Le
Haut Conseil à l’Égalité (HCE) a publié son rapport annuel dont le
constat est très inquiétant. Il pointe notamment l’enracinement du
sexisme* chez les plus jeunes, de 15 Ă 34 ans. Pour le SE-Unsa,
l’ambition éducative pour éradiquer le sexisme en milieu scolaire doit
absolument être concrétisée.
Alors
que 93 % des françaises et français constatent des inégalités de
traitement entre les femmes et les hommes dans au moins une des sphères
de la société (école, travail, famille, espace public), les femmes
subissent avec persistance des conditions de vie et travail amoindries.
Cela se concrétise par une orientation genrée, leur surreprésentation
dans les emplois précaires, etc. Dès lors, 80 % des femmes estiment
avoir été moins bien traitées en fonction de leur sexe.
Sans
surprise, une majorité de femmes déclare avoir vécu des situations de
sexisme ordinaire ; cela se manifeste par des remarques sexistes, le
déséquilibre des tâches ménagères, ou encore des sifflements ou gestes
déplacés. Le rapport dévoile l’ampleur des violences sexuelles : un
tiers des femmes a déjà subi une relation sexuelle non consentie, et
12 % des femmes précisent avoir vécu un rapport sexuel sans protection,
sous la pression de leur partenaire. Ce taux grimpe Ă 18 % chez les
25/34 ans.
Ces
manifestations sexistes conduisent à des phénomènes d’invisibilisation,
d’auto-censure, particulièrement dans les parcours scolaires et dans la
vie professionnelle. Des éléments trop souvent minimisés, voire ignorés
par les hommes.
En
parallèle, les déclarations des jeunes hommes font frémir. Pour 20 %
des 25-34 ans, pour être respecté en tant qu’homme dans la société, il
faut vanter ses exploits sexuels auprès de ses amis (contre 8 % pour les
autres classes d’âges) ; 32 % d’entre eux considèrent que le barbecue
est une affaire d’homme, soit quasiment 10 points de plus que la moyenne
des hommes. Il en va de mĂŞme vis-Ă -vis de la violence : 23 % pensent
qu’il faut parfois être violent pour se faire respecter (11 % en
moyenne). Enfin, ces jeunes hommes sont Ă©galement plus nombreux Ă
exprimer des opinions sexistes sur des situations auxquelles ils sont a
priori davantage exposés que leurs aînés. Ainsi, seuls 48 % des hommes
entre 15 et 34 ans considèrent que l’image des femmes véhiculées par les
contenus pornographiques est problématique contre 79 % des hommes âgés
de 65 ans et plus.
En réponse à cette tendance inquiétante, la 2e préconisation
proposée par le HCE vise à instaurer une obligation de résultats pour
l’application de la loi sur l’éducation à la sexualité et à la vie
affective (circulaire du 12 septembre 2018) dans un délai de trois ans,
et prévoir une sanction financière en cas de non-respect de cette
obligation dans ce délai.
Pour
le SE-Unsa, il est urgent d’actionner la puissance du levier éducatif
pour faire évoluer les représentations, particulièrement celles de la
jeunesse. La mise en place des 3 séances annuelles d’éducation à la vie
affective et sexuelle est indispensable. Cela passe notamment par des
moyens spécifiques : c’est le nerf de la guerre pour l’égalité.
*DĂ©finition du sexisme par le HCE : une
idéologie qui repose sur le postulat de l’infériorité des femmes par
rapport aux hommes, d’une part, et d’autre part, un ensemble de
manifestations des plus anodines en apparence (remarques) aux plus
graves (viols, meurtres). Ces manifestations ont pour objet de
délégitimer, stigmatiser, humilier ou violenter les femmes et ont des
effets sur elles (estime de soi, santé psychique et physique, exclusion
de nombreuses sphères et modification des comportements) .
Rapport complet du HCE, baromètre : Rapport
2023 sur l’état du sexisme en France : le sexisme perdure et ses
manifestations les plus violentes s’aggravent - Haut Conseil à l’Égalité
entre les femmes et les hommes (haut-conseil-egalite.gouv.fr)
Site de sensibilisation : On sait comment ça se termine - Campagne HCE contre le sexisme (onsaitcommentcasetermine.fr)