnelle : cela concerne aussi les femmes
Les
femmes sont nombreuses à exercer des métiers précaires, pénibles et
avec des horaires atypiques dont l’usure professionnelle n’est pourtant
pas toujours reconnue, les privant ainsi du droit aux départs anticipés
pour pénibilité.
Reculer l’âge
légal de départ à la retraite, c’est donc risquer d’exposer davantage
les femmes Ă des conditions de travail difficiles sans Ă©gards pour leur
santé.
Le temps partiel des femmes impacte Ă la baisse le montant de leur pension
Le
temps partiel concerne essentiellement les femmes : 1 femme sur 4
contre 1 homme sur 10. Dans la moitié des cas, il est pris pour raisons
familiales, c’est-à -dire pour élever les enfants.
Or,
si le travail à temps partiel n’a pas d’incidence sur la durée
d’assurance prise en compte pour la retraite, il en a sur la durée de
cotisation et le montant de cette dernière.
Les femmes seront bien les grandes perdantes
D’après
le projet de réforme du gouvernement, elles devraient attendre entre 6
et 8 mois de plus pour partir à la retraite. Ce sont les générations de
femmes nées à partir de 1980 qui subiront le plus cette injustice
sociale. Les concernant, l’allongement moyen de l’âge du départ à la
retraite sera de 8 mois supplémentaires, contre 4 mois de plus pour les
hommes.
Lorsque la
Première ministre affirme que les femmes bénéficieront d’une retraite
plus élevée, c’est une contre-vérité si on compare, à 64 ans, femmes et
hommes.
En effet, les femmes ne
bénéficieront plus de la surcote éventuelle à laquelle donnait droit une
carrière complète à partir de 62 ans et dont elles auraient pu
bénéficier avant la réforme.
Déjà amorcé par la réforme Touraine
de 2014, l’allongement de la durée de cotisation à 43 annuités pour
partir à taux plein interviendrait dès 2027 et non plus en 2035 comme
initialement prévu.
Pourquoi ce
phénomène concerne-t-il davantage les femmes que les hommes ? Celles-ci
bénéficiaient de trimestres validés grâce au congé maternité leur
permettant, dans certains cas, de partir Ă taux plein Ă 62 ans.
Désormais, ces trimestres ne seront plus d’aucune utilité pour les
femmes qui devront poursuivre, quoi qu’il en soit, leur activitĂ© jusqu’Ă
64 ans.
Enfin, la
Première ministre avance que les pensions des femmes seraient plus
importantes après la réforme. Si cela est exact, il est malhonnête de
présenter cela comme un effet de la réforme.
En
réalité, cela tient au fait que, depuis plusieurs décennies, les femmes
travaillent et donc cotisent davantage. La réforme n’a aucun effet
bénéfique sur le montant des pensions des femmes, bien au contraire : le
report de l’âge d’ouverture des droits pourrait conduire de nombreuses
femmes à avoir une retraite minorée par rapport à celle dont elles
bénéficieraient sans report de l’âge légal de départ.
L’avis du SE-Unsa
Pour
le SE-Unsa, la réforme proposée qui vise donc à augmenter l’âge de
départ à la retraite et à allonger la durée de cotisation pénalise
davantage les femmes, qui ont des carrières plus courtes et des salaires
plus bas que les hommes. Cette réforme menace les femmes d’avoir plus
de difficultés à atteindre les conditions d’âge et de cotisations
requises pour une retraite complète.
Lorsque
le ministre de l’Économie et des finances affirme que le problème des
inégalités femmes-hommes n’est pas le problème posé par le système des
retraites, il se trompe.
Ces
questions doivent impérativement faire l’objet de mesures effectives
afin de réduire les inégalités existantes et garantir une retraite
Ă©quitable pour toutes les femmes.