L’indice
de position sociale (IPS) mesure la composition sociale d’une école ou
d’un établissement scolaire. Une décision de justice a conduit le
ministère de l’Éducation nationale à rendre publiques les IPS de chaque
école et collège de France métropolitaine et des Drom ; cela concerne
les établissements publics et privés sous contrat.
Ainsi,
désormais, chacun peut observer, chiffres à l’appui, les ravages de la
ségrégation sociale dans notre système éducatif, notamment liés au rôle
de l’enseignement privé – essentiellement religieux – dans l’entre-soi
scolaire des plus favorisés. Pour le Cnal, dont le SE-Unsa est membre,
le constat est accablant.
Au
plan national, les tableaux des IPS en écoles et collèges montrent
notamment que les établissements privés concentrent un public scolaire
favorisé. Quels sont les chiffres ?
Collèges
Alors
que moyenne nationale des IPS du niveau collège est de 103,3, celle des
1 662 collèges privés sous contrat est de 114,2 points ; 72 % d’entre
eux ont un indice supérieur ou égal à la moyenne nationale.
La
moyenne des IPS des 5 305 collèges publics est de 99,9 points ; 41 %
d’entre eux ont un indice supérieur ou égal à la moyenne nationale.
Écoles
Alors
que la moyenne nationale des IPS dans les Ă©coles est de 102,7, celle
des 4 242 écoles privées sous contrat est de 112 ; 71 % d’entre elles
ont un indice égal ou supérieur à la moyenne nationale.
La
moyenne des IPS des 27 548 écoles publiques est de 101,2 ; 47 % d’entre
elles ont un indice égal ou supérieur à la moyenne nationale.
L’avis du Cnal
Le
rôle central de l’enseignement privé dans la ségrégation scolaire est
un secret de polichinelle, dont tous les acteurs du système éducatif ont
parfaitement conscience. DĂ©sormais, la publication des indices de
position sociale vient objectiver cette situation et le constat est sans
appel : l’enseignement privé concentre les élèves issus des milieux
favorisés. C’est peut-être la principale raison de son existence.
Or,
c’est l’argent public qui le finance à hauteur de 73 % ; à cela
s’ajoute le manque à gagner fiscal lié à des dons défiscalisés à des
fondations qui n’alimentent que des établissements privés. La question
de leur reconnaissance d’utilité publique est posée. À plusieurs
reprises, le Cnal a demandé à la Cour des comptes d’évaluer le montant
global de la politique de financement public de l’enseignement privé.
Sans réponse.
Pour
le Cnal, mélanger les enfants et les adolescents quelle que soit leur
origine sociale est une condition essentielle de la réussite scolaire de
tous. Ce serait aussi favorable à la laïcité, car dans les écoles et
collèges ségrégués, la revendication religieuse est plus forte. Il
faudra donc beaucoup de luciditĂ© et de courage pour faire Nation Ă
travers l’École. La réussite de tous les élèves et notre avenir
démocratique en dépendent.
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