Alors
que les élections présidentielles approchent à grands pas, la question
d’une éventuelle réforme des retraites ressurgit dans les déclarations
médiatiques de plusieurs candidat·es.
Force
est de constater que ce sujet éminemment complexe est toujours abordé
de façon extrêmement simpliste. Pour faire face au déficit prévu du
système, une des solutions les plus simples posée par certains
prétendants à l’Elysée est de repousser l’âge légal de départ à la
retraite Ă 64 ou 65 ans (et donc vraisemblablement Ă 59 ou 60 ans pour
les anciens instituteurs relavant des catégories actives). Pour le
moment il ne s’agit que de déclarations de candidats en campagne, mais
un projet de loi déposé après les présidentielles en ce sens serait
évidemment un casus belli pour le SE-Unsa et pour son union interprofessionnelle l’Unsa.
Penser l’avenir des retraites et leur financement
Il
serait irresponsable de faire abstraction des projections qui
démontrent clairement que l’équilibre financier des régimes de retraite
français se posera à terme d’une façon ou d’une autre. Le statu quo n’est pas possible, sauf à condamner le système actuel et à abandonner les futures générations à un triste sort.
Toutefois,
les façons d’aborder une éventuelle réforme ne se valent pas toutes,
loin de là . Pour le SE-Unsa et pour l’Unsa, c’est avant tout le
financement global du système actuel qui devrait être mis à plat. La conférence de financement mise
en place en 2020 dans le cadre du projet avorté de réforme du système
universel avait au moins le mérite de poser la question et d’amorcer une
réflexion de fond. Car n’oublions pas que les différentes réformes
subies au cours de ces 30 dernières années ont toujours fait porter
l’effort sur les salariés : recul de l’âge de départ, augmentation de la
durée de cotisation, mise en place de la décote, etc.
Pour le SE-Unsa, cet effort toujours à sens unique est insupportable. En cas de réforme il serait primordial d’envisager d’autres modes de financement, complémentaires à ceux qui existent actuellement, pour faire face à cet enjeu de société qu’est la reconnaissance à la retraite d’une vie passée au travail.
Pour le SE-Unsa, cet effort toujours à sens unique est insupportable. En cas de réforme il serait primordial d’envisager d’autres modes de financement, complémentaires à ceux qui existent actuellement, pour faire face à cet enjeu de société qu’est la reconnaissance à la retraite d’une vie passée au travail.
Pour
le SE-Unsa, notre système par répartition, qui nous protège toutes et
tous, ne doit pas être remis en cause d’une façon ou d’une autre, en
particulier par l’instauration (même partielle) d’un système par
capitalisation.
L’hypothèse simpliste du recul de l’âge de départ
Sur
le papier, le recul de l’âge de départ peut sembler présenter un double
avantage pour équilibrer le déficit des caisses de retraite : d’un côté
augmenter la durée d’activité et donc les cotisations qui entrent dans
les caisses, et de l’autre diminuer la durée passée en retraite et donc
les dépenses. Mais cette vision théorique fait abstraction de la réalité
économique et du facteur humain, en particulier de ses capacités
physiques et de son usure (professionnelle ou non). Ce n’est pas parce
que l’espérance de vie augmente que la capacité au travail en fait de
mĂŞme.
Comme le souligne l’Unsa* en ce qui concerne les salariés du privé, décaler
l’ouverture des droits à la retraite n’engendrerait que de faibles
gains budgétaires puisque cette mesure provoquerait de facto des
dépenses supplémentaires de chômage, d’invalidité, et ne règle pas le
problème qu’un senior sur deux n’est pas en emploi au moment de liquider
sa pension.
Avant
de penser à reculer l’âge de départ, il faudrait déjà commencer par se
poser la question de l’emploi pour tous et des conditions de travail et
de santé au travail. Sans oublier le cercle vertueux qui serait induit
ainsi car qui dit emploi, dit cotisation, dit baisse du chĂ´mage, et donc
dit baisse du déficit de la Sécurité sociale (et des caisses de
retraites).
Au
final, on comprend aisément que l’hypothèse du recul de l’âge sans
prendre en compte la totalité de la problématique est avant tout
idéologique.